Special dossier du coup d’état du 26 octobre et l’affaire Kovac’s


Karim da Silva, le nouveau Grand chancelier de lordre national du Bénin.Au cœur depuis quelques jours de grandes controverses suite à l’annonce de sa nomination au poste de Grand chancelier de l’Ordre national, Karim da Silva est cependant un témoin de l’histoire politique du Bénin. En témoigne cet entretien que nous vous proposons en nouvelle publication.

Cette interview de M. da Silva à votre journal « La Nouvelle Tribune » dans sa livraison N°814 du vendredi 20 mai 2005 est intervenue à la veille des élections présidentielles de mars 2006 qui devraient consacrer le départ de son grand camarade et confident, le Général Mathieu Kérékou et l’accession à la magistrature suprême d’un nouvel homme, Boni Yayi, qui aujourd’hui le valorise. Mais cette valorisation, en effet, moins qu’un remerciement comme tentent de l’insinuer certains contestataires, vient plutôt achever une œuvre de reconnaissance des mérites d’un citoyen qui a été de tous les combats…

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M. Karim da Silva! Vous êtes aujourd’hui consul du Brésil près le Bénin et l’un des sages de la ville de Porto- Novo. Vous avez été, pour ainsi dire, un self made man. Vous avez été un homme d’affaires prospère, vous avez fait de la politique et vous avez même été candidat aux élections présidentielles de 1968, élections annulées par la junte militaire au pouvoir alors. Aujourd’hui, retiré de la vie politique active, vous avez construit un musée qui porte votre nom, vous ne continuez pas moins de faire de la politique, puisque vous êtes membre du conseil des sages de Porto-Novo pour lequel vous avez érigé un siège et vous passez pour l’un des conseillers spéciaux du chef de l’Etat. Avec vous, nous allons faire un tour d’horizon de la situation socio-politique nationale, qui sera un voyage du passé au présent.     

Question : M Karim da Silva, vous suivez attentivement la vie politique nationale. Récemment, le colonel Janvier Assogba, un des acteurs du coup d’Etat du 26 Octobre 1972, est intervenu sur une chaîne de télévision et a dit sa part de vérité sur tout ce qui s’est passé dans la période. Vous qui avez vécu ces évènements, dites-nous brièvement votre part de vérité. Pensez-vous, comme l’affirme Janvier Assogba, que Kérékou a été simplement porté au pouvoir par les capitaines et qu’il n’a pris aucune part au coup de force ? Janvier Assogba revendique la paternité du coup d’Etat… Il affirme également que le colonel Azonhiho n’est pas parmi les acteurs de cette opération… Qu’en pensez-vous ? Quelle est globalement votre appréciation des propos tenus par le Colonel Assogba?
Janvier Assogba, dans sa confession sur le coup d’état du 26 octobre 1972, n’a dit seulement que sa part de vérité. Janvier Assogba était-il de mauvaise foi ou est-ce par respect pour l’actuel chef de l’état qu’il a voulu que certaines vérités soient gardées sous le boisseau.
Maintenant, sur le deuxième volet de votre question, j’apporte là un démenti catégorique ! Tant en ce qui concerne sa paternité du coup d’état que la non implication du colonel Azonhiho.
Tout d’abord pour ce qui est du coup, il y a plusieurs composantes : le groupe de Ouidah et celui de Porto-Novo. Le colonel Assogba est un militaire, le colonel Azonhiho est un gendarme. C’est le général Barthélémy Ohouens qui m’a parlé d’un jeune gendarme, Azonhiho qui serait en service à Parakou. Il fallait trouver un véhicule pour hâter son départ sur Porto-Novo où, il devrait être affecté. Azonhiho serait la courroie de transmission orale entre Ohouens et moi. Vous voyez donc qu’il était bel et bien informé du coup d’état. Cela, Janvier Assogba ne le savait peut-être pas. En tous cas, je suis surpris de sa réaction. Je ne veux pas rentrer dans les méandres de ce qui l’a opposé à ces autres compagnons d’armes. Mais je savais beaucoup de lui et de Michel Aïkpé, bien que Assogba et moi ne nous soyons jamais rencontrés et, son cas m’avait beaucoup apitoyé. Toujours est-il qu’à l’entendre dire, il semble qu’il ignorait tout de la mission que Aïkpé accomplissait de mon côté et qu’il me fréquentait. Qui est venu me prévenir que le coup aurait lieu demain c’est-à-dire jeudi 26 octobre 1972 ? Qui, la veille du coup est venu me demander de trouver un alibi pour prolonger le conseil des ministres afin que le coup dont il revendique la paternité puisse réussir ? C’était Michel Aïkpé ! Et, pourquoi, la veille, ai-je rédigé une lettre ouverte et subversive, adressée au ministre de l’intérieur et distribuée le 26 octobre 1972 tôt le matin, si je n’étais pas aux premières loges ?

