Depuis quelques temps, des agents de la mairie de Cotonou ont enclenché une opération de déguerpissement des baraques installées au bord des voix de la ville. Selon eux, cette opération vise à rendre propre la ville en prélude à la visite du pape Benoît XVI dans les prochains jours au Bénin. Mais cette idée de déguerpissement, bien qu’elle soit appréciable comporte des insuffisances en son sein et suscite déjà beaucoup de problème au niveau de la population cotonoise. Rendre propre la ville de Cotonou c’est bon, mais la rendre propre sans faire des victimes serait encore mieux. Et pour cause, le problème de la propreté de la ville ne réside uniquement pas dans le fait de casser les baraques installées au bord des voix. S’il est vrai que cela contribue à la propreté de la ville, il n’en demeure pas moins vrai que cela seul ne suffit pas. Mais malheureusement, c’est cette seule option que les autorités de la municipalité de Cotonou ont choisi pour nettoyer la ville qui sert de métropole au Bénin. Pourtant, en dehors du déguerpissement, il y a plein d’autres choses qui peuvent être faites pour l’embellissement de la ville. L’épuration par exemple des caniveaux. Il n’est plus un secret de polichinelle pour tous les habitants de la ville que les caniveaux regorgent de beaucoup d’impuretés, source entre autres, des odeurs nauséabondes qu’ils dégagent. En dehors de ce problème, il existe aussi à côté, celui de la gestion des ordures. Au lieu de s’évertuer à faire des victimes en détruisant les baraques de la pauvre population, les agents de la mairie peuvent par exemple se charger de débarrasser la ville des ordures qui sont à chaque coin de rue et sur les trottoirs. Un tour sur le trottoir de la voix qui mène vers le marché st Michel en quittant le carrefour vêdoko, et le constat se fait aisément. Des exemples du genre sont légions dans la ville. De plus, les eaux de ruissellement qui stagnent un peu partout dans les ruelles de la ville sont aussi des sources de la mal propreté de cette dernière et normalement des solutions doivent être trouvées pour pallier ce problème.
Des victimes sans raisons
Le pire c’est que, malgré les nombreuses lamentations des populations qui sont victimes de la destruction des baraques, les autorités municipales persévèrent dans leur besogne. Elles avancent plusieurs arguments pour expliquer cet état de chose. Pour Flavien Cledjo le directeur de la police municipale, la destruction de ces baraques est la bienvenue. Et pour cause, selon lui, ces baraques, après avoir servi d’atelier le jour pour les propriétaires, se transforment la nuit en tanière de brigands. Si d’un côté, on peut accepter cet argument, de l’autre, on se demande si les kiosques en fer qui sont détruits servent aussi de tanière pour les malfaiteurs. Puisque ces kiosques sont fermés avec du cadenas. Ce qui est sûr, bien malin celui qui pourra répondre à cette question. L’autre argument que les autorités avancent est celui de la visite du pape Benoit XVI. Mais chose curieuse, dans son intervention le vendredi dernier dans le journal parlé de la radio océan Fm à 13h, l’abbé André Quenum qui est le président du comité d’organisation de l’arrivée du pape a affirmé que la destruction tout azimut des kiosques n’est pas due à l’arriver du pape au Bénin. Les agents de la mairie affirment souvent avoir averti les victimes avant de passer à la destruction de leur baraque. Mais les victimes eux disent qu’ils n’ont jamais reçu un quelconque avertissement avant le jour de la destruction de leur patrimoine.
La nécessité de la réinsertion des victimes
Le problème que les autorités municipales sont en train de créer peut-être sans le savoir est celui de l’insécurité. Et pour cause, s’il est vrai que l’un de leur objectif en détruisant les kiosques est de lutter contre les voleurs, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles sont en train d’en créer si aucune disposition n’est prise par elles. Et pour cause, imaginer un mécanicien, un soudeur ou tout autre artisan qui se retrouve du jour au lendemain au chômage après la destruction de sa baraque. Celui-ci à toutes les chances de se convertir en braqueur si la mairie n’a pas prévu un plan de réinsertion des victimes dans la vie professionnelle. Et si ce n’est pas le cas, les autorités peuvent s’attendre à ce que l’insécurité connaisse un accroissement exponentiel. Les autorités sont appelées à prendre leur responsabilités afin d’éviter l’augmentation des braquages.
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