Expulsion de Kemi Seba : Hery Djehuty dénonce des violations du droit et fait des annonces

Que va devenir la lutte menée par l’ONG Urgences Panafricanistes après l’arrestation de Kemi Seba? La question est sur toute les lèvres des militants mais aussi de ceux qui sont contre le combat mené par ce dernier.

Nous nous sommes rapprochés de Hery Djehuty, bras droit de Kemi Seba pour parler de son expulsion du Sénégal, mais aussi de la suite qu’ils comptent donner à leur combat. Interview exclusive de LNT.

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LNT : Hery Djehuty Bonjour, Nous avons appris que votre leader, Kemi Seba a été arrêté une nouvelle fois et a été expulsé vers la France, Que s’est-il réellement passé?

Kemi Seba, président de l’ONG Urgences panafricanistes a été arrêté une nouvelle fois à son domicile aux alentours de 13h hier. Les policiers l’ont conduit au commissariat des ressortissants étrangers du côté du quartier de Dieupeule. Une fois sur les lieux, il a été interrogé, on lui a notifié ses droits. On lui a expliqué la procédure d’expulsion qui était en cours. La procédure d’expulsion a été signée par le ministre de l’intérieur. Il a été emmené à l’aéroport de Dakar et a été expulsé en fin de soirée vers la France, par un vol de Corsair qui devrait arriver à Roissy Charles de Gaulle vers 7h15.

Théoriquement étant de nationalité béninoise, Kemi Seba a bien le droit de vivre dans l’espace CEDEAO, mais l’accusation de trouble à l’ordre public justifie t-elle selon vous son expulsion?

Le fait qu’il soit béninois ne constitue pas un motif valable aux yeux des autorités sénégalaises pour ne pas l’expulser. Ce qui est invoqué, c’est le trouble à l’ordre public, les injures à l’endroit de certains chefs d’Etats africains et la future mobilisation du 16 septembre. Comme quoi cette mobilisation serait à même de mettre de l’huile sur le feu et de nuire à l’ordre public. Bien entendu tout cela est entièrement faux. On pensait que le Sénégal était une démocratie. Dans une démocratie on a le droit d’exprimer des désaccords avec le président de la République. Kemi Seba est un activiste panafricaniste qui défend une position anti-FCFA. Macky Sall est un président soumis à la France qui défend une autre vision économique et qui considère que le FCFA est une bonne monnaie. Est-ce pour autant un motif valable pour expulser Kemi Seba du territoire sénégalais? Je trouve cela pour le moins curieux. On a le droit de débattre, le droit d’échanger. Dans une démocratie en bonne santé, ce serait le peuple qui tranche. Je tiens également à préciser que Kemi Seba n’a jamais appelé à la violence quand il brûle un billet. D’ailleurs il a été relaxé par la justice sénégalaise. Il n’y a aucune volonté de nuire à l’ordre public.

Allez-vous introduire un recours contre l’Etat sénégalais?

Le recours a été fait par les avocats qui ont dépêché des huissiers qui se sont rendus au commissariat de Dieupeule. Ils n’ont pas été accueillis. Ecoutez-moi bien! Le commissaire s’est barricadé dans son bureau et a refusé de recevoir les huissiers. Le secrétaire qui était présent a également refusé de prendre en compte le document apporté par ceux-ci. Un huissier s’est déplacé à l’aéroport et on lui a une nouvelle fois opposé une fin de non recevoir. Voilà comment se comporte la justice de Macky Sall! Ce qui vient de se passer est extrêmement grave. Il y a eu énormément de violations du droit. Quand on procède à une expulsion, on doit normalement aviser la personne, il y a un délai et toute une série de procédures qui n’ont pas été remplies. Nos avocats poursuivront demain le combat. Ce qui s’est passé hier est extrêmement grave et la justice sénégalaise devra rendre compte à l’histoire et devant l’Afrique.

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Si Kemi Seba n’a plus le droit de revenir au Sénégal, à partir de quel pays votre lutte se poursuivra t-elle? La France, ou peut-être le second pays de Kemi Seba, le Bénin?

Le Combat continuera! On a commencé le combat il y a un peu moins d’une vingtaine d’années en France, on a poursuivi sur le continent africain. Si les gens pensent que notre expulsion va définitivement nous arrêter, nous convaincre à devenir casanier, ils se mettent un gros doigt, toute la main, dans l’oeil. Bien entendu nous reviendrons sur le continent africain. Le continent africain c’est notre terre. Nous ne reconnaissons pas toutes ces frontières imposées depuis le congrès de Berlin. Chaque pays africain est notre terre, celle des afro-descendants. Dans un autre pays, si le Sénégal de Macky Sall refuse de nous accueillir. Macky Sall sera de passage, il sera fortement contesté aux prochaines élections. Kemi Seba annoncera la suite de l’orientation de son combat. Retenez bien que nous continuerons le combat; que nous maintenons la mobilisation du 16 septembre qui sera le signal le plus fort envoyé à l’endroit de la France et de tous ceux qui prônent l’asservissement de l’Afrique. Une nouvelle génération va terminer le travail commencé par les anciens pour la souveraineté de l’Afrique. Et on y arrivera plus tôt que prévu! Je vous remercie.

Hery Djehuty, merci!

Une réponse

  1. Avatar de Jean-Pierre DEGUE
    Jean-Pierre DEGUE

    Comme ce fut le cas pour les panafricanistes N’Krumah, Lumumba, etc, l’ennemi de l’Afrique, ce sont les Africains. Sinon comment comprendre que le Sénégal puisse expulser de la terre africaine un noir vers la France. Il pouvait mieux faire au moins de l’envoyer dans son pays d’origine le Bénin. Même si nous ne partageons pas toujours la posture de #Kemi_Seba, peut-on imaginer l’Allemagne ou la France, etc., expulser vers un pays africain, un blanc parce qu’il aurait la nationalité d’un pays africain ? Lisez un peu « Une vie de boy » de Ferdinand Oyono. C’est honteux pour le pays de Senghor!!! Avec des politiques téléguidés comme ceux que nous avons, nous serons toujours « Les damnés de la terre » (Cf. Frantz Fanon).

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