Pourtant le colonel Assogba affirme que c’est le jour même qu’ils ont pris la décision de faire le coup. Qu’en est-il ?
J’ai dit précédemment qu’il y avait plusieurs composantes chacune d’elles devait jouer sa partition. En dehors d’Aïkpé qui était allé me prévenir la veille, j’ai, au cours des préparatifs, appris que les conducteurs de char Akpo et Barra de Ouidah étaient également impliqués. C’est une information que je ne tiens pas de Kérékou mais, d’un autre membre du groupe. Je peux donner pêle- mêle au colonel Assogba de nombreuses informations et petits détails importants sur « son coup » qui pourraient le surprendre. S’il n’a pas parlé du groupe de Porto-Novo, c’est qu’il ne maîtrise pas toutes les composantes du coup d’état. Je constate à partir de ses propos que ses informations sont limitées. Où a-t-il mis Ohouens, Azonhiho et les deux postiers ? Quand on lui a demandé de révéler qui a rédigé la proclamation, il est resté évasif dans sa réponse. Mais c’est quand même quelqu’un qui a rédigé cette proclamation ! Non ?

Peut-on savoir qui, Monsieur da Silva ?
Le groupe de Porto-Novo. Le groupe de Porto-Novo devait remettre à qui de droit deux copies de la proclamation, en l’occurrence, le colonel Alley par les soins du douanier Agbo Alexis. C’est à sa lecture sur les ondes, que nous avons constaté que le texte initial avait été remanié. Il y avait le fond mais pas la forme.

Monsieur da Silva, vous n’êtes pas militaire. Qu’est ce qui explique donc votre implication dans cette opération militaire ?
Très bien, je vais vous répondre :
La fin de l’année 1969 aurait pu être catastrophique pour ce pays et je m’étonne que personne n’en parle. On a parlé et vomi sur le P.R.P.B.. Mais en matière d’horreur il y a eu pire. Je veux parler du tribunal d’exception créé par Emile Derlin Zinsou et dont le mode de fonctionnement annoncé à la radio dans les premiers jours de décembre 1969, était le suivant : « toute personne pouvait être arrêtée, sur simple dénonciation, voir ses biens confisqués, être jugée, condamnée à mort et exécutée le même jour par ce tribunal domestique dont la procédure arbitraire était expéditive ! » Aucun respect pour la dignité humaine !
C’est cela, le vrai visage de Emile Derlin Zinsou. Ce qu’il faut savoir, c’est que comme dit l’autre, Emile Derlin Zinsou a fait très tôt de la délinquance domaniale son credo. L’homme fortuné et avec les biens que j’avais, était forcément pour lui quelqu’un à abattre. Et, il était impatient. Faux en écriture aux domaines, fort de sa position de chef d’état, pressions inadmissibles et incroyables sur les magistrats, toujours parce qu’il était le président de la république et enfin pour finir son vrai visage hideux de l’homme tout puissant qui à cause de son pouvoir, décréta d’humeur qu’il avait créé un tribunal d’exception qui ne serait pas forcément composé de magistrats, et vers lequel on conduirait les personnes arrêtées sur simple dénonciation pour qu’elles y soient jugées, tuées le même jour et leurs biens saisis.

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Janvier Assogba se souvient-il de ce tribunal d’exception pour se faire une idée de l’homme avec lequel il avait à faire ? Après s’être servi de lui, que lui aurait fait le docteur Zinsou tôt ou tard ?
En raison de l’acuité de notre différend sur le titre foncier 220, j’avais compris que le docteur Zinsou, président de la république, avait mis en place ce tribunal d’exception, dans le but unique de ma liquidation physique pour finalement s’accaparer de mes terrains objets de litiges entre lui et moi et disposer de mon imprimerie l’ex-GIB. Kouandété à qui j’ai recouru m’a aidé à enlever ce caillou gênant de ma chaussure, si bien que 48 heures après l’annonce de la création de son tribunal d’exception, l’affreux fut définitivement mis hors d’état de nuire et je n’ai pas manqué de lui faire savoir que tant que je vivrai, il ne sera plus jamais président de la république.
Revenons maintenant à Kouandété. Dans l’affaire des conjurés du 23 février 1972, il avait été arrêté et sa vie manifestement était menacée. Je devais à l’honnêteté, l’amitié et la reconnaissance de lui renvoyer l’ascenseur, par loyauté, puisque j’en avais les moyens et le courage.
D’autre part, le régime du conseil présidentiel était pourri et malfaisant. Un ministre du gouvernement de l’époque était devenu l’obligé d’un fournisseur de l’état.
Ce régime du conseil présidentiel, avait ceci de caractéristique, c’est qu’ils s’étaient retrouvés à trois pour faire du mal. L’Ugeed ( l’Union générale des élèves et étudiants dahoméens) conduit par Fidèle Quenum avait commandé à mon imprimerie des affiches en vue d’une manifestation. Si l’Etat ne voulait pas de la manifestation, il lui suffisait de l’interdire, non de fermer l’imprimerie qui les réalisait dans le cadre de son commerce. C’est pourtant ce que fit le conseil présidentiel, dont le président en exercice, avait même demandé en prime, d’arrêter le directeur de ladite imprimerie, pensant mettre la main sur moi.
Or, à cette époque, mes activités professionnelles se diversifiaient, j’avais laissé le poste de Directeur de l’imprimerie à mon collaborateur, Antoine Akinotcho. Si bien qu’à leur arrivée sur les lieux, les policiers ont embarqué le directeur Akinotcho après avoir fermé l’imprimerie pour un mois. Je précise qu’arbitrairement, Akinotcho fit également de la prison pendant un mois.
Il faut ajouter à tout ceci que, le docteur Emile Derlin Zinsou, via Janvier Assogba et par l’intermédiaire de son frère le Professeur René Zinsou ne cherchait qu’à reconquérir le pouvoir et s’enrichir. S’il y parvenait, ma vie était à nouveau menacée celle de Kouandeté, Kitoyi Romuald et consorts l’étaient aussi.
Dès que j’ai été informé que Emile Derlin Zinsou rôdait autour de Janvier Assogba pour fomenter un coup, je me suis mis en action pour l’ en empêcher car, connaissant l’oiseau, je savais que, tout civil qu’il était, Emile Derlin Zinsou aurait berné Janvier Assogba et pour le coiffer ensuite au poteau ! C’était donc pour moi une question de vie ou de mort ! S’il réussissait, son premier réflexe aurait été de nous liquider, Kouandété et moi.
Il me fallait donc contrôler de près ce coup d’état comme le lait sur le feu, ce que je fis ! M’en excuserais- je ?

