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Bénin : ces lois votées qui ne sont pas du tout appliquées

Encore une autre décision gouvernementale. Celle-ci concerne la mobilité des citoyens d’un même pays et aussi de la même commune. Obligation est faite à tous pour tout déménagement d’avertir les autorités. Au même  moment, plusieurs lois et décrets dorment encore dans les tiroirs sans que personne ne veuille les appliquer. Les lois sont votées pour être appliquées, dit-on. Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui, c’est que le régime de la Rupture est prolifique en vote de lois. En cinq ans, des dizaines de lois ont été votées.

Il y a celles qui concernent les libertés individuelles et collectives et celles dites ordinaires en passant par les ratifications des conventions internationales. La plupart du temps, ses lois ont été votées dans des conditions que la plupart des Béninois ignorent dans une assemblée nationale monocolore. Chaque fois, les Béninois se réveillent un matin pour se voir accrocher à leur cou, des lois dont ils ne connaissent pas souvent la teneur mais qui changent radicalement leur mode de vie. Cependant ces lois ont tout de même l’avantage d’exister. Tout au moins sur le papier. Car, dans la réalité, elles ont de la peine à être appliquées.

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Même pipe même tabac

La nuit du 02 juillet 2018, la loi portant régime juridique du bail à usage d’habitation a été votée. Le matin à leur réveil, les propriétaires de maison à louer ont été pris de panique car leur gagne pain est en jeu. Le fruit de plusieurs années de labeur et de privation vient d’être compromis. Mais après quelques mois de manque de sommeil, leurs inquiétudes ont été vite balayées. Personne n’est prêt à appliquer la loi. A ce jour, rien n’est fait pour punir les propriétaires indélicats. Ceux-ci continuent de fixer et de percevoir le montant du nombre de mois de loyer qui leur convient. Une autre loi mise dans les oubliettes est celle portant interdiction de la production, la commercialisation, la distribution et l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables. Là aussi, c’est le même constat alarmant. Un tour dans les marchés et les boutiques de Cotonou et la conclusion est toute faite. Les vendeuses de tomates, d’oignons et de piments continuent de faire leurs affaires dans des sachets non dégradables. Les voies publiques jonchées de sachets noirs issus des ventes de denrées alimentaires donnent l’indication. Seul bémol : les pharmacies. Là-bas, la loi est respectée et les produits sont emballés dans des emballages biodégradables.

L’autre loi qu’on peut citer dans le même registre est la loi Sado du nom de son initiateur. Il s’agit des cérémonies funéraires. Celle-là, il vaut mieux éviter d’en parler aux ressortissants de l’Ouémé- Plateaux si l’on veut rester de bons amis. Elle réduit de façon drastique les dépenses liées aux obsèques  à 500.000 francs, tous frais confondus. Or ce peuple raffole de ces cérémonies car elles donnent l’occasion de se goinfrer à peu de frais, mais avec une enveloppe financière en contrepartie. C’est donc avec allégresse que cette loi est violée avec le soutien implicite des forces de sécurité d’autant plus qu’elles aussi participent non seulement à la fête mais elles sont rémunérées après leurs services d’ordre

Le 16 février 2022, la loi N°2022 portant sur l’hygiène publique qui interdit de jeter les ordures et les objets en matière plastique sur les voies et verser de l’eau usées dans les caniveaux a été votée à la grande satisfaction de plusieurs personnes. Tout le monde s’attendait à ce que des contrôles soient effectués et les contrevenants appréhendés. À ce jour, le même constat est observé. L’air est irrespirable dans certains quartiers.

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A tout ces lois violées, il faut ajouter celle  qui concerne la pollution environnementale et le décret de 2017 sur les bruits et autres nuisances sonores qu’il convient de ne pas étayer ici,  pour ne pas être long. Elles ont toutes connu le même sort.  C’est dans ces conditions qu’une nouvelle loi intervient pour demander à toute personne quittant un domicile principal pour un autre, d’informer les autorités des deux localités. A ce jour, les sanctions pour recadrer les récalcitrants ne sont pas connues. Voilà une autre décision qui risque d’être quotidiennement violée sans que personne ne trouve à redire . Alors, se pose cette question : à quoi sert de voter des lois que l’on sait pertinemment qu’on ne peut pas appliquer ?

2 réponses

  1. Avatar de Observateur
    Observateur

    Quand vous critiquez pas bin vous n’êtes jamais à l’aise !
    Le problème date pas d’aujourd’hui

  2. Avatar de Agadjavidjidji
    Agadjavidjidji

    Bon point! Cela pose tout simplement le problème de la pertinence de ces textes. Personnellement, je ne suis pas certain qu’il soit du domaine d’un Etat d’aller fixer les prix que doivent débourser les citoyens pour enterrer leurs morts.

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