(Où en sont les enquêtes?)
17 octobre dernier, cela faisait deux mois jour pour jour qu’Urbain Pierre Dangnivo, cadre du ministère des finances est porté disparu. Malgré la pression des syndicalistes et la bonne volonté affichée et clamée du gouvernement à faire la lumière sur ce dossier, on n’ignore toujours ce qu’il est advenu de lui. Une impasse qui renforce la peur et l’inquiétude que cette affaire à jeter sur le peuple béninois.
Parti de son bureau le 17 septembre au soir après une journée de travail consciencieusement accomplie, Urbain Pierre Dangnivo ne parviendra jamais à son domicile. Sur son chemin, il s’est trouvé des individus sans foi ni loi qui l’ont fait disparaître avec son véhicule Audi 80 de couleur. Deux mois déjà, que sa famille, ses collègues et le peuple béninois vivent dans l’angoisse. Nul ne sait s’il est toujours vivant ou s’il est mort. Face au silence du gouvernement au sujet de sa disparition, les syndicalistes ont dû hausser le ton. Des sit-in pieux animés par des prières de toutes les obédiences religieuses. Timidement, le pouvoir s’est réveillé. Rencontré, le chef de l’Etat Boni Yayi affirme ne pas être au courant mais également qu’il a aussi perdu une sœur de la même manière. Une commission judicaire est mise sur pied. Les syndicalistes exigent des comptes rendus réguliers. Rien n’y fit. Ils ont organisé des marches de protestation. Toujours rien. Alors, ils déclenchent des grèves de 72 heures jusqu’à ce que le disparu soit retrouvé vivant. Entre temps, les populations de Sè dans le département du Mono d’où est originaire le disparu manifestent et réclament leur fils vivant. C’est alors que le lundi 27 septembre 2010, le ministre de la justice annonce à la famille de Urbain Pierre Dangnivo avoir retrouvé le corps de ce dernier. Mais il fallait aller l’exhumer dans la bourgade de Womey dans la commune de Calavi. Prévue initialement pour 11heures de la matinée, l’opération se fera finalement sur le coup des 18 heures. Populations et hommes des médias étaient présents, caméras et micros au point. Dans ce périmètre archi sécurisé ce jour-là, les agents de la voirie de Cotonou sous la conduite du procureur de la République et du ministre de la justice, ont déterré un corps humain. Le procureur de la République oppose son veto à la famille et aux syndicalistes de voir le corps. Néanmoins, ce sera chose faite. Un des frères déclare déjà sur les lieux que le corps exhumé n’est pas celui de son frère. Alors même qu’il n’y a pas eu autopsie, ni test d’ADN, le procureur présente ses condoléances à la famille. Le ministre de la justice enfonce le clou en déclarant que la justice est sur une excellente piste. D’après ses propos, le présumé assassin a avoué le crime et indiqué qu’on lui a promis une forte somme. Jusqu’à aujourd’hui point de nom du commanditaire. On apprend qu’un certain nombre de gens dont une ex-femme du disparu et un chef féticheur sont sous les verrous. Deux plaintes sont sur la table du juge d’instruction. Le chef de l’Etat a fait venir deux médecins légistes (allemand et français) afin qu’ils procèdent à l’autopsie et aux tests d’Adn. Mais la famille Dangnivo qui n’est pas invitée par un juge s’y est opposée. Sur le plan social, la tension est à son comble. Le ministre de l’intérieur prend un arrêté interdisant toute manifestation publique au sujet de l’affaire Dangnivo. Ce qui n’était pas un vain mot. Car, une marche de protestation contre ledit arrêté organisée par une organisation de défense des droits de l’homme a été étouffée par une forte militarisation de la Bourse du travail avec un déploiement de char à l’appui. Promettant de paralyser tout le pays, les responsables syndicaux invités par le président ont dû laisser de côté leur projet avec l’intervention du clergé et certains sages. Aussi, des démarches sont-elles entreprises pour faire fléchir la famille Dangnivo en ce qui concerne sa position sur le test d’Adn. Il faut signaler qu’entre temps, les politiciens sont rentrés dans la danse. L’opposition prétextant de cette affaire, a organisé une gigantesque marche pour dit halte à l’insécurité.
La mouvance organise le même jour une contre marche. Des zélateurs du chef de l’Etat sont aussi passés sur des chaînes de télévision. Pour eux, un frère de Urbain Dangnivo était déjà porté disparu. Autrement, c’est un fait habituel chez les Dangnivo. Des déclarations qui ont suscité indignation et désapprobation. Surtout que ce sont de proches collaborateurs du président Boni Yayi. Aujourd’hui, cela fait deux mois trois jours que l’intéressé est porté disparu. Mais il est encore impossible d’avancer une quelconque explication à son sort. Il serait cependant utile que les résultats de l’autopsie et un point partiel des investigations soient faits au peuple béninois. C’est une question de crédibilité.
Benoît Mètonou