Monsieur da Silva, au coup d’état du 26 octobre 1972, est mêlée une affaire dite Kovac’s. Qu’en est-il exactement ? D’autant que le colonel Janvier Assogba a longuement évoqué cette affaire et porté des accusations graves sur la personne du chef de l’état, corroborant ainsi les affirmations contenues dans le livre de Janvier Yahouédéhou. Vous qui connaissez l’homme, pensez-vous qu’il est coupable ?
Dans la phase de préparation du coup d’état, l’information du financement, à titre d’aide, par un européen, nous était parvenue au groupe de Porto-Novo. Ma réaction fût un non et non catégorique. J’avais dit à haute voix en expliquant mon refus, que cela ne pouvait être qu’un déguisement ou une manœuvre du docteur Zinsou, pour récupérer l’opération en cours afin de lui permettre le moment venu de revendiquer un poste. Je disais aux amis que cet homme n’avait honte de rien et n’avait aucun amour propre. Il pouvait accepter n’importe quel poste dans le futur gouvernement, afin de bien l’investir pour fomenter un autre coup et atteindre son éternel objectif.
Tout le monde était d’accord avec moi, sauf le Général de gendarmerie Ohouens, chef d’escadron à l’époque qui avait ses raisons et a fini par nous convaincre de prendre tout simplement les dispositions nécessaires pour éviter un éventuel contre coup, après la réussite de celui que nous préparions. Il préconisait de contacter un certain nombre d’officiers et d’en faire surveiller d’autres le jour et surtout la nuit.
Pour finir avec ce registre, je rapporte que nous avons convenu s’agissant de cet argent étranger, de laisser ce volet aux militaires et gendarmes, ce qui nous permettait de limiter le montant déjà faramineux de notre participation financière.

Mais, permettez -nous d’insister, le colonel Assogba affirme que Kérékou est mouillé dans cette affaire Kovac’s…
Savez – vous ce que c’est qu’être auteur acteur ou, complice d’un coup d’état ? Que savez- vous de ce qui se passe dans la tête de personnes qui vont faire un coup d’état ? Quand vous préparez un coup d’état et que quelqu’un vous donne de l’argent provenant du diable, on ne le refuse pas, c’est le prix de la mort. Un enfant de chœur avec des états d’âme ne fait pas de coup d’état ! le coup peut être avorté dans sa phase préparatoire pour cause de trahison, de négligence ou d’imprudence. Il peut échouer dans sa phase exécutoire. Celui qui veut faire un coup d’état est un candidat à la mort. S’il ne meurt pas c’est la volonté de Dieu, car il peut même mourir au cours de l’opération ou, celle – ci peut réussir et qu’il soit doublé puis liquidé. Le risque de mort est permanent du début jusqu’à la fin. Alors l’argent dans ce cas et d’où qu’il vienne est toujours le bienvenu.
En toute logique, Si Kérékou a pris de l’argent parce qu’il était corrompu, il chercherait à honorer sa signature vis-à-vis de Kovac’s et ferait des pieds et des mains pour que l’état paye ce dernier. Or, c’est bien lui Kérékou, me semble-t-il, d’après les propos de Janvier Assogba, qui est intervenu pour interdire à ce dernier, ministre des finances, de continuer à payer Kovac’s son prétendu corrupteur et protégé. A mon humble avis, Kérékou avait la conscience tranquille.

S’il n’est pas coupable pourquoi, pourquoi ne réagit-il pas ?
C’est un homme qui a beaucoup de qualités et un certain sens des responsabilités. Voulez-vous qu’il embrase le pays et en rajoute à la cohue actuelle ? Non, ce n’est pas son genre et je ne crois pas qu’il accepterait, seulement, parce qu’il est accusé, de nous faire courir ce genre de risque irréfléchi.

