L’ancien chef de mission de la juridiction du Benelux, avec Bruxelles la capitale belge pour base arrière, n’échappe pas aux griefs formulés quant au management des biens, ressources et personnel de la plupart de ses collègues, présentement ou ayant été en poste dans la diplomatie du Bénin à l’étranger.
C’est au cours de la réunion hebdomadaire du comité de direction (CODIR) de l’ambassade du Bénin près les pays du Benelux, réunion tenue le lundi 26 mars dernier, que des informations de nature à faire s’indigner plus d’un ont été ébruitées jusqu’à nous parvenir. Et nos sources, bien introduites et généralement fiables, de rapporter qu’à l’occasion, le chef de la Chancellerie, Toussaint Honfo, s’est indigné de «l’état de décrépitude dans lequel se trouve actuellement l’immeuble de la résidence de l’ambassadeur» que l’on dit avoir été rénové à grands frais mais qui tombe déjà en ruine. D’autres voix se seraient également élevées, qui pour déplorer la mauvaise qualité des matériaux de construction, qui pour fustiger la gestion faite des fonds d’un montant de plus de 900.00 euros, soit près de 600 millions de F CFA mis à la disposition du projet de rénovation de ladite résidence.
«Pris de vitesse, l’ambassadeur en exercice a dû se résoudre à reconnaître que les travaux n’ont pas été bien menés», avons-nous appris. Des clarifications apportées par les uns et les autres au Codir, on a su que c’est un certain Désiré Adjahi, lui aussi diplomate et surtout, ministre conseiller en poste à Bruxelles du temps de la rénovation du bâtiment et plus tard passé chargé d’affaires par intérim, qui a été l’empêcheur de tourner en rond ayant sollicité le ministère de tutelle (affaires étrangères) à Cotonou «d’envoyer une commission mixte aux fins de procéder à la réception provisoire du bâtiment pour ne pas avoir à assumer la responsabilité du constat des malversations qui pourraient se révéler a posteriori». Des malversations, il semble y en avoir au sujet de ce projet. Et les faits qui l’attestent de se décliner comme suit.
On se souvient qu’en 2007 le gouvernement de Boni Yayi opère un vaste mouvement aux Affaires étrangères avec pour chef de la diplomatie Moussa Okanla. Ce dernier adresse aux autorités du royaume de Belgique, la note verbale confidentielle n°1042-c/maeiafbe/sgm/da/sp-c du 27 juillet 2007 pour leur notifier la fin de mission de l’ambassadeur ayant servi à ce poste de janvier 2002 au 06 août 2007. La note désigne, comme cela est de coutume, le chargé d’affaires ad intérim en la personne du sieur Désiré Auguste Adjahi, ministre conseiller, en attendant la nomination et la présentation des lettres de créance du nouvel ambassadeur.
En exécution de la lettre confidentielle n°1080/MAEIAFBE/DC/SGM/DA/SP-C du 3O juillet 2007 qui lui a été personnellement adressée par Moussa Okanla, l’ambassadeur, à son tour, informe par une série de notes verbales datées toutes du 03 août 2007, de la fin de sa mission les pays et institutions (royaume de Belgique, Grand-Duché de Luxembourg, royaume des Pays-Bas et Saint-Siège, le Conseil de l’Union européenne, le secrétariat du groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Acp) ainsi que les organisations internationales), près desquels il était accrédité.
Sur son initiative, il fixe la date de remise de ses pouvoirs au chargé d’affaires et lui passe service, début août 2007, au cours d’une cérémonie qui se déroule sans faute, devant le personnel de l’ambassade réuni. Mais sitôt le cérémonial terminé, l’homme aurait refusé de se retirer de l’ambassade et se réinstalle dans son bureau et n’arrête pas de diriger l’ambassade, ignorant royalement le chargé d’affaires ad intérim et désormais représentant légal de l’Etat du Bénin ci-devant l’Eternel dans la juridiction.
Entretemps, un contrôle réalisé à postériori par ce dernier auprès de la banque où l’ambassade avait domicilié ses comptes, aurait révélé des différences considérables avec les soldes transcrits dans le procès verbal de passation de service, sans qu’aucune mention préalable des chèques en circulation n’y figure. Les chèques tirés sur le compte sont datés pour compter du 06 août et vont au-delà.
Dans un souci de compte rendu, Désiré Adjahi adresse au ministre des affaires étrangères, la lettre n°1054/ABB/07/CM/MC/API/SP-C-c du 14 septembre 2007, avec copie des chèques d’un montant avoisinant les 37.000 euros, soit 24.272.000 F CFA tirés sur l’ensemble des comptes, à l’insu du chargé d’affaires.
Apparemment, cette correspondance n’a eu aucun effet et après un mois d’un tel cafouillage, son auteur se résolut à reprendre en main la direction de l’ambassade, en invitant l’ex-ambassadeur à se faire représenter afin qu’il soit procédé à l’inventaire puis à la fermeture de son bureau pour voir clôturer sa gestion. Rien n’y fit. Notre ex-ambassade lui signifie le contraire et promet de ne quitter les affaires qu’une fois rentré au pays.
Face à une telle outrecuidance, le chargé d’affaires procède finalement à la fermeture des bureaux de l’ex-ambassadeur dont l’attitude pousse à se demander pourquoi il ne voulait pas se dessaisir des leviers de commande de l’ambassade, même après une passation de service en bonne et due forme.
On saura plus tard que la gestion pas tout à fait orthodoxe du programme d’investissement public (PIP) d’un montant de 900.000 euros (près de 600 mille F CFA) destiné à la rénovation de la résidence de l’ambassadeur, sise à Waterloo N°2, Avenue des Chasseurs, conduite par le chef de mission sortant, ne devait pas échouer aux mains du chargé d’affaires dont «la droiture, a-t-on appris, n’était pas pour plaire».
Au départ de l’ambassadeur en fin septembre 2007, le chargé d’affaires, dans un souci de transparence, sollicite de son ministre de tutelle qu’il veuille «bien faire dépêcher une mission interministérielle comprenant celui des finances et des affaires étrangères aux fins de procéder à la réception provisoire des travaux et déterminer leur niveau des réalisations».
A suivre, dans la prochaine parution, le résultat des travaux de la commission interministérielle dépêchée sur place à Bruxelles, depuis Cotonou.
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