International

Sarkozy en tournée éclair en Afrique
Le président Nicolas Sarkozy entame ce jeudi une tournée éclair en Afrique. Au programme : la République démocratique du Congo (RDC), le Congo-Brazzaville et le Niger. Objectif : lancer les bases d'un nouveau «modèle de relations» franco-africaines, débarrassé des outrances de la «Françafrique».
Beaucoup estiment qu'il lui sera difficile de convaincre qu'une «page a été tournée».

A Kinshasa, Nicolas Sarkozy veut apporter sa pierre au règlement du conflit qui ravage l'est du pays. Il devrait soutenir le président Joseph Kabila qui, selon l'Elysée, a «pris des risques» pour trouver une issue aux hostilités avec le Rwanda et mettre fin aux violences dans la province congolaise orientale du Kivu. Il devrait l'encouragera à ne pas s'arrêter là. En suggérant un «partage des richesses» entre la RDC et le Rwanda en janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait suscité un tollé à Kinshasa, qui y avait vu une tentative d'amputer son territoire. Le chef de l'Etat français devrait aussi tenter de dissiper le malentendu.

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«Cette visite est un signal politique fort et bienvenu que la France envoie aux populations congolaises en détresse», estime Luc Lamprière, directeur de l'ONG Oxfam France-Agir ici, soulignant qu'après un regain d'intérêt il y a quelques mois, la RDC «n'est plus aujourd'hui à la une des médias ou des priorités diplomatiques» alors que «la situation sur le terrain est toujours aussi critique» dans l'est du pays avec la poursuite de pillages et de viols et des dizaines de milliers de déplacés au Nord-Kivu. «Espérons que Nicolas Sarkozy saura témoigner de l'urgence de cette crise humanitaire auprès de ses partenaires du G20 la semaine prochaine à Londres», poursuit-il.

Visite attendue au Congo-Brazzaville
La deuxième étape, sur l'autre rive du Congo, s'annonce aussi délicate. A quelques mois d'une élection présidentielle, la France veut absolument éviter que cette «visite d'amitié» passe pour un soutien déguisé au maître du Congo Denis Sassou Nguesso. Après les contestations qui ont entaché les derniers scrutins congolais, M. Sarkozy rappellera à ses hôtes «l'importance d'une élection honorable», rencontrera les adversaires politiques du régime et devrait y insister, devant le Parlement, sur la bonne gouvernance. 

Nicolas Sarkozy mettra vendredi le cap sur le Niger. Un déplacement de quelques heures où il sera question de démocratie, à quelques mois de la fin prévue du dernier mandat du président Mamadou Tandja, mais surtout d'uranium. Le numéro un mondial du nucléaire Areva vient de signer un contrat pour exploiter la mine géante d'Imouraren (nord). Pour casser l'image d'une France «prédatrice», le chef de l'Etat participera, avec la PDG du groupe français Anne Lauvergeon, à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). «L'idée est de montrer que, si la France a des intérêts économiques au Niger, ils bénéficient le plus possible au développement du pays et de sa population», proclame l'Elysée. La rupture, encore. 

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Des ONG dénoncent une «Françafrique décomplexée»

Plusieurs ONG ont pourtant dénoncé mercredi une «Françafrique décomplexée» très éloignée des discours présidentiels sur une «rupture» avec les pratiques du passé. Fabrice Tarrit, secrétaire national de l'association Survie, s'est inquiété de voir «les intérêts économiques de grandes entreprises françaises primer sur les questions de démocratie et de droits de l'Homme dans le cadre de ce que l'on peut appeler une Françafrique décomplexée».

Les 12 ONG de la plateforme citoyenne France-Afrique souhaitent par ailleurs que la défense des droits de l'Homme, la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance et le soutien à la société civile constituent les axes principaux de la politique française sur le continent. Elles demandent par ailleurs un contrôle parlementaire de la politique française en Afrique et regrettent que les modalités de la réforme de la coopération militaire «restent floues».
leparisien.fr

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