Léhady Vinagon Soglo, Président. C’est l’événement politique de ce dernier week-end, avec l’arrivée à la tête de la Renaissance du Bénin( RB) d’un jeune leader. Il est né, en effet, trois mois et demi après l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Il a désormais la lourde responsabilité de diriger l’un des plus importants partis politiques du Bénin. Ainsi en a décidé, au terme de son 3ème Congrès ordinaire, la Renaissance du Bénin, congrès tenu à Abomey les 18 et 19 septembre 2010.
La Renaissance du Bénin est née le 24 mars 1992. Le parti est tenu depuis d’une main ferme par sa Présidente fondatrice, Madame Rosine Soglo. Sous la supervision de Nicéphore Dieudonné Soglo, ancien Président de la République, l’actuel Maire de la ville de Cotonou, agissant comme Président d’honneur. On peut dire que depuis dix-huit ans, celui qui est propulsé aujourd’hui à l’avant-scène mûrissait, lentement et sûrement, dans l’arrière cour de cette formation politique.
Voilà qui bat en brèche la théorie de la génération spontanée. Léhady Vinagnon Soglo, qui arrive aux commandes de la RB, aura fait ses classes politiques, son apprentissage auprès de ses « maîtres » qui se trouvent être ses propres parents. C’est un privilège. Les Fon ne s’y sont pas trompés qui disent : « Vi é sé ho, wê gni mêho ». Ce n’est pas l’antériorité de la naissance qui fait l’aîné de la famille. Est reconnu tel celui qui a été à l’école des anciens et a bu à la source de leur sagesse.
Recueillir le témoin, c’est bien. Mais le jeune président doit faire savoir comment il se situe par rapport à l’héritage. Il a déclaré à Abomey qu’il inscrit son programme à la tête du parti sous le triptyque : Renouvellement – Rassemblement – Modernisation. Sans préjuger du contenu qu’il donnera à ces trois concepts, Léhady Vinagnon Soglo a au moins deux directions d’actions à prendre.
Il s’est déjà établi dans la première direction. Il y fait même figure de pionnier. La première résolution prise par le Congrès stipule (Citation) : « Le 3ème Congrès ordinaire de la Renaissance du Bénin (…), conformément aux dispositions de l’article 80 des statuts, donne mandat au Bureau politique pour mettre en œuvre les mesures nécessaires à la fusion de la Renaissance du Bénin dans l’Union fait la nation. » (Fin de citation). Voilà l’ouverture qui aidera la RB à opérer sa propre mue et à se mettre en adéquation avec la dynamique unitaire impulsée depuis peu à la politique nationale avec l’avènement de l’Union fait la nation.
Reste au jeune leader à imprimer sa marque distinctive aussi bien au parti dont il prend les rennes qu’au grand ensemble politique dans lequel va fusionner, à terme, la RB. D’où la seconde direction à explorer. Ici, Léhady Vinagnon Soglo peut apporter de la valeur ajoutée à l’Union fait la nation.
Par son coefficient personnel, d’une part. On doit compter avec la jeunesse de l’homme, sa longue fréquentation des arcanes du pouvoir. Dès 1991, il était le conseiller technique de son père à la présidence de la République. On ne sort pas d’une telle proximité avec le pouvoir d’Etat sans un carnet d’adresses fourni. Il a pu accumuler une grande expérience de la chose publique, expérience renforcée depuis par ses responsabilités de premier adjoint au Maire de Cotonou, son élection comme député, sa candidature à la présidence de la République en 2006. Comme président de la RB, il chausse désormais des bottes à la même pointure que celles des autres leaders de l’Union fait la nation.
Par son sens de l’innovation et de l’anticipation, d’autre part. On attend de lui qu’il ramène au bercail nombre d’anciens militants et cadres émérites qui ont tourné le dos à la RB. C’est une loi : on ne gagne pas avec ses faiblesses, mais avec ses forces. L’intérêt du nouveau patron de la RB, c’est de colmater des brèches anciennes, de panser certaines plaies restées ouvertes. Il doit surtout se faire le champion de la dynamique unitaire impulsée par l’Union fait la nation. Moins pour en réclamer la paternité que pour la faire incarner comme une nouvelle manière de faire la politique dans notre pays. Et s’il est vrai que l’on récolte ce qu’on a semé, Léhady Vinagnon Soglo sera le premier, demain, à toucher les dividendes de ses actions d’aujourd’hui. Cela aussi est une loi.
Jérôme Carlos