Le terme « hyper président » a été utilisé pour la première fois ces cinq dernières années par les médias français , pour qualifier Nicolas Sarkozy. Omniprésent dans tous les domaines, Premier ministre, ministre de l’Intérieur, des Affaires étrangères…etc .
Il s’occupait de tout et faisait de l’ombre à tous ses ministres et surtout au premier ministre Fillon dont la presse se gaussait en des termes peu amènes. Hyper- président, Nicolas Sarkozy l’a été aussi , chaque fois que la France a pris la tête du G8 ou du G20.Avec la complicité des médias français prompts à célébrer chacune de ses interventions, il se présentait comme « le président du monde » supplantant l’américain Barack Obama ou la chancelière allemande pourtant très populaires dans leur pays et même dans le monde. On a pu comparer le président Yayi à Nicolas Sarkozy, à la même époque. Même omniprésence dans tous les domaines. Même façon de traiter les ministres. Lui va plus loin que son « maître à penser ». En plus de les faire convoquer à temps et à contretemps pour des conseils des ministres ordinaires et extraordinaires, il intervient directement dans la nomination des premiers collaborateurs de ses ministres , démet directement ceux d’entre eux qui ont commis des impairs les plus anodins, annonce directement à la télévision des décisions qui relèvent du conseil des ministres avant même leur tenue. Comme cette décision d’augmenter le montant des fonds alloués à la micro-finance, lors d’un meeting géant avec les femmes bénéficiaires. C’était au cours du premier mandat. Tout cela a pu susciter des sentiments contrastés, les uns approuvant ce président qui était sur tous les fronts, les autres critiquant l’improvisation permanente et cette dispersion des forces préjudiciable à la bonne gouvernance du pays. L’hyper président est aujourd’hui sur un nuage et, fort de son titre de président en exercice de l’Ua, il doit se prendre un peu comme « le président de toute l’Afrique ? »
Comment comprendre autrement ce qui se passe ces derniers temps et surtout ces dernières heures dans la gouvernance au sommet de l’Etat ? Il semble que notre président a franchi le Rubicon de l’Etat de droit laborieusement mis en place depuis les années 90. Pour la première fois depuis l’ère du Renouveau démocratique, le chef du gouvernement en personne pose des actes pour le moins insolites. Il annonce, à la surprise générale , la suspension d’un contrat signé moins d’un an plus tôt avec un opérateur privé. Cela ,après des conseils des ministres successifs, ponctués par des communiqués au ton comminatoire, et des déclarations menaçantes d’un ministre du gouvernement et des avocats spécialement commis pour, qui viennent clamer que l’Etat a le droit de mettre fin à tout contrat ,dès lors que l’intérêt national est en jeu. Intérêt général mon œil !Et les affaires Icc et Cen sad ? Quid des préjudices financiers(les engagements pris par l’opérateur auprès des partenaires ), des conséquences sociales en terme de perte d’emploi pour des centaines de milliers de jeunes, en ces temps de chômage endémique? Quid du climat des affaires qui résulterait de la perte de confiance en cet Etat dont le chef se comporte comme un roi capricieux qui manie le bâton pour effrayer ses adversaires ?Et, Comme si cela ne suffisait pas , l’opérateur économique a été mis aux arrêts dans des conditions rocambolesques , déféré devant le procureur puis relaxé moins de 48 heures plus tard, pour complément d’informations… que le procureur attend toujours.
Puis, last but not the least, ce sont les deux dernières nouvelles tombées le weekend :la saisie des intrants stockés par l’opérateur toujours le même, dans ses magasins d’Allada et l’arraisonnement des navires chargés d’intrants, appareillés par le même homme d’affaires. Toutes ses opérations ont été menées manu militari , au sens propre du terme. Car ce sont des militaires qui ont été convoyés sur les entrepôts d’Allada et ce sont les soldats de la Marine nationale qui ont tenté d’arraisonner les navires et ce, dans un pays qui n’est pas en état d’urgence ni en guerre. Qu’est-ce qui justifie cette escalade ? On sait que le gouvernement a le dos au mur. L ‘année blanche cotonnière se profile à l’horizon avec le risque de ne pas avoir les intrants à temps. Dans les champs de coton, la colère gronde .Mais le gouvernement n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Comment en pleine campagne cotonnière, a-t-il pris le risque de dissoudre les deux associations professionnelles qui contrôlent la filière cotonnière sans la mettre en péril ? En pareilles circonstances, un gouvernement responsable devrait choisir de négocier avec l’opérateur économique, quitte à prendre des dispositions idoines pour les campagnes à venir.C’est pourquoi, les deux opérations commando contre les entrepôts et les navires s’apparentent ni plus ni moins à du gangstérisme d’état. Hier, c’était l’usine d’égrenage d’un autre opérateur économique qui avait été réquisitionnée sans ménagement avec le concours des mêmes forces armées et dans l’indifférence quasi générale. A qui le tour demain ? Et qui arrêtera cet hyper président qui a compris depuis une certaine Lépi et son Ko mystérieux de triste mémoire que seul, le passage en force peut avoir raison d’un peuple aussi rebelle que celui du Bénin ? Il y a maintenant péril en la demeure !
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