Yayi attaque de front l’Un et la coalition ABT

(Les 6è et 24è circonscriptions électorales comme principaux champs bataille) 
Après moult tergiversations et après plusieurs tentatives infructueuses, le Chef de l’Etat a enfin remanié son gouvernement.

Comme il le voulait, le gouvernement de Yayi affiche des élans de combat avec des incursions dans la « zone protégée – Un » et quelques pêches dans les eaux de la coalition Abt. Seulement à la place de tireurs d’élite recommandés au front, Yayi s’est contenté de quelques tirailleurs et a dû jeter son dévolu sur les 6è et 24è circonscriptions électorales pour sauver les meubles.

Jamais de mémoire d’hommes, un nouveau gouvernement n’aura suscité autant de remous et de spéculations. Après avoir joué tout le temps aux prolongations, fait et défait des listes, le président Boni Yayi a enfin sorti le gouvernement. Et c’est à moins de neuf mois des prochaines élections. Boni Yayi a fini par lâcher le morceau. Les nouveaux venus dont la plupart traînent leur bosse dans le milieu politique ont à peine le temps de prendre contact avec les dossiers brûlants de leur ministère. Ils sont jetés dans une ambiance infernale faite de pré campagne avec des ministres constamment sur le terrain pour vendre le produit « Yayi ».  Jetés dans une telle galère, les nouveaux ministres n’ont pas deux choix que d’entrer dans la danse. D’ailleurs, ils semblent avoir le profil pour. Modeste Kérékou, ancien député, Candide Azannaî idem, Aké Natondé député suppléant, Gérard Kuassi, Chef d’arrondissement de Calavi, Claudine Prudencio, candidate malheureuse aux dernières élections législatives…etc sont tous des hommes de terrain capables de mobiliser les populations derrière le président Boni Yayi. Il est donc aisé de constater qu’il s’agit d’un gouvernement de combat politique. Et pas autre chose. De façon sérieuse, Boni Yayi a voulu pêcher dans les  eaux de la coalition Abt.

C’est ce qui explique le repêchage de l’honorable Modeste Kérékou qui, dans un passé très récent, lançait des diatribes à l’endroit du gouvernement actuel et serait, selon certaines sources un soutien de taille pour l’actuel président de la Boad, Abdoulaye Bio Tchané, dont les ambitions présidentielles sont de plus en plus évidentes. En le nommant ministre, Yayi réussit l’exploit de mettre les pieds dans les plats du G13 dont l’Union pour la relève (Upr), partide Modeste Kérékou, est un maillon important. Dans le même temps, il lance une grande offensive contre l’Union fait la Nation (Un) dont les fiefs sont déclarés « zones politiquement attaquables ». Pour preuve, le remaniement n’a touché fondamentalement que les portefeuilles des ministres originaires de la région méridionale du pays. En dehors du ministre de la culture et de l’artisanat Mamata Bako Djaouga soupçonnée d’ailleurs de flirter avec Bio Tchané, tous les ministres du septentrion ont conservé leurs postes. Mais le président Boni Yayi n’a pas pu trouver les bons soldats et les tireurs d’élite et s’est contenté d’envoyer des tirailleurs au front.

  La 6è circonscription électorale, le grand enjeu

Au terme de la formation du dernier gouvernement, Yayi affiche sa détermination à faire de la 6è sa chasse gardée. C’est cette circonscription électorale qui est la mieux lotie dans ce gouvernement avec trois postes ministériels. Il s’agit de Claudine Prudencio qui bénéficie d’un grand capital d’estime de la part des populations de Godomey, Dèkoungbé, Womey…où elle a réalisé d’énormes infrastructures socio communautaires et aidé beaucoup de personnes. Il y a ensuite Gérard Kuassi, actuellement Chef d’arrondissement de Calavi-centre parachuté au ministère du travail et de la fonction publique qui peut s’avérer comme un instrument de captation de voix au regard de l’intérêt qu’il suscite pour la jeunesse de plus en plus vulnérable au phénomène du chômage. Enfin, Clément Dègbo, pur produit de l’honorable Valentin Houdé (le nouveau homme à abattre dans cette région) qui maîtrise les populations de Sô Ava d’où il est natif et de Zè en récupérant une bonne partie de l’électorat de son ex-mentor. Cet intérêt de Boni Yayi pour cette circonscription électorale s’est déjà manifesté lors du 3è gouvernement où il y avait déjà mis trois ministres que sont Victor Tokpanou, Christophe Kint Aguiar et Etienne Kossi. Mais si cette zone intéresse tant Yayi ce n’est pas parce qu’elle est la plus belle région du pays ou qu’il a un amour particulier pour Abomey-Calavi et ses alentours. En effet, cette circonscription électorale est, en dehors de Cotonou, la plus peuplée du pays. A force de contrôler Cotonou où les Soglo règnent en maîtres, Yayi préfère avoir Abomey-Calavi et ses alentours dont l’effectif lui a valu le surnom de « grenier électoral ». Et il s’y prend bien et semble avoir une avance par rapport à ses adversaires de la coalition Abt et de l’Union fait la Nation. A moins que les pions choisis soient des tonneaux vides.

Yahouédéhou, l’autre combat

Ce remaniement montre également la volonté de Yayi d’en découdre avec l’honorable Janvier Yahouédéhou, pourtant député Fcbe mais tombé en disgrâce auprès du président de la république depuis qu’il a commencé le combat pour la transparence autour des machines agricoles. C’est ce qui donne la chance à cette 24è circonscription électorale (Covè, Ouinhi, Zagnanado, Zakpota et Zogbodomey) d’où est originaire l’honorable Yahouédéhou de se retrouver avec deux postes ministériels contre un dans le dernier gouvernement. En nommant son suppléant Aké Natondé natif de Covè comme lui et Bertrand Sogbossi originaire de Zogbodomey, Yayi a voulu livrer un combat sans merci à son ex-soutien Janvier Yahouédéhou dont le discours l’éloigne de plus en plus du pouvoir et de son chef.

L’objectif est clair : étouffer politiquement Yahouédéhou qui doit désormais combattre sur deux fronts. Reste à savoir si ces deux seront à la hauteur pour anéantir Yahouédéhou dont la côte de popularité grimpe depuis qu’il a commencé à dénoncer les malversations relatives aux machines agricoles vendues aux paysans.

Marcel Zoumènou

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