A travers ses propos, il semble, bien que membre important du coup, le colonel Assogba n’ait eu que des surprises dans cette affaire ; par exemple c’est à Paris qu’il aurait reçu le dossier Kovac’s…
En fait, beaucoup de choses ont échappé au colonel Assogba. Pourquoi un certain Zinsou lui aurait remis ce dossier à Paris ? C’était pour le manipuler tout simplement. Le fond du problème ici, c’est la fin qui justifie les moyens. Emile Derlin Zinsou ambitionnait de reprendre le pouvoir et Kérékou avait promis de le lui remettre. Seulement Zinsou était tellement pressé qu’il en est devenu aveuglé au point de ne pas voir que la réalité du pouvoir n’était pas entre les mains de Kérékou qui était sincère.
Le pouvoir réel était exercé par le tout puissant ministre de l’Intérieur, Michel Aïkpé. Il trahit donc Kérékou pour se venger et utiliser les ressentiments suscités chez Assogba, dans le but de se voir remettre le pouvoir par ce dernier, pensant qu’avec le dossier, il aurait réussi à humilier Kérékou et le contraindre à démissionner. L’intéressé voulait utiliser Assogba, en cheval de troie. Il était trop pressé pour voir et comprendre, il a trahi croyant qu’il était trahi et dans le seul but de reprendre le pouvoir.
Le paradoxe dans cette affaire, c’est qu’un certain Zinsou aurait remis à Janvier Assogba à Paris, le dossier Kovac’s parce qu’il aurait cru que Kérékou l’a trahi ! Mais je le répète, Kérékou promettait de remettre le pouvoir à Emile Derlin Zinsou. Qu’on se rappelle son discours d’un 1er mai en présence du président Mobutu du Zaïre, de la déclaration en faveur de la réhabilitation de Zinsou.D’autre part, à cette époque, déjà, le conflit était latent entre Kérékou et Aïkpé. Je vais ici, illustrer ce propos, par une méprise mémorable : l’affaire Paul Darboux.
Kérékou et Paul Darboux étaient très liés. Si liés, que Kérékou n’avait pas trouvé mieux que Darboux pour aller en mission secrète pour lui chez Eyadéma. Aïkpé n’était pas au courant mais, les services de police qu’il dirigeait, lui ont signalé ce déplacement. Il le fait filer et surveiller. Au retour de Paul Darboux, Aïkpé fait arrêter ce dernier pour avoir, sans autorisation, survolé l’espace aérien par hélicoptère et atterri pompeusement à Djougou. Il le dépose en prison. Kérékou ne dit rien, il ne pouvait rien dire, c’est Aïkpé qui exerçait la réalité du pouvoir. Darboux, las, craque et …Il parle ! Déception de Kérékou : Darboux n’aurait jamais dû révéler quoi que ce soit ! Brouille entre Kérékou et Darboux qui part en exil.
L’intéressé devait savoir, il ne pouvait se tromper à ce point pour soulever Assogba contre Kérékou, car je le répète, c’est Aïkpé qui exerçait la réalité du pouvoir.
Voyez-vous comment celui-là porte la responsabilité de toutes ces pages noires de notre histoire…

Quels étaient les membres du groupe de Porto-Novo ?
Il y avait, principalement, comme le montre, partiellement, cette photo prise au cours d’une de nos entrevues, le colonel Alley, le général Ohouens, le général Kérékou, l’ambassadeur de Guinée Conakry Lassana Kourouma, deux postiers MM André Ahonlonsou et Septime Missinhoun, Alexis Agbo, notre ambassadrice et moi-même. Il faut ajouter trois autres relations dont la mission était, uniquement, de convaincre, séparément, chacun des trois présidents du conseil présidentiel, de ne pas s’inquiéter du coup qui se préparait en leur servant à chacun, l’argument, que le but était d’écarter les deux autres pour lui remettre le pouvoir.

Pour revenir à Janvier Assogba, comment d’autres et lui, alors détenus, ont – ils échappé à l’élimination physique, à la mort ?

Le colonel Janvier Assogba et ses co-accusés doivent rendre grâce à Dieu et remercier ceux qui dans l’ombre ont joué un grand rôle pour que leurs exécutions capitales soient évitées et qu’ils échappent ainsi à la mort. Le Nigéria a joué un grand rôle pour éviter cette sale histoire et il a fallu des béninois sains d’esprit pour amener ce pays à intervenir. Jamais nous n’avons souhaité un règlement de comptes par la mort. Notre sort, bien qu’individuel est solidaire de celui des autres. Responsables nous le sommes et, solidairement, nous pouvons et devons, chacun à sa place, sur l’histoire de demain, agir au présent. Pour cela il nous faut tirer leçon des faits d’hier et d’aujourd’hui…

Mr da Silva, s’il vous restait encore quelque chose à dire à quoi globalement attribueriez vous toutes ces péripéties malheureuses de notre histoire nationale
Ne me demandez pas à quoi, mais à qui…

Eh bien ! Alors à qui ?
Celui-là qui, pour des ambitions personnelles et égoïstes, a ruiné tous les espoirs de ce pays et nous a conduit là où nous sommes !

