A propos du supposé gel des prêts du Fonds Opep au Bénin

Les incohérences du Ministre François Noudégbèssi

Lundi dernier, le Ministre en charge de l’habitat et de la lutte contre l’érosion côtière, François Noudégbèssi, a partagé avec les médias les exigences du Fonds OPEP pour débloquer sa part de financement du projet de protection de la côte Est de Cotonou. A ses dires, le contentieux qui oppose le Fonds à la société immobilière béninoise GBB SA  reste pour le bailleur un motif de prudence dans la réalisation de ses financements au Bénin. La confrontation des faits et des déclarations du Ministre présentent des incohérences qui méritent que l’on y revienne.

Le projet de protection côtière à l’Est de Cotonou coûte environ 32 milliards de francs Cfa. Cinq institutions financières cofinancent les ouvrages à mettre en place. Au nombre de ceux-ci, le Fonds OPEP qui contribue pour environ 4 milliards, soit seulement la huitième partie du coût du projet. Depuis juillet 2009, le Gouvernement béninois a fait un appel de fonds pour payer une avance de démarrage aux adjudicataires des travaux à réaliser. Mais à ce jour, aux dires de François Noudégbèssi, seuls deux institutions ont réagi. Le Fonds OPEP n’a pas réagi et selon les explications du Ministre, ce bailleur subordonnerait la libération de sa part du financement du projet au dénouement du contentieux qui l’oppose au Groupe Bethsaleel Building Sa. L’insolvabilité de cette société immobilière béninoise vis-à-vis du Fonds compromettrait tous ses engagements financiers au Bénin. Bethsaleel Building Sa étant en retard dans le remboursement d’un prêt du Fonds OPEP pour un projet de promotion immobilière. Sans contester ces déclarations du Ministre de l’habitat, il sied de constater que le seul gel du financement du Fonds OPEP ne justifie pas le retard du démarrage des travaux de protection de la côte Est de Cotonou.

A supposer en effet que ce financement est débloqué aujourd’hui, le Gouvernement disposera-t-il suffisamment d’argent pour faire démarrer les travaux ? Puisque deux autres bailleurs n’ont pas réagi à son appel de fonds. Deux cas sur lesquels il n’a curieusement donné aucune explication. Quid de l’inactivité actuelle de la société des chemins de fer dont on sait qu’elle sera chargée de transporter le granite devant servir à ériger les épis sur la côte ?

En se fondant sur la nécessité de regagner la confiance du Fonds OPEP pour justifier l’action judiciaire en cours à l’encontre du président du Conseil d’administration de GBB SA, François Noudégbèssi fait savoir consciemment ou inconsciemment que le récent regain d’intérêt pour le projet de protection de la côte Est de Cotonou n’était qu’une campagne médiatique destinée à justifier la mise en taule de Simon Pierre Adovèlandé dans des conditions sujettes à polémiques.

Poursuivant la justification de cette arrestation, François Noudégbèssi évoque les malversations commerciales de GBB SA dont seraient victimes plusieurs acquéreurs de maison. C’est là où Monsieur Noudégbèssi doit être interpellé sur la qualité de ses prestations au Gouvernement en tant que Ministre de l’Habitat. Fort de ses trois ans et plus à la tête de ce département ministériel, François Noudégbèssi laisse clairement penser qu’il n’a jamais évalué l’activité des promoteurs immobiliers béninois depuis qu’il est en poste. Et que la politique de promotion immobilière actuelle du Gouvernement n’est qu’improvisation. Sinon, pourquoi évoque-t-il seulement maintenant ces malversations ayant cours sur le marché immobilier et pourquoi retrouve-t-il seulement maintenant son obligation morale de déplorer l’infortune des Béninois acquéreurs de logements sans même leur proposer une porte  de sortie ?

Là où le Ministre de l’Habitat semble dans un exercice inconfortable, c’est quand il se met dans la posture d’un moralisateur, alors que sa propre intégrité laisse douter les Béninois. Monsieur Noudégbèssi est bien le Ministre suspendu du gouvernement il y a quelques mois pour cause de l’affaire dite « Cen-sad » et qui serait relative à des malversations portant sur plusieurs milliards de francs CFA.

Lesquelles malversations le président de la République lui-même a reconnues publiquement et qui l’ont fait suspendre son Ministre de l’Habitat. Ce dernier n’a pas été rétabli suite à une décision judiciaire mais sur la base du rapport d’une commission administrative dont la valeur des travaux n’a aucune valeur juridique. Mais le voilà aujourd’hui défenseur d’une poursuite judiciaire qui même s’i elle aboutit à l’incarcération des responsables de GBB SA, n’emporte pas remboursement du prêt consenti par le Fonds OPEP à la société immobilière. Les raisons du retard du démarrage des travaux de protection de la côte Est de Cotonou sont à chercher ailleurs, celle évoquée par le Ministre Noudégbèssi est trop courte et semble participer de l’instrumentalisation.

Georges AKPO

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