Le gouvernement s’apprête à revoir à la hausse, à partir du 1er juillet prochain, le prix du ciment qui passera de 69 mille à 80 mille francs Cfa. Cette décision traduit la capitulation du pouvoir de Boni Yayi devant les pressions renouvelées et déguisées des sociétés cimentières locales. Le prix du ciment va augmenter de 11 mille francs Cfa dans quelques jours. Jusque-là, fixé à 69 mille francs, il passera dès le premier juillet prochain à 80 mille francs. C’est du moins la décision que le gouvernement de Boni Yayi s’apprête à prendre très prochainement, informent des sources très crédibles. Ce faisant, le gouvernement de Yayi espère sortir les Béninois de la longue pénurie à laquelle ils sont soumis depuis plusieurs mois. Les nombreuses mesures du pouvoir du changement pour contrer les spéculations fantaisistes pratiquées sur le terrain n’ont visiblement pas prospéré. Officiellement fixé à 69 mille, le prix du ciment a beaucoup varié ces derniers mois, allant de 80 à 90 mille francs, voire 100 mille francs ! Les raisons de cette rareté du ciment étaient situées à un double niveau. Il y avait d’une part les chantiers en cours, dont deux échangeurs, dans la ville de Cotonou et à l’intérieur du pays, et de l’autre ceux ouverts dans le cadre du sommet de la Cen-Sad. En l’occurrence, les dizaines de villas présidentielles construites pour recevoir les hôtes de marque. Sans oublier bien sûr la forte demande de la population.
Le gouvernement, conscient de cette situation avait décidé d’importer le ciment du Togo voisin pour aider la production locale à contenir la forte demande. Mais rien n’y fit. La pénurie a persisté et la spéculation n’a pas diminué non plus. Il fallait donc chercher les vraies raisons de la pénurie ailleurs.
La pénurie de ciment était en fait artificielle. L’histoire révèle que dans le domaine du ciment notamment, les augmentations de prix sont toujours précédées d’une pénurie. Ainsi, nombre de Béninois n’hésitent plus à pointer du doigt les sociétés cimentières locales d’être en réalité les vrais auteurs de la pénurie. En effet, à plusieurs reprises, ces dernières avaient tenté d’obtenir du gouvernement une hausse du prix, mais sans succès. Et puis il y a quelques semaines, il y a eu cette curieuse grève des agents de l’une des sociétés. Comme revendication, ils réclamaient de meilleures conditions de travail. Mais pour eux, la situation de leur société ne pouvait lui permettre de répondre à cette exigence. En conséquence, ils estiment que seule une augmentation du prix était la solution pouvant procurer les moyens à leur employeur pour satisfaire leur principale revendication. De la part d’un syndicat, c’est tout de même une grande première que de le voir se mettre en lieu et place de l’employeur pour exiger de l’autorité des facilités commerciales. Dès lors, point n’était donc plus besoin de se remuer les méninges pour deviner l’origine et les véritables instigateurs d’une telle grève. Le manège est d’autant plus évident que le sommet de la Cen – sad ayant pris fin, on devrait naturellement s’attendre à ce que la situation redevienne normale. Paradoxalement, c’est en ce moment qu’on s’apprête à proclamer une hausse de prix.
En clair, les sociétés cimentières ont simplement réussi par des tours de passe-passe à contraindre le gouvernement à faire leur volonté. Ce, malheureusement au détriment des pauvres populations. Dans quelques jours donc, le ciment redeviendra disponible à gogo dans les magasins, pour peu que la bonne nouvelle aura été annoncée par qui de droit.
Alain C. Assogba
Laisser un commentaire