Et pourquoi ?
A cause de sa soif aveuglée et insatiable du pouvoir et de l’argent que rien au demeurant ne justifie parce qu’il n’est pas le seul enfant de ce pays et ne dispose d’aucun droit divin à nous gouverner et s’accaparer nos biens. Voyez-vous, il a pris en otage ce pays, depuis son entrée au gouvernement du général Soglo qui croyait bien faire en l’intégrant dans son équipe et cela a entraîné de lourdes conséquences qui perdurent depuis lors ! Dites-nous comment…
Emile Derlin Zinsou avait réussi à séduire et manipuler les cadres de l’administration civile et militaire de ce pays. Il était alors membre du gouvernement Soglo en qualité de ministre des affaires étrangères.
Un Docteur en médecine qui n’exerçait pas, c’était plutôt étrange inquiétant et suffisant pour éveiller les esprits mais personne n’y prit garde. Il était au contraire adulé : tonton lolo par-ci, tonton lolo par-là… En effet, dans ses relations avec les gens, il tenait à se montrer touchant, gentil bref le truc de métier d’un loup sous une peau douce d’agneau à peine naissant : il n’y avait donc pas de quoi fouetter un chat !
Mais très tôt, et révélant sa nature il montra les crocs en amenant les jeunes cadres de l’armée dahoméenne à faire un coup d’état au gouvernement du général Soglo dont il était pourtant un membre éminent. Il avait promis à ces cadres de l’armée qu’il serait avec eux. Le coup réussi, un os qu’il n’avait pas prévu se planta entre ses dents, rendant impossible sa digestion du succès qu’il venait d’engranger : le désaveu cinglant et public de Ignacio Pinto, à l’époque, président de la cour suprême qui condamna énergiquement cette prise du pouvoir. Flairant alors le discrédit que comportait pour lui, l’aventure d’un appui ouvert et franc à ce coup d’état, son ministre des Affaires Etrangères, son «premier Ministre» celui qui paraissait être son premier et meilleur conseiller Emile Derlin Zinsou ne put s’afficher et demeura dans l’ombre. (Le Général Christophe Soglo).
Alley dirigeait alors le pays et l’intéressé, le même reprenant les égouts souterrains du clair-obscur, s’employait à nouveau, à saper le régime dont il était pourtant l’instigateur. Il poussait les jeunes cadres de l’armée à demander au colonel Alley d’organiser au plus vite les élections et quitter le pouvoir. Il y ajouta ce qu’il y a de plus détestable dans les rapports humains : le chantage ! On leur fermera toutes les vannes, la France ne leur donnera pas un sous. Leur disait-il, en sa qualité d’ex ministre, il avait suffisamment de relations, se disait-il, pour ruiner toutes leurs chances d’obtenir des financements extérieurs. Ceux qui le savent s’en souviennent encore !
Approché par quelques-uns qui étaient des amis au sein de l’armée, je suis intervenu personnellement auprès de quelques chefs d’état, en faveur de ce gouvernement, pour lui trouver de quoi tenir. C’est ainsi que j’ai appris et compris que l’intéressé les bloquait et leur fermait les issues par lesquelles ils pouvaient trouver de l’argent.
Mieux dans sa prééminence virtuelle, il exigea que tous les anciens présidents de la république soient exclus de la course à la présidence c’est-à-dire des élections à venir et qu’il réclamait.
L’intéressé est donc, l’ancêtre de l’exclusion d’une catégorie des citoyens de ce pays dans le cadre des élections présidentielles. C’est pourquoi à la conférence nationale, lorsque les enfants d’hier devenus cadres d’aujourd’hui ont décidé de façon plus subtile l’exclusion en démocratie, procédé détestable, qui le frappait en recourant à la limitation d’âge, je me suis dit qu’une fois de plus, son passé le rattrapait et ses jérémiades m’ont plutôt fait rire au lieu de m’émouvoir ! Aujourd’hui on parle de révision constitutionnelle parce que entre autres raisons la constitution de 1990, a institué l’exclusion. Vous voyez bien que c’est à celui-là que nous devons tout ce désordre…

Oui mais vous disiez tout à l’heure que son passé le rattrapait une fois de plus : cela signifie – t – il que ce passé l’avait déjà rattrapé une première fois ?

Et comment ? Il avait pris les jeunes cadres de l’armée pour des ignares, mais c’était compter sans l’intelligence de quelques-uns. En effet, l’un des hauts cadres de ce pays, à l’époque, Arsène Kindé, ancien ministre de général Soglo mit tout le monde d’accord en proposant d’accéder à l’exigence de l’initiateur dont le but était d’amener des hommes nouveaux dans la vie politique de notre pays, en étendant la liste des exclus de l’élection présidentielle à tous les anciens ministres des gouvernements précédents. Damné, l’intéressé fut pris à son propre jeu. C’est ainsi que je fus amené avec quatre autres citoyens à me présenter aux élections présidentielles du dimanche 05 mai 1968 après que ma candidature ait été suscitée par le syndicat des commerçants et industriels du Dahomey, (SYNACID), dont j’étais le président.

