Rien à voir avec les effets du changement climatique : il est annoncé, notamment sur la zone Afrique sub-saharienne, une forte pluie de…dollars.
Exactement 57 milliards, sur trois ans ! L’annonce a été faite par la Banque mondiale (BM) dimanche dernier. Une somme colossale qui devrait permettre de doper les investissements dans les secteurs prioritaires clairement identifiés : éducation, agriculture, services de santé de base, traitement et propreté de l’eau, climat des affaires, réformes institutionnelles et infrastructures.
Une annonce qui devrait faire sauter de joie les plus pauvres, pourtant c’est l’attitude de réserve qui est de mise, tant les dirigeants de nombreux pays africains ont de tout temps su faire la preuve de leur efficacité quand il s’agit de détourner l’aide au développement à leur propre compte, pour le compte de leurs poches et de leurs proches.
Enfin une enveloppe conséquente de la Banque mondiale pour l’Afrique
57 milliards à mobiliser sur trois ans, c’est une énorme bouffée d’oxygène, une belle cagnotte. « Cela représente une occasion unique de modifier la trajectoire du développement en Afrique sub-saharienne », selon le président de la BM Yong Kim.
Pour précision, l’AID (Agence Internationale de Développement), cette filiale de la banque mondiale spécialisée dans les dons et crédits à taux zéro aux pays pauvres, contribuera à elle seule à hauteur de 45 milliards de dollars dans la mobilisation de cette cagnotte. Cet argent va notamment servir à financer près de 448 projets déjà en cours en Afrique sub-saharienne. De quoi faire pavoiser ceux qui sont éligibles et vraiment dans le besoin. Pourtant, bémol…
Les réseaux de détournement de l’aide au développement déjà aux aguets ?
L’opinion publique africaine accueille cette très bonne nouvelle avec beaucoup de réserve. Et pour cause… La plupart des sociétés qui engloutissent l’essentiel de ce genre de fonds, dans le secteur des infrastructures notamment, appartiennent aux députés, aux proches des ministres et autres gouvernants, de sorte que la crainte d’un nouveau gouffre financier est largement partagée.
De même qu’il existe des services après-vente, l’une des conditions pour que cette manne financière serve réellement à impulser le développement serait de penser des systèmes de service après-don ou service après-crédit, un suivi réel et efficace pour s’assurer que les sommes qui seront mises à disposition serviront exactement à satisfaire les exigences pour lesquelles elles ont été décaissées.
Autrement, cette pluie annoncée de milliards servira essentiellement à rendre encore plus fertile les vastes et étendus réseaux de détournement de l’aide au développement sur le continent.
Laisser un commentaire