«C’est une réforme de lâcheté condamnable», dixit Me Djogbénou
L’avocat au barreau de Cotonou et Agrégé de droit privé, Joseph Djogbénou a des réserves sur le projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 du Bénin. Il a souligné ses craintes dimanche 18 mars 2012 sur l’émission «Cartes sur table» d’Océan Fm.
Le processus devant conduire à la révision de la Constitution béninoise serait animé dans une véritable opacité. Me Joseph Djogbénou a fustigé «l’opacité de la méthode» adoptée par le gouvernement dans cette réforme qui «devrait réunir tout le peuple». Invité hier sur l’émission «Cartes sur table» il a fulminé : «La réforme qu’on est en train de projeter n’est ni transparente, ni translucide. La méthode est condamnable». A l’en croire, les concertations organisées par certains politiques au sujet de la révision visent à mettre le citoyen à l’écart des débats publics. «Le texte déposé par la Commission Ahanhanzo-Glèlè a été considérablement amendé par le gouvernement. On a pu observer des déséquilibres fondamentaux», a par ailleurs laissé entendre l’invité. Etayant ses propos, il a confié que selon les nouvelles dispositions contenues dans le projet de Constitution envoyé au Parlement, la Cour constitutionnelle pourrait désormais rendre exécutoire la loi de finances en cas de blocage à l’Assemblée nationale. De plus, la Cour suprême pourra être subordonnée à la Haute juridiction. Selon le Professeur Joseph Djogbénou, ces dispositions devront porter entorse à la démocratie béninoise, si elles sont intégrées dans la Constitution. «C’est une réforme de lâcheté condamnable. Modifier plus de 70 articles sans organiser de débat public, il y a lieu de s’inquiéter au regard de ce qui se passe dans la sous région», a-t-il ajouté. L’invité d’Océan Fm de ce dimanche a également réagi par rapport au vaste projet de construction d’infrastructure hôtelière devant emporter le Plm Alédjo, l’hôtel ayant abrité la Conférence nationale de février 1990. «Je suis contre la vente du Plm Alédjo… Je demande aux citoyens de se constituer en association pour défendre les acquis de la conférence nationale», a-t-il fait savoir. Sauvons le patrimoine… Nous pouvons en faire un joyau touristique», a-t-il martelé. Pour l’avocat, c’est un patrimoine culturel national désormais inscrit dans l’histoire politique nationale qu’il faut protéger. «Il vaut mieux le transformer en un musée», a déclaré Maître Djogbénou.
Arthur Sélo