Et pourquoi donc a-t- on annulé le résultat de cette élection ?
Mais, toujours à cause du docteur Emile Derlin Zinsou. Tenez-vous bien car, vous pourriez en tomber de votre chaise parce que ce que j’ai à vous apprendre, vous révèlera totalement jusqu’où peut aller la perfidie inimaginable de cet homme.
Adjou, arrivé en tête, avait été déclaré vainqueur du scrutin. Personnellement, j’étais très fatigué après tout l’effort physique que j’avais fourni pendant la campagne électorale. Je pensais à autre chose et voyais l’avenir autrement, lorsque le docteur Emile Derlin Zinsou fit irruption chez moi, en pleine nuit, après la proclamation des résultats, et ce même jour.
Il était accompagné d’un de nos aînés, l’ancien président de l’assemblée nationale Valentin Djibodé Aplogan, qui servait probablement de caution morale sans savoir ce que tramait en réalité le Dr Zinsou. Toujours est-il que le doteur Emile Derlin Zinsou était venu avec un sac de documents dont il disait être les preuves de la fraude massive qu’avaient organisé l’U.D.D. et Adjou, pour me voler ma victoire… Avec ses preuves il me proposait d’aller lire devant les jeunes cadres de l’armée, une déclaration qu’il avait, déjà, disait-il, rédigé pour moi afin d’obtenir l’annulation du scrutin, en vue d’une reprise de l’élection.
Ni une, ni deux, je me suis exécuté et l’ai suivi. C’est à la fin de la lecture de ma déclaration, (sa déclaration qu’il m’avait mise entre les mains), devant l’assemblée des jeunes cadres de l’armée présidée par Kérékou, que j’ai senti qu’il y avait quelque part anguille sous roche. L’un de ces jeunes cadres de l’armée demanda de lui remettre les preuves dont on leur aurait certainement parlées ! Le docteur Zinsou avait déjà vu un certain nombre des jeunes cadres militaires avant d’aller me voir et l’affaire serait ficelée, avant que je vienne servir de faire-valoir ? Je n’ai compris le but véritable de l’opération que plus tard. En effet, au lieu de la reprise des élections c’est plutôt un docteur Zinsou tout souriant radieux et satisfait qui est revenu me voir pour m’annoncer qu’il venait de la présidence où les militaires l’avaient convoqué pour lui confier le pouvoir et lui, de me proposer comme lot de consolation la présidence du nouveau parti unique constitutionnel dont le siège serait mon immeuble d’Akpakpa où était mon imprimerie, l’ex-GIB …
Voilà l’homme qui se croit plus rusé, plus intelligent, plus doué que tout le monde.

Et, qu’avez- vous fait ?
Je lui ai dit : C’est moi qui suis candidat et c’est toi qui deviens président ? J’ai repoussé son offre de chef du parti unique, de collaboration quelconque et j’ai rajouté à son adresse : Si quelqu’un dans ce pays te dit et te dira non, même au prix de sa vie, ce serait moi !
Ensuite, passant à l’action, j’ai rassemblé en opposition contre lui tous les représentants des anciens partis politiques. Cela n’a pas été difficile car, contraints en exil par Zinsou devenu chef de l’Etat ces trois anciens présidents m’avaient envoyé un émissaire pour les rejoindre à Lomé. Leur décision était unanime : Non au référendum par lequel Zinsou cherchait une légitimité.

Le président Zinsou a quand même été confirmé par référendum…
Quel référendum ? Vous appelez ça un référendum ? Tout d’abord, c’est pour se démarquer des militaires qui lui ont confié le pouvoir qu’il a voulu et organisé le référendum. Ensuite, il voulait légitimer ce même pouvoir qu’il tenait de l’usurpation par une adhésion populaire. Mais, comme il fallait s’y attendre, le résultat fut catastrophique : 5% de oui, 95% de non. Eh bien ! Tant qu’à faire, il inversa ce résultat désobligeant par le fait du prince et on apprit le contraire aux informations, 95% de oui et 5% de non. Mais, cela ne lui suffisait pas. Tous ceux qui comme moi avaient appeler à voter contre et fait voter NON, ont été mis à l’index et l’ère des règlements de comptes commença dans ce pays, avec la naissance de son pouvoir fasciste. Nombreux sont ceux qui connurent un triste sort.

C’est vraiment incroyable et terrifiant tout ce que vous révélez…
C’est pourtant la triste vérité de cet homme qui a passé toute sa vie à mentir, intriguer et troubler la sérénité et la quiétude de son pays à cause de son seul goût immodéré du pouvoir et de l’argent.
Tenez ! A son retour sur la terre natale à laquelle il devrait un peu plus de respect et de reconnaissance, le docteur Emile Derlin Zinsou a dit devant tout le monde lors d’une conférence de presse au Sheraton Hôtel qu’il n’avait rien à voir dans l’agression des mercenaires du 16 janvier 1977, alors qu’il en est le cerveau.
Il ne savait pas, parlant ainsi, que plus tard, en écrivant ses mémoires, BOB DENARD, alias Gilbert BOURGEAUD, le chef des mercenaires, le citerait comme étant à l’origine de cette barbarie en rapportant que Zinsou lui avait dit pour le motiver, je cite : « le tyran Kérékou vient de faire exécuter onze de mes partisans ; Il faut que vous m’aidiez à renverser ce régime marxiste ». Fin de citation.
Où et quand Kérékou a-t-il fait exécuter onze partisans de Zinsou dans ce pays ? Répondez-moi s’il vous plaît !
Les familles des personnes qui sont mortes à cause de l’ambition du docteur Emile Derlin Zinsou et de ses mercenaires, que sont-elles devenues ? Peu lui importe ! D’ailleurs, a-t-il jamais cherché à les connaître et les aider un tant soi peu ? Fort de son poste à la présidence, a-t-il une seule fois, proposé à Kérékou que l’Etat fasse quelque chose pour ses victimes ? Au lieu de faire du bien, pour son pays et à son âge il n’a pas trouvé mieux que de poursuivre, tout azimut, l’état devant les tribunaux pour des litiges domaniaux qui n’en sont pas, parce que pour la plupart, on sait quand et comment il a acquis ses domaines, au point où, un de vos confrères a cru devoir dire qu’il a fait de la « délinquance domaniale son credo » ? Comment a-t-il pu au cours de sa présidence se rendre propriétaire de tous les terrains qu’il présente maintenant comme ses biens avec des titres fonciers, comme pour le TF 220 ?
Vous comprenez alors, pourquoi j’ai dit qu’il en est pour beaucoup, dans ce que souffre ce pays, depuis près de quarante ans ? Récemment encore et à son âge il a été cité dans une sale affaire de vol de documents à la présidence, inculpé et relaxé au bénéfice du doute, tout comme, il aurait été cité dans l’affaire Koffi OLOMIDE au stade de l’amitié où on a déploré 23 morts. A-t-il une seule minute pensé en pareil cas à la responsabilité qui devrait être la sienne vis-à-vis des familles des victimes et qu’a-t-il fait en leur direction ? Cet homme est le mal dont nous souffrons !
Tous les salamalecs qu’il fait à Kérékou aujourd’hui sont uniquement intéressés. Il veut être au cœur du pouvoir pour continuer de veiller sur ses propres affaires. Comment quelqu’un qui a autant de démêlés avec la justice peut-il avoir réussi à faire nommer son homme de main au poste de ministre de la justice ?
Kérékou même n’est-il pas passivement complice en le laissant ainsi faire contre ce pays dont il a la responsabilité et le devoir de protection ? Sincèrement cet homme est le mal dont nous souffrons !
En d’autres temps, pour quelqu’un qui s’est révélé être aussi dangereusement dangereux que nuisiblement nuisible, à sa communauté, la divination n’aurait pas fait de détails !
L’oracle l’aurait désigné comme l’être ou l’élément à sacrifier, le « avo » qu’il faut absolument faire pour que le pays retrouve sa sérénité.

