Gbadamassi amuse la galerie
(Lire ses ahurissantes déclarations)
Le député Rachidi Gbadamassi était de retour au pays hier après un long séjour en France. Il a été accueilli par ses militants de Parakou à l’aéroport international de Cotonou. Aucun ténor du régime-Yayi n’était à ses cotés. Dans ses premières déclarations, il a réaffirmé son soutien indéfectible aux actions du président Boni Yayi.
Ce qui lui a permis d’attaquer et de mettre en garde ses alliés d’hier. Mais à bien lire sa déclaration, elle ne comporte rien de nouveau, aucune révélation de taille qui puisse justifier toute la mobilisation autour de son retour. Il déclare avoir décidé d’aller du coté du peuple, comme s’il ignorait que ce peuple existait au moment où il faisait son cinéma contre le pouvoir. Ensuite, il menace ses anciens amis, sans piper mot des divergences qui ont pu les opposer. En clair, le spectacle qu’il a offert hier à l’aéroport est un non événement. Il n’a fait que lire un texte totalement vide qu’on lui a sans doute rédigé, pour qu’il ne dise pas des bêtises, en déphasage avec l’enjeu du moment, et devant lequel il ne se semblait pas dans son assiette habituelle. Nous y reviendrons.
« Permettez-moi, avant tout propos, de remercier les journaux, parce que vous contribuez à l’enracinement de la démocratie. Je remercie tous ceux qui ont parlé aussi bien dans le sens positif que dans le sens négatif. Cela y va de la vivacité de la démocratie béninoise. En tant que démocrate, je ne peux qu’approuver la vivacité de la démocratie béninoise. Dans un Etat démocratique, on ne peut pas empêcher de dire ce qu’on pense. Aujourd’hui, il s’agit d’une déclaration et non d’une conférence de presse. La conférence de presse se fera sur le terrain dans la 8e circonscription électorale. Et, on verra qui est qui. Mais, je peux vous annoncer la fin de la récréation. L’heure de la vérité a sonné. L’heure de la réconciliation avec le peuple a sonné. L’heure du développement harmonieux du Bénin a sonné. L’heure de la réconciliation avec notre conscience a sonné. Il y a pas pur indigne et ignoble qu’un homme qui pose des actes et qui refuse de les assumer, surtout quand ces actes vont dans l’intérêt du peuple. N’y a-t-il pas un adage de chez nous qui dit quand on ne sait pas où l’on va, on sait au moins d’où l’on vient ? J’ai posé des actes et je les assume. Je ne suis pas quelqu’un qui fuit ses responsabilités. Mes amis me connaissent. L’homme qui n’est pas capable de mourir, n’est pas capable de vivre. Je suis un homme de caractère et c’est la raison pour laquelle je m’adresse à vous, chère population de la 8e qui m’a donné mandat de la représenter à l’Assemblée nationale. Qui suis-je pour ne pas écouter la voix du peuple ? Qui suis-je pour ne pas entendre la voix de ma base ? Qui suis-je pour ne pas écouter les têtes couronnées et les confessions religieuses ? Quand on bénéficie de tant de confiance populaire, il y a des choses qu’on ne fait pas. On ne joue pas avec le peuple. Qui suis-je pour aller contre les populations de Dassa, de Malanville, Cotonou ? Qui suis-je pour ne répondre à la voix de la conscience ? Il faut se guider par le bon sens. Il me serait impossible d’avoir une morale différente de celle de mes électeurs. C’est vrai, je devrais choisir entre mes amis politiques et mes électeurs. J’ai préféré les seconds. Je leur présente mes excuses. Je ne pouvais pas faire autrement. Les circonstances m’ont amené à décider en faveur des électeurs. Le diplôme de l’homme politique, c’est le peuple. Si le peuple le quitte, il n’a plus d’avenir politique. Si mes amis ne comprennent pas mon choix, qu’ils m’excusent. Je me suis retrouvé dans la même situation que le Général Kérékou à la conférence nationale. Il a suivi la volonté du peuple et a rejeté ses amis politiques. L’histoire a fini par lui donner raison. Je souhaite qu’ils me rejoignent très bientôt. Quand à toi, mon cher frère et ami, honorable Issa salifou, pour tout ce que tu as donné, je t’attends à l’autre rive. La rive qui doit être la tienne. Nous devons nous libérer de ces politiciens qui nous manipulent contre la volonté du peuple. J’ai prié et demandé à mon Dieu. Si c’est moi qui me trompe en allant vers le docteur Yayi Boni, que Dieu donne toutes les forces à Saley de me ramener. Si c’est le second, j’ai ramené le G13 pour le développement. Les incompréhensions du passé avec le gouvernement sont le fruit d’un manque de dialogue. Je sais que tu es croyant et tu n’ignores pas la puissance d’Allah. En ce qui concerne mes amis d’hier, la seule philosophie était le changement de chauffeur. Mais qui remplacera valablement l’actuel chauffeur. Le remplaçant sera-t-il meilleur ou pire ? Ils n’avaient aucune réponse à toutes ces préoccupations. C’est le changement ou rien, même si le navire Bénin devrait chavirer. Je ne suis pas un acteur du déluge. Je suis un véritable nationaliste et panafricaniste. J’ai la stabilité politique. C’est tout ce qui m’a poussé à la démission du G13. On sait quand ça commence, mais on ne sait pas quand ça finit.
Et vous, président Boni Yayi, vous êtes le père de la nation. J’étais avec le Général Kérékou, qui après un débat très houleux, m’avait demandé de vous soutenir. J’ai donc suivi après mille réflexions les sages conseils de ce grand homme politique d’arrêter ma guérilla contre vous. Je vais soutenir vos actes de développement et révéler ce qui ne va pas et apporter les solutions idoines. Mon seul conseil à votre endroit est de privilégier le dialogue politique et social. Ce soir, je l’assume et je soutiens les bonnes actions de développement et de la démocratie apaisée. Je demande à mes amis de laisser les attaques verbales et les manipulations de certains journaux contre ma personne, afin d’éviter toute riposte cinglante de ma part. Ils me connaissent et je les connais. Je suis un indépendant ou apparenté à un parti politique. Dans les jours à venir si on nous exclut du parti, nous allons apprécier. Dans ces conditions, je pourrai apprécier cas par cas les initiatives du gouvernement et accomplir avec plus de conscience ma mission constitutionnelle. Parler de transhumance pour mon cas est un abus de langage et méconnaissance du mot transhumance Pour finir, je demande tout simplement de retenir ceci : Gbadamassi n’a pas démissionné pour des fins personnelles et inavouées.
Propos recueillis par Jules Yaovi Maoussi