Proposition de loi rectificative sur la Lépi

Le réveil tardif de l’opposition

L’affaire-Lépi prend une nouvelle tournure à l’Assemblée nationale. De l’abrogation, on passe à une correction des failles de la loi sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) sur proposition de l’opposition au pouvoir du président Boni Yayi. Même si c’est une bonne initiative, on note néanmoins un réveil tardif de l’Union fait la Nation. Pourquoi ? Où étaient les caciques de cette opposition, au moment où la loi en vigueur a été adoptée à l’unanimité, malgré les imperfections qui s’y trouvent ? Il a fallu les dérapages de l’ancien coordonnateur de la Commission politique de supervision (Cps/Lépi), Epiphane Quenum, pour leur ouvrir les yeux. L’ancienne loi permettait à ce dernier de faire ce qu’il veut de la Lépi. Il est même allé au-delà de ses prérogatives en piétinant sur les compétences de la Mission indépendante de recensement électoral national approfondi (Mirena). Pour preuve, dans le cadre de la cartographie censitaire, la Cps/Lépi et la Mirena se sont contredites sur les résultats, alors que c’est le rôle de la dernière structure de faire ce travail technique sur le terrain. Cette confusion a créé des ratés graves dans ces opérations. En dehors de cela, il y a la question du consensus qui pose problème au niveau de la Cps/Lépi. Au nom de la configuration politique à l’Assemblée nationale, la mouvance s’est taillée la part du lion dans la composition dudit bureau. Ceci a permis au pouvoir en place d’avoir le contrôle total de la situation et de confectionner sa propre Lépi et non celle voulue par le peuple béninois. Naturellement, l’opposition, principalement l’Union fait la Nation, voyant le danger venir, s’est résolue à faire sous boisseau la Liste électorale permanente informatisée par une loi d’abrogation. En raison de la nouvelle donne à la Cps/Lépi, une loi corrective est proposée. Elle prévoit un bureau consensuel de trois membres composé de la mouvance, de l’opposition et de la Société civile. Dans ces conditions, tous les blocs politiques seront impliqués dans la gestion de cet instrument électoral.

Raison

La situation que l’on vit aujourd’hui est la conséquence de la désinvolture avec laquelle les députés travaillent à l’Assemblée nationale. Le parlementaire béninois prend connaissance de la loi qu’il veut étudier le jour de la plénière. Peut-il avoir le temps nécessaire pour l’analyser à fond ? Non. N’étant pas des spécialistes du droit pour la plupart, ils devraient contacter un cabinet pour les orienter. A part l’ancien député, François Abiola, qui en a un à Sakété fonctionnant à peine, les autres volent de leurs propres ailes. Ces lacunes des représentants du peuple doivent être corrigées. La preuve est que  beaucoup de lois votées à l’Assemblée nationale présentent d’énormes difficultés dans leur application. Dès lors, la formation des députés s’avère indispensable.

Georges Akpo

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