Attroupement des "Zémidjans" à côté de la morgue Cnhu : Un parc moto atypique où tout se tient

Un regroupement atypique. Un mélange des couleurs de chemises dont le jaune reste dominant. Ainsi se trouve ce qui attire l’attention  à quelques  pas de  la morgue du Cnhu à Cotonou. Les «Zémidjan» sont les maîtres du milieu. Toujours très nombreux autour d’un kiosque de journaux tout aussi célèbre.

Un parc moto où  un arbre à palabre?  Les Zémidjan qui s’agglutinent chaque jour autour du kiosque proche de la morgue du Cnhu préfèrent les deux. Ça bouillonne chaque matin à cet endroit devenu très  célèbre à Cotonou.  Des fonctionnaires, politiciens et  journalistes de passage se mêlent à cette foule spéciale d’hommes en jaunes où le débat politique se  mène   parfois  avec rage. Les discussions tournent  généralement autour des  sujets brulants de l’actualité. Politiques, sociales, cultures, santé, sport… aucune question ne passe inaperçue. Ce parc a aussi une autre vocation : la détente.  «Les gens viennent de très loin et après un temps donné d’activité dans la ville, ils viennent ici pour se reposer» laisse entendre Gnimadji Lucien, Secrétaire à la communication du Parc. La présence du kiosque de vente des journaux a transformé ce lieu en un lieu d’échanges, de communications mais aussi  de sources d’informations quotidiennes, pour les conducteurs de taxi moto et toutes personnes en quête d’informations. «C’est pour s’informer de la situation politique du pays que nous venons ici tous les jours parce que quand ça va tourner au vinaigre on saura par où prendre» lâche l’un des Zémidjan,  Ahossi Bruno. «Plusieurs viennent également se reposer ici.» ajoute t-il. Son collègue Falétin renchérit «il y a des gens qui travaillent la nuit et viennent se reposer ici comme ils n’ont pas où aller. Ce n’est pas forcément la politique qui crée  ce regroupement».

Une organisation parfaite

Ce n’est pourtant pas une cour du Roi  Pétaud.  Tout a un sens  et tout est bien structuré sur ce parc. Un  Bureau directeur, des groupes de tontines, des cellules  des grands partis politiques du Bénin tels que la RB, le Psd, Force-Clé, Prd, Fcbe, Abt et consorts.  Le  Bureau directeur,  chargé de diriger le parc est élu par le biais du Chef parc. Le vote est  secret et  le mandat est de deux ans renouvelables une fois. «L’élu  a un ultimatum de quinze jours pour dévoiler la composition de son bureau  et doit déposer une caution de 20000Fcfa pour sa candidature», livre Gnimadji Lucien. Il précise que le bureau se fait l’obligation d’être apolitique. Mieux il est contrôlé dans ses activités par deux commissaires aux comptes et le comité des sages constitué d’un représentant par cellule politique. Le bureau ainsi élu à trois mois de la fin de son mandat installe un comité qui s’occupe de l’organisation des élections. Assisté par les membres des syndicats tels que Sycotamol, Udecozeb auxquels, est affilié le parc, l’élection ainsi que les résultats feront l’objet d’une évaluation sanctionnée par la validation ou non du bureau proclamé par le comité.

Mieux,  les conducteurs de taxi moto ont le choix entre quatre groupes de tontines qui chaque année «Grâce divine»,  «Jro Mahuton»,  «Jérusalem». Chez les deux premiers, le  montant  à ramasser par jour  est de 200.000fcfa à raison de 1000F par adhérent, le troisième pour la même participation réuni par jour 300.000Fcfa. Par contre le quatrième a d’autres idéaux. Pour ce groupe, il s’agi d’une cotisation de 2000 par jour. La somme réunie servira à acheter de grand domaine de terrain qu’ils se partagent équitablement. «Lorsque des problèmes surviennent dans l’un de ces groupes et que, l’une des parties vient se plaindre auprès du Bd ; celui-ci sert de facilitateur s’il s’agi d’une affaire de mal compréhension mais dans le cas d’une corruption, le Bd tape du point sur la table et règle définitivement le problème», confie le Sc. du bureau tout en signalant que le Bd n’a aucune influence directe dans la gestion de ces groupes.

Un  parc nomade

«Entre temps on était au ministère du Plan, ensuite on a rejoint les murs du Codiam de Cotonou et pour l’heure nous sommes ici en face du camp des militaires marié»  raconte  Lucien Gnimadji à propos de la genèse du parc. A en croire ses propos, le nombre qu’ils faisaient s’est considérablement réduit après leur départ du Ministère des Plans parce que disloqué. Mais, poursuit l’homme, il y a eu régénérescence. Le nombre a évolué en  grandissant. Et, ce parc créé à cet endroit depuis l’an 2000 compte actuellement 552 membres régulièrement inscrits dans son registre. Ce boom, explique le Sc du parc, est dû dans une certaine mesure à la métamorphose du kiosque qui a donné naissance à la vente des journaux. Alors que, précise t-il ce n’était qu’un kiosque où les gens venaient jouaient au Loto sport au moment le parc s’installait. Cette nouvelle situation a fait de ce parc un bréviaire des assoiffés de l’information au quotidien. Les débats menés et leurs qualités  font aussi ont contribué d’une manière ou d’une autre à la renommée du kiosque, fini par lâcher le Sc. Son avis ne sera nullement partagé par Anselme Houenoukpo. «Ce sont des débats qui ne m’agrées pas moi parce que la majorité ne maîtrise pas bien ce qu’ils avancent» se désole  Blaise Topkassa,  un client du kiosque  et aide comptable dans une structure de la place.

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