Les propriétaires de Calavi font de la spéculation sur les loyers

A l’image de Cotonou, Calavi devient au fil du temps une ville où les loyers connaissent une montée vertigineuse. Cette situation serait due à l’avènement de l’autoroute.

 

 «Depuis 5 mois, mon loyer est passé de 5000F à 10 000F soit le double de ce que  je payais depuis 10 ans que je vis dans cette maison. Une maison sans clôture, sans douche, sans électricité et au toit vieillissant, troué par endroits et située à 800 m environ de l’autoroute», confie  Dame jeannette, vendeuse de pain dans la Von de «Sos village d’enfants». Et à Blaise, jeune enseignant vacataire dans quelques collèges de la ville et logé à 100m de chez elle de renchérir : «Il y a deux ans, mon loyer est passé de 12 500F à  15000F.Et actuellement je paye 18 000F pour une chambre et un salon d’une superficie de 12m2 sans qu’il y ait une rénovation de la maison». Dans le même sens, Jaurès un agent immobilier communément appelé  démarcheur explique que la construction de l’autoroute a été l’élément déclencheur de la hausse des loyers en provoquant une ruée d’habitants de Cotonou vers Calavi. «L’autoroute  a changé l’image que les gens se faisaient de Calavi, et les propriétaires en profitent pour augmenter les loyers». Pour lui, il existe deux types de zones en matière de location de maison à Calavi. Les zones inactives loin de l’autoroute dont Houèto, Vèdo, Glo et environs et les  zones actives proches de l’autoroute dont Godomey, Agori, Tankpè, Zoka, Zogbadjè près du campus où les activités économiques se développent aisément. C’est dans celles-ci que le coût du loyer s’est accru avec la  construction de l’autoroute. Selon le type de chambre, le loyer varie de 15000 à 35000 F Cfa pour des habitations ordinaires dont le maximum n’excédait pas 18 000 F Cfa et de 30000 à 60000 F Cfa voire plus pour les habitations dites, sanitaires dont le maximum était en dessous de 40000 F Cfa. Mieux, avec les étrangers, les loyers sont extraordinairement chers  sans qu’ils ne s’en plaignent. Ce qui complique la tâche aux nationaux. Quant aux boutiques, les Nigérians ne ménagent pas leur bourse au grand bonheur du propriétaire insatiable.  Les prix varient aussi selon le type de boutique -dallée ou en toit métallique- et selon la superficie. Pour les types non dallées, le prix est entre 8000 F Cfa et 15000 F Cfa. Le prix de celles de type dallé est compris entre 15000 et 45000 F Cfa au minimum.

Le coût élevé des matériaux de construction

Approché, julien Atrokpo, vendeur de matériaux de plomberie à Kpota affirme que «les prix des matériaux de plomberie ont augmenté et ceci pourrait justifier la situation». «Si on remonte à deux ou trois ans environ, les matériaux de plomberie étaient évalués à près de 150000 F Cfa pour une chambre et un salon ordinaire mais actuellement il faut au moins 250000 F Cfa» poursuit-il.

Non loin de sa boutique, Cyril Délou, employé d’une quincaillerie de la place témoigne que les matériaux de construction ont augmenté de prix. « Une tôle qui se vendait à 22000 F Cfa le paquet, il y a 3 ou 4 ans est actuellement à 45000 F Cfa et c’est le moindre coût ». D’après lui, cela ne justifie pas la situation. «Les propriétaires en font de trop. Ils ne peuvent pas vouloir récupérer leur investissement dans l’immédiat, puisqu’une construction est érigée pour durer dans le temps». Un autre acteur de bâtiment, Benoît, maître maçon, confirme l’exagération des propriétaires. Pour lui « la main d’œuvre et les matériaux de construction ont certes augmenté de prix, mais une maison n’est pas faite pour durer un an » et montrant du doigt une maison en face de son chantier : « cette maison a au moins 10 ans de vie et le propriétaire continue d’en jouir ». D’après Benoît «si on devrait consentir une hausse du loyer, le surenchérissement ne devrait pas dépasser 1500 F Cfa pour ces deux dernières années. Mais  actuellement, chacun fait comme bon lui semble».

L’évidence de la situation a été confirmée par le sieur Clément, un propriétaire, la soixantaine environ et habitant Zogbadjè dans les encablures de l’Uac : «mes locataires payaient 12500 F Cfa pour ‘’une chambre et un salon ordinaire’’ il y a 3 ans mais actuellement ils payent 15000 F Cfa. Par contre en face de chez moi, des locataires payent plus, pour pratiquement la même construction».

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