Bénin : L’investigation journalistique, la décentralisation et le rôle des médias au menu d’un colloque

C’est sur l’initiative de l’Upmb, d’Elan Média, avec le soutien de la fondation Friedrich Ebert, qu’un colloque a été organisé hier jeudi 3 mai 2018, dans le cadre des manifestations de la journée mondiale de la liberté de la presse. Les professionnels des médias arrivés nombreux à ce colloque, ont échangé avec les communicateurs sur les questions liées à la pratique de l’investigation journalistique, le rôle des médias dans la gouvernance publique et la question de la gouvernance locale sous la rupture. C’était un moment de partage de savoir et d’expérience.

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Le premier thème qui portait sur l’investigation journalistique, a été exposé par Fernand Nouwligbèto, enseignant de journalisme. Celui-ci a défini l’investigation journalistique comme : « une production journalistique qui vise à faire comprendre honnêtement au public, une réalité sur la base des preuves fiables et d’informations provenant de sources multiples et contradictoires ». Il s’agit en d’autres termes d’accomplir trois actions : faire comprendre au public une réalité, s’appuyer sur des preuves fiables et recourir aux sources multiples et contradictoires. Il a expliqué à l’assistance que l’investigation journalistique doit viser un intérêt et un enjeu. Cependant, l’investigation journalistique appelle aux moyens, de la préparation, des recherches et des contacts.

Le communicateur fait remarquer par ailleurs que la pratique de l’investigation journalistique se heurte au problème de l’accès aux sources de l’information. Bien que garantie par le nouveau code de l’information et de la communication de 2015, la pratique reste celle de la difficulté à accéder aux sources d’informations malgré les démarches prévues en la matière. Malgré ces écueils, Fernand Nouwligbèto suggère de faire face aux défis des moyens et investissements en termes de temps et de recherche, pour mener des investigations qui confèrent à l’auteur considération et admiration.

Gérard Gbèdégbé qui a exposé sur le rôle des médias dans la gouvernance, martèle que la place des médias est centrale dans l’éducation des masses. Il a démontré que les populations accordent une confiance mécanique aux informations diffusées par les médias. C’est pour cela qu’il appelle les professionnels des médias à prendre conscience du rôle qui est le leur. Il trouve par ailleurs que la coexistence des médias dits de la mouvance, en face des médias dits de l’opposition, ne devrait pas causer un problème en que tel.

Il considère que ce qu’il y a de plus important, c’est la crédibilité des faits qui sont présentés. Il affirme que si les médias qui soutiennent que tout va bien s’appuient sur des faits crédibles, c’est cela qui compte. De même, si ceux qui démontrent que rien ne va s’appuient sur des faits patents, pardi. Pour Gérard Gbèdégbé, ce qu’il faut souhaiter en système démocratique, c’est que l’opinion et les dirigeants acceptent la coexistence de ceux qui applaudissent le gouvernement en face de ceux qui le dénoncent.

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Franck Kinninvo quant à lui, a posé un regard sur les deux ans de la gouvernance locale sous la rupture. Son constat est que le pouvoir de la rupture n’était visiblement pas porté à asseoir la décentralisation. Pour preuve, il cite les textes du Pag qui n’accordent aucune phrase à la décentralisation. Il a aussi relevé les rapports difficiles observés entre le gouvernement et les exécutifs communaux, le cas de la commune de Cotonou. Il a salué tout de même la désignation des chefs-lieux de régions en juillet 2016, et une certaine ouverture progressive de l’exécutif vers la décentralisation, à travers son désir de faire toiletter les textes.

Franck Kinninvo trouve que le gouvernement de la rupture a commencé à se rattraper, vu le faible engouement qu’il manifestait au début sur la décentralisation. Des échanges houleux ont suivi ces exposés au cours desquels les participants ont apporté des contributions, ou quelques fois relancé le débat. Une conférence qui a connu la présence du président de l’Upmb et du Cnpa, qui ont prononcé des discours avant le propos de lancement du colloque prononcé par le directeur de cabinet du ministère de l’économie numérique et de la communication

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