Venons en à l’activité nationale, M. da Silva, quelle appréciation faites-vous de la situation politique nationale à l’heure où apparaissent partout des signaux de fin de règne ?

Je trouve seulement qu’on s’agite beaucoup au lieu de réfléchir et de constater que nous ne sommes pas encore prêt à gérer le vide que laissera Kérékou s’il devait partir en 2006. Il faut scruter le paysage politique sans beaucoup d’effort pour se rendre compte que la plupart des prétendants actuels à la succession de Kérékou ne font pas le poids. Nous avons vu certains à l’œuvre…Je crois qu’il nous faut encore au terme d’un modus-vivendi, une transition de deux ou trois ans, dirigée par un Kérékou Président-Arbitre pour nous permettre vraiment de nous remettre en selle.

Etes-vous fier de la gestion du pays que fait l’homme que vous avez contribué à élire deux fois en 1996 et en 2001 ? Tous les secteurs de la vie économique sont en pleine déconfiture, l’énergie, avec la pénurie des produits pétroliers, le secteur agricole avec l’effondrement de la SONAPRA et même filière des véhicules d’occasion. Comment en est-on arrivé là, sans que vous qui, avez contribué au retour du général ait fait quoi que ce soit pour tirer la sonnette d’alarme ?
Que voulez-vous que je vous dise, alors que vous êtes conscients comme la plupart de nos concitoyens qu’un pays en campagne électorale tout le temps, c’est-à-dire trois années sur cinq, comme en 2001, 2002 et 2003 ne laisse guère de temps à ses dirigeants pour le gérer au mieux puisqu’ils doivent gagner les élections pour être là. Comment peut-on s’étonner aujourd’hui de la situation économique désastreuse que nous traversons, quand on ne cherche pas à en connaître les causes ; quel est ce pays qui trois années sur cinq est en campagne électorale. Tous les cadres de l’administration, les commerçants, les artisans, les professeurs les étudiants et même les élèves pour leurs parents ou leurs maîtres vont en campagne.
Qu’on ne s’étonne pas aujourd’hui des conséquences de 2001, 2002 et 2003. Mais qu’on tire les leçons de ce drame et prenne les dispositions pour 2006, 2007 et 2008 en regroupant les mêmes élections. Le savez-vous : chaque élection nous coûte la bagatelle de 7 milliards. 3 x 7 font 21 milliards alors qu’on les regroupant pour 2008 on économisera rien que pour ça environ 14 milliards. Pour un pays qui figure parmi les plus pauvres du monde, qui tend les mains pour sa survie, c’est le ridicule, l’inconscience collective que de ne pas voir cette vérité en face à cause des intérêts individuels.
Vous auriez souhaité que je tire comment la sonnette d’alarme ? En suspendant ou annulant les élections ? En-ai-je le pouvoir ? Et si Kérékou, ainsi avait agi, pour avoir le temps de bien faire, qui n’aurait pas crier au loup ?

De tous les secteurs de l’économie en déconfiture précités, celui des véhicules d’occasion est le plus patent. Or cette filière est dirigée depuis près d’un an par des fils du chef de l’état, à, travers une société Défi emploi jeunes dont on dit qu’un ancien président détiendrait l’une des plus grosses parts. Qu’en dites-vous ?

