Dix-sept Etats seront représentés aux obsèques, le 10 août prochain, du défunt président ghanéen, John Evans Atta Mills, décédé le 24 juillet dernier. Le vice-président John Mahama Dramani, nouveau locataire du Golden Jubillee Palace, assure l’intérim.
Le chancelier de l’ambassade du Ghana près le Bénin, McArious Akambong, fait l’état des lieux de la situation qui prévaut actuellement au Ghana et présente le programme de Cotonou.
Quelle est l’ambiance au Ghana après l’annonce de la mort du président John Atta Mills?
Je pense que c’est un grand choc et par conséquent la plupart de la population a du mal à accepter la réalité à laquelle nous faisons face. Même si nous étions avertis que le président n’était pas vraiment en bonne santé, nous n’avions pas pensé que la mort viendrait le séparer de nous, parce qu’il venait juste d’annoncer le début de sa campagne présidentielle, après avoir fini les traitements médicaux qui nous laissaient croire qu’il allait bien mieux. Derrière cette bonne nouvelle était caché le suspense qui vient de créer une ambiance de tristesse au Ghana. Néanmoins la mort du président était une opportunité pour les différentes religions, ethnies et partis politiques de s’unir pour que tout se déroule en paix. C’est en fait la première fois qu’une telle union règne dans le pays. Il faut noter que c’est la première fois que le Ghana perd un président de la République en exercice. C’est un grand défi pour le Ghana qui veut toujours maintenir une bonne image, donc pour ce fait chacun essaie de donner sa contribution. La meilleure contribution qu’offre la population est de garder une bonne ambiance même si beaucoup sont dans la tristesse.
Quelle sont les risques politico-économiques que le Ghana court après la mort de son président?
Quand un pays comme le Ghana perd un président qui symbolise la paix et l’unité, ça peut engendrer la déstabilisation telle que les conflits politiques, religieux et ethniques. De plus, si un pays ne jouit pas de la stabilité politico-économique et des institutions fortes, la mort d’un président pourrait donner naissance à un coup d’état, à la réticence des bailleurs de fonds à investir dans le pays, à des détournements et autres, mais heureusement ça n’a pas été le cas. Les hommes d’affaires, les bailleurs de fonds continuent d’investir comme si de rien n’était. Nous arrivons facilement à gérer notre économie parce qu’à part le fait que les institutions sont fortes, les pouvoirs parlementaire, exécutif et judiciaire ainsi que les médias respectent leurs limites et appliquent la Constitution comme prévu. Le président par intérim, John Dramani Mahama favorise la gestion de l’Etat. Etant le vice-président d’Atta Mills et du même parti politique, ils ont les mêmes visions. Malgré la crise économique dans le monde, Atta Mills a conduit le Ghana dans un progrès économique de 14% pendant les trois ans passés. Cette année, malgré les difficultés, nous avons connu 9% de progrès. Si ce n’est pas le flottement de notre monnaie on allait fait une meilleure prestation.
Du point de vue politique, notre commission électorale est indépendante, par conséquent, nous irons à l’élection en décembre comme prévue.
Quels sont les effets sur les échanges entre le Ghana et le Bénin après la mort du président John Atta Mills?
Il faut noter que la dernière visite qu’un chef d’Etat ait rendue au président ghanéen cette année était celle de Boni Yayi le 11 mai, avant sa mort le 24 juillet. Pendant cette visite, ils ont échangé sur diverses formes de collaborations entre les deux pays. L’accent était mis sur l’augmentation de la quantité d’énergie électrique que le Ghana fournit au Bénin. Ensuite ils ont parlé de la réactivation de la commission conjointe permanente entre les deux pays. A la fin de cette visite le président Atta Mills devait assister à la célébration de l’Indépendance du Bénin par l’invitation de son homologue Boni Yayi.
Le Bénin par son président, est aussi le premier pays à avoir rendu visite au Ghana pour la présentation de condoléances suite à la mort de notre président. Au regard de tout cela, le Ghana reste reconnaissant et continue de considérer les accords des deux pays. Je suis sûr que le Bénin sera fortement représenté ce vendredi lors de l’inhumation de notre président. Le président par intérim a juré de continuer avec les projets d’Atta Mills et ceci veut dire que rien n’a changé ; il vise à établir une relation plus forte entre les deux pays.
Quelle est la contribution de l’ambassade du Ghana près le Bénin face à la mort de son président?
Ce vendredi soir (le 10 août, ndlr) à 20h, nous avons prévu un programme en mémoire du feu président John Atta Mills. Il y aura plusieurs manifestations culturelles et d’autres phases ; nous attendons aussi quelques compatriotes venant du Ghana, des groupes de chant, de danse, etc. Nous avons ensuite le matin du samedi 11 l’action de grâce à l’église de la Foi agissante de Ganhi. Nous invitons l’autorité béninoise à nous assister moralement.
Propos recueillis par : Maxwell Christopher