Galère et adaptation chez les vendeurs de «Kpayo»

La décision du gouvernement nigérian de mettre fin à la subvention de l’essence a crée une crise de l’essence au Bénin, impactant le secteur informel où la vente de l’essence frelatée encore appelée « Kpayo » constitue le gagne-pain de nombreuses familles. Ces derniers vivent de diverses manières la situation. Assise dans son salon en compagnie de son époux, la main gauche sur le menton, Angéline K. vendeuse d’essence frelatée appelée « Kpayo » émet quelques appels téléphoniques à certains fournisseurs. Ils sont tous infructueux. Pour la journée comme c’est fréquent depuis plusieurs jours, elle n’aura pas de carburant à revendre. Sur son visage, on lit la déception. « La situation est grave, on en trouve pas », se confie-t-elle. Il est 09 heures du matin. Nous sommes au quartier Tankpè parana dans la commune d’Abomey-Calavi. Habituellement à cette heure, Angélique et sa fille sont devant leur kiosque de vente de « Kpayo » au bord de la voie qui mène du quartier Agori au quartier Tankpè pour s’assurer leur gagne-pain. Ils sont nombreux les vendeurs de « Kpayo » qui se sont retrouvés dans la même situation qu’Angélique depuis que la décision du gouvernement nigérian de suspendre à partir de Janvier 2012 la subvention de l’essence créant au Bénin « la crise de l’essence ». « On n’arrive pas à manger, c’est ça qui donne à manger à mes enfants », poursuit Angélique. « Le pays est dur, on ne comprend plus rien », renchérit une autre vendeuse de Kpayo installée à quelques pas du kiosque d’Angélique. Elle, contrairement à la première, dispose de produit à revendre. Seulement, selon ses explications elle a acheté le bidon de 50 litres chez l’un de ses fournisseurs revenu du Nigéria à la veille à 45 000 Fcfa. Elle est obligée de vendre le litre à 1000 Fcfa pour réaliser un peu de profit afin de garantir sa survie et celle de sa famille. Mais, la majeure partie des motocyclistes interrogés préfèrent aller faire le pied de grue dans les stations services, et même jusqu’à très tard dans la nuit pour acheter le litre d’essence à 580 fcfa que de le prendre à 1000 Fcfa ; le triple du prix auquel ils l’achetaient habituellement.

Adaptation et reconversion?

Face à cette situation qui ne favorise pas la pratique et la floraison de la vente d’essence frelatée, les vendeurs de Kpayo réagissent de diverses manières. Certains s’approvisionnent dans les stations services pour ensuite le revendre. C’est le cas d’Eric rencontré dans les environs du carrefour Vedoko. « On connaît des gens dans certaines stations qui nous permettent d’avoir l’essence pour pouvoir le revendre », avoue-t-il. « Mais si le prix est souvent trop élevé comparativement à celui pratiqué dans les stations, c’est du aux dépenses qu’on effectue. Il faut payer celui qui reste à la station jusque tard dans la nuit pour pouvoir nous obtenir le carburant, il faut aussi payer celui qui le transporte », explique-t-il. « Le bénéfice qu’on réalise actuellement est très minime. Mais je continue de vendre pour ne pas dilapider mon capital », ajoute un autre détaillant de Kpayo rencontré sur le pavé qui mène du carrefour La vie de Vêdoko à Sainte Rita.

Si certains vendeurs font toutes les gymnastiques pour tenir le coup, d’autres réfléchissent déjà à leur reconversion si le gouvernement nigérian ne revient sur sa décision. Dovenon Félicien, l’époux d’Angélique envisage rentrer au village pour pratiquer l’agriculture. Eric et Georges qui ont appris respectivement la ferronnerie et la photographie pensent y retourner. A côté, ceux qui ne veulent pas entendre parler de retour à la terre et qui ont pour seul débouché la vente du Kpayo, ne savent pas pour le moment ce qu’ils deviendront.

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