J’ai vraiment pitié des enfants de Kérékou ! Est-ce parce que leur père est chef d’état qu’ils n’ont plus le droit de faire ce qui est intéressant pour eux et leur épanouissement ? Il n’y a pas si longtemps, ici, les nouveaux démocrates ont vendu leurs âmes au diable en s’accommodant d’un népotisme qui crevait les yeux au motif de la qualité ou de la sûreté des serviteurs et du service. N’est-ce pas ? Croyez-vous que nos pays en Afrique puissent échapper à une certaine réalité ? Je n’en suis pas sûr !
Quant à cet ancien président qui à son âge n’a honte de rien comme à ses débuts où il est entré en politique pour s’enrichir et par goût du pouvoir essentiellement, que voulez-vous que j’ajoute de plus ? l’intéressé est bien ce qu’il est ! Ce dont je suis sûr et dont vous conviendrez avec moi c’est qu’il n’emportera rien de tout ceci dans la tombe ! Vainement il peut donc faire… Il n’a aucune dignité !

L’un des débats qui agite la classe politique à l’heure actuelle est celui de la révision de la constitution pour remettre en selle le président Kérékou, pensez-vous au vu de ce que nous avons dit précédemment que cette révision est opportune ?

Sincèrement oui ! Oui pour le pays mais pas pour Kérékou quand bien même je pense que c’est lui qui devrait la faire et conduire la transition nécessaire dont j’ai parlé précédemment. Je le dis parce que nos concitoyens ne perçoivent pas encore la nécessité de son maintien au pouvoir.

Comment expliquez-vous que quelqu’un qui n’a pas su bien gérer ni préparer un dauphin en 28 ans peut le faire en deux ans ou cinq ans ? Ne pensez-vous pas que, plus nous le maintiendrons au pouvoir, moins nous éviterons un scénario à l’ivoirienne ?
Il faut raison garder. Que vient chercher la xénophobie ivoirienne ici ? Il suffit pour éviter le pire chez nous d’amener Kérékou à écarter la gangrène qui pourrit son pouvoir et que constitue l’un des gens de son entourage immédiat ! Pas Kérékou qui est encore aimé par son peuple… Il faut tout simplement un bon coup de balai autour de Kérékou ! trop de conseillers spéciaux, Monsieur le Président.

Au sujet de cette révision, beaucoup de rumeurs circulent ; on dit même que des émissaires du chef de l’état auraient rencontré les sages de Porto-Novo et des millions de francs seraient promis aux députés, vous confirmez ?

Non ! C’est vraiment des potins de rue ! Et puis, est-ce que Kérékou a vraiment besoin de passer par l’assemblée nationale au point de la corrompre, s’il veut faire la révision ? Et l’article 58 qui lui permet de consulter directement le peuple sur toute question portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sachant bien que l’institution président de la république est un pouvoir public ? Interrogez la cour constitutionnelle et elle vous dira ! De toutes façons, on verra bien ! Mathieu n’est pas un dictateur ; le cas échéant, si une majorité à l’assemblée se prononce contre, lorsque la question sera posée, il se pliera à la volonté de la représentation nationale et il se retirera…Après tout il l’a déjà fait en 1991.

Nous arrivons au terme de cet entretien, qu’auriez vous aimer dire de plus ?
Rien je crois avoir tout dit pour le moment, à part quelques précisions que j’aimerais apporter brièvement, par rapport à l’introduction que vous m’avez lue avant cet entretien, et à travers ma présentation :
Je suis imprimeur, éditeur, agent publicitaire, écrivain oui, mais commerçant et homme d’affaires non ! Les gens confondent la catégorie d’un imprimeur à celle d’un homme d’affaires ; l’imprimeur n’est ni plus ni moins qu’un artisan. Etant ingénieur et protêt d’imprimerie, j’ai appris à créer, je suis celui qui ne copie pas, qui ne reproduit pas in extenso, le modèle qu’on lui remet pour être imprimé, comme un photocopieur. La confusion s’est installée depuis que j’ai été appelé pour présider le syndicat des commerçants et industriels du Dahomey en 1967, le SYNACID.
C’est d’ailleurs à ce titre que j’ai été désigné par les commerçants pour déposer ma candidature à la magistrature suprême. Considérez donc que c’est le président des commerçants qui a été le candidat aux élections de 1968 et, le destin a voulu que ce fut moi, un certain Karim da Silva comme le dirait l’autre.
Je suis membre, fondateur du Conseil des Sages et son premier vice président, depuis sa création. Chacun de nous au sein de ce conseil est libre d’exprimer son opinion politique, jamais il ne nous est arrivé d’aborder ce sujet ! J’avoue qu’un bon nombre de nos membres est du P.R.D. mais, jamais pour autant, ils ne sont allés au-delà des limites raisonnables.
Quand vous dites que je passe pour être l’un des conseillers spéciaux du chef de l’état, je réponds oui et non ! Oui parce que vous ne pouvez pas refuser d’étudier avec un ami le sujet qui le préoccupe et pour lequel il souhaite recueillir votre avis. Non enfin parce que Kérékou a délibérément introduit dans son entourage un individu qui n’est pas fréquentable et qui est à l’origine de la situation chaotique que nous connaissons. C’est celui-là qui se dit être le conseiller pas comme les autres, qui a voulu s’attribuer un qualificatif au dessus du mot spécial. Est-il l’ami de tous les responsables corrompus ? Pourvu qu’il y ait un partage à faire, et que ses faramineux intérêts soient protégés…

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