Depuis plus d’une semaine, le pétrole est devenu une denrée rare. Les populations rurales subissent durement les contre coups de cette flambée. Et pour cause, les stations y sont très rares, voire inexistantes. Et souvent les villageois ont pris l’habitude de recourir à l’essence frelatée du Nigéria qui entre au Bénin par les circuits de la contrebande. Dans les communes de Dangbo, d’Adjohoun et de Bonou et de Ouinhi, les stations peuvent être comptées au bout des doigts et les populations sont contraintes à prendre l’essence frelatée dont le prix varie entre 800F et 1200F dans la région. Sunday Zannou, paysan à Aïzè, petit village de la commune de Ouinhi mais qui a ses champs à Massè dans la commune d’Adja-Ouèrè à quelques kilomètres plus loin, doit repenser son mode de vie. Il a choisi de laisser sa moto Bajaj qui lui permettait d’avaler rapidement les dizaines de kilomètres qui séparent sa maison et ses champs. « Je ne peux pas sortir plus de 1000F de ma poche tous les jours que je dois aller au champ pour acheter le carburant. Avant, ça me revenait à 300F au plus et j’avais du mal à payer », déclare-t-il. Alors comme beaucoup d’autres villageois rencontrés dans ces communes, il s’adonne à la marche, se lève très tôt pour faire ces nombreux kilomètres. « Nos pieds sont note premier moyen de déplacement avant que le blanc ne fabrique des motos », confie-t-il fièrement. Chose pas facile surtout que beaucoup parmi eux, ont abandonné les longues randonnées pédestres depuis des années pour conduire des motos achetées au Nigéria. D’autres encore, et c’est les plus nombreux, font recours aux vélos abandonnées au fond des chambres. On les voit les trimbaler, à la recherche d’un réparateur pour mieux huiler les roulements, la chaîne, régler de petite panne ou chercher un petit vulcanisateur pour mettre de l’air dans des pneus dégonflés ou crevés. Faute de carburant, les activités économiques tournent au ralenti. Certains paysans ne vont plus au champ. Sur la place des marchés, la mévente s’installe. Sur le marché de Mowodani dans la commune d’Adja Ouèrè, les vendeuses n’arrivent à vite faire couler les denrées faute d’acheteurs. Moudja, vendeur de maïs nous confie que c’et à cause de la flambée du prix de l’essence que les acheteurs qui viennent souvent de Porto-Novo et de ses périphéries ne sont pas venus nombreux au marché. Il espère qu’au Nigeria, le gouvernement revienne sur sa décision sinon « beaucoup de personnes vont mourir de faim ».