Pascal Todjinou à propos du projet de loi sur le droit de grève : «On veut assassiner la démocratie…»

Pascal Todjinou, Secrétaire général (Sg) de la Confédération générale des travailleurs du Bénin(Cgtb) était hier sur le plateau de l’émission Zone franche de la chaine de télévision Canal 3 Bénin. Le débat a porté sur le projet de loi sur le droit de grève introduit de « façon unilatérale » au parlement par le gouvernement la semaine dernière.

Invité hier sur l’émission « Zone franche » de Canal 3 Bénin, Pascal Todjinou, Sg de la Cgtb a commenté le projet de loi sur le droit de grève introduit la semaine dernière à l’Assemblée nationale par le gouvernement , en mettant un accent particulier sur les dispositions qui fâchent les acteurs du monde syndical et qui constituent une entrave à la démocratie. Il s’agit entre autre des articles 3, 4, 8, 9, 15. Ce sont des articles qui traitent de l’implication des syndicats dans les questions d’ordre politique, la procédure à suivre avant tout mouvement de grève.

De l’intervention de Pascal Todjinou, il ressort que l’action syndicale, en ce qui concerne la cgtb et pour beaucoup d’autres centrales syndicales, ne vise pas la conquête du pouvoir. Il explique que le Fdd qu’il a crée en 2006 à la veille de la présidentielle avait pour but de défendre la démocratie béninoise. « Avant l’élection présidentielle en 2006, on a crée le Fdd pour la défense de la démocratie et c’est ce que nous avons fait pour que Boni Yayi arrive au pouvoir. », a-t-il laissé entendre. « Si l’implication des syndicats dans la politique était interdite, a-t-il poursuivi, et que l’interdiction était réelle Boni yayi ne serait pas là aujourd’hui ». Toutefois, il pense que « les manifestations à caractère politique ne sont pas faites pour conquérir le pouvoir ». Pour le Sg de la Cgtb, Il y a, en fait des amalgames qu’il faut éviter. Et Lorsqu’une organisation syndicale apprécie une situation politique, cela ne veut pas dire qu’elle veut accéder au pouvoir politique.

En ce qui concerne l’article 4 qui traite de l’obligation de la négociation avant tout mouvement de grève, il n’y trouve aucun inconvénient. « On ne déclenche pas de grève parce qu’il faut en faire. C’est normal que lorsqu’il y a problème on négocie, c’est quant cela échoue qu’on utilise les voies de recours », a-t-il étayé. Il trouve que l’article 4 ne comporte pas trop de problèmes mais ce qui dérange à ce niveau, c’est le fait « qu’il faut obligatoirement des négociations ». Cela voudra dire, a-t-il commenté que tant qu’il n’y a pas eu de négociations, on ne va pas en grève. Pourtant il peut avoir des situations où l’autorité ne crée pas le cadre de négociation. En ce moment, la grève devient la seule voie pour se faire entendre. Selon lui « normalement après l’introduction de la motion de grève, l’autorité doit pouvoir immédiatement appeler l’organisation syndicale pour engager la négociation. Or si l’on considère, l’article 4 même si, par exemple, après plusieurs tentatives le ministre ne réagit pas, les syndicats ne pourront pas aller en grève (…) ».

De l’avis de Pascal Todjinou, de nombreuses dispositions de ce projet de loi visent à assassiner par tous les moyens la démocratie. Pour être réaliste Pascal Todjinou est d’accord « qu’il y a des organisations syndicales qui entreprennent des activités qui ne sont pas compatibles avec la notion syndicale ». Mais il a martelé que l’option prise par le gouvernement pour régler ce problème n’est pas la bonne.

Laisser un commentaire