Marc Didier Doubogan, Michel Makpénon, Solange Capo-Chichi et compagnie poursuivis au départ pour vol présumé et complicité de vol présumé de 50.000 cartes d’électeurs, inculpés après pour modification et complicité de modification de la liste électorale nationale et jugés enfin pour tentative de modification et complicité de tentative de modification de la liste électorale nationale ont recouvré depuis ce mardi matin un peu avant sept heures leur liberté parce que relaxés purement et simplement par le tribunal de première instance de Cotonou à l’issue d’un procès qui a duré environ vingt trois (23) heures d’horloge.
Une infraction plusieurs fois requalifiée !
Au fur et à mesure de l’évolution du dossier et des débats devant le tribunal, l’infraction connaissait une requalification. Ainsi, poursuivis au départ pour vol présumé et complicité de vol présumé de 50.000 cartes d’électeurs, les mis en cause seront inculpés pour modification et complicité de modification de la liste électorale nationale avant d’apprendre dans la réquisition du ministère public qu’il s’agissait plutôt de tentative et de complicité de tentative de modification de la liste électorale nationale. Pour cette dernière requalification le ministère public requiert donc contre l’ensemble des prévenus une peine d’emprisonnement ferme de trois mois et au payement d’intérêts civils. Lors des débats qui ont précédé la réquisition, aussi bien les prévenus, les témoins que les avocats de la partie civile ont permis au tribunal de comprendre un peu plus les circonstances dans lesquelles le retrait frauduleux des cartes d’électeurs est intervenu. Il s’agissait pour M. Doubogan de contourner la rétention du matériel électoral par les responsables de la Ced Littoral malgré les besoins exprimés depuis plusieurs jours par les membres Cea et certains agents recenseurs en sollicitant directement avec l’accord du coordonnateur du budget de la Cena, son co-prévenu, M. Makpénon, le retrait d’un lot de 50.000 cartes d’électeurs contre une décharge provisoire remplacée par une décharge définitive de 11.000 cartes suite au retour de la différence après qu’il a desservi les postes de recensement ayant enregistré les pénuries.
Absence de preuves au dossier
L’un après l’autre, les avocats de la défense ont, pendant plusieurs heures, démontré la constitution de l’infraction invoquée. Pour Me Agbantou et ses confrères, on ne saurait établir l’existence d’une liste électorale au moment des faits qui remontent au dernier jour des inscriptions sur les listes électorales. La démonstration la plus simple est venue de Me Ajavon qui s’est inspiré de la loi électorale pour signifier que la liste est « issue » soit de la Lepi soit du Rena. Ainsi, a-t-il démontré comme le reconnaîtra d’ailleurs plus tard le président du tribunal dans sa décision, qu’on ne saurait parler de liste électorale sans avoir terminé les inscriptions sur les listes et sans avoir satisfait au droit des citoyens de contester les données enregistrées en cas de besoin. M. Doubogan, principal inculpé a d’ailleurs lui-même déclaré devant la barre n’avoir à aucun moment été en contact avec une quelconque liste électorale. En revanche, soutient Me Aholou Kèkè, une carte d’électeur délivrée en plus ou en moins constitue déjà une modification de la liste électorale nationale. Elle s’est par ailleurs longtemps interrogé sur le « mystère » dont les prévenus ont entouré la décharge provisoire portant sur le retrait des 50.000 cartes d’électeurs. Ceci témoigne selon elle non seulement de la mauvaise foi des mis en cause mais aussi de leur intention de fraude massive.
Enfin le verdict au bout d’une journée de débats
« (…) Le tribunal constate l’absence au dossier de liste électorale ayant fait l’objet soit de modification soit de tentative de modification et relaxe en conséquence purement et simplement les prévenus (…), met les frais à la charge du trésor public ». Cette décision mise en délibéré par le tribunal au terme des plaidoiries de la défense aux environs de 05heures 28 minutes pour 30 minutes n’est intervenue finalement qu’à 06 heures 45 minutes soit plus de 60 minutes après.
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