Nuit du samedi 14 au Dimanche 15 janvier 2012. Il est 00h 00mn à la station service mrs de Calavi Kpota. Le mariage entre le vent de la journée finissante du samedi et celui de la journée du dimanche qui débute donne une fraicheur particulière à l’air. Ce vent froid et intense de l’harmattan n’a pas empêché des centaines de personnes d’être en attente dans le rang depuis des heures pour s’approvisionner en essence. Ici, on a des étudiants, des fonctionnaires, des conducteurs de taxi moto ou zémidjans, des citoyens ordinaires qui, soit ont passé toute la journée à sillonner en vain les stations services, soit connaissent une panne sèche ou veulent faire le plein de leur réservoir pour éviter le chemin de croix de la journée. Pour une station service qui, avant la crise, était déserte et même fermée à une heure pareille, on aperçoit deux longues files d’attente. La première, celle des motocyclistes, longue de plus de deux cent mètres s’étend jusque dans la von de la brigade de gendarmerie. Celle des voitures moins longue, obstrue tout de même le passage sur le trafic local. Les pompistes, l’air fatigué s’évertuent à satisfaire les clients. Au fur et à mesure que les rangs évoluent, de nouvelles personnes arrivent. Pour vaincre la fraicheur et l’attente, on s’adonne aux commentaires. Certains racontent leur mésaventure de la journée, d’autres des histoires pour amuser la galerie et les autres donnent, selon leur niveau de compréhension, leur appréciation de la situation. Certains conducteurs de moto, somnolent de temps en temps. L’on avance un peu plus vers 1h du matin. Entre deux commentaires, on ne cesse d’invoquer le nom Dieu pour qu’il n’y ait pas rupture ou que les pompistes ne décident d’arrêter le travail avant que l’on soit servi. Et pour cause, certains motocyclistes apparemment dans le secret des dieux informent que la station ferme à 1h. Il est 00h 48 minutes. Ce que beaucoup redoutait arriva. Les pompistes disent être éreintés et doivent par conséquent fermer pour reprendre le service à 7h. Vives réactions chez les clients qui pour certains attendaient dans les rangs depuis des heures. Si certains fustigent le manque d’humanisme des pompistes, d’autres reconnaissent qu’ils se sont assez échinés à assurer le service pendant toute la journée. Les clients mécontents profèrent des injures à l’endroit des pompistes pour manifester leur colère. Les autres attendent toujours et continuent de les supplier. Les pompistes font le point, rangent et ferment. Il est 1heure 00.