Le coup de poker d’Azannaï !

Nous revoilà au deuxième rendez vous de verbatim. Après celui du Chef de l’Etat le 1er Août, c’est l’honorable Candide Azannaî qui retient ici notre attention par son émission « Zone Franche » du dimanche 26 Août dernier.

Publicité

 Si en moins d’un mois, votre rédaction a été obligé de faire recours à cet exercice professionnel combien difficile c’est apporter notre modeste contribution à l’éveil citoyen dans un pays où le recours permanent à l’abrutissement du peuple et à la manipulation des masses semblent devenir les seuls moteurs du rayonnement républicain. Dans un tel contexte, l’intervention d’un député, fût-il de la race des « aigris » ou des « ingrats » de la république mais qui a, dans une rhétorique aisée, dit des choses assez sensibles et graves sur le Chef de l’Etat et sa gestion ne peut passer inaperçu. Il ne saurait l’être lorsque l’intervenant, ministre du président Yayi jusqu’au mois de Mai 2011, est et se réclame encore de député de la majorité présidentielle. Et donc, en tant que tel, il partage la même obédience politique que lui avec la nuance que lui-même ajoute en disant qu’il est de la «mouvance critique». Comment passer sous silence un tel acte de bravoure d’un député qui ose faire autant de diatribes à l’endroit du Chef de l’Etat avec lequel il partage la même famille politique et après le passage sur un plateau de télévision d’un sinistre avocat qui, sur un plateau de télévision, met en garde les détracteurs du Chef de l’Etat sur les risques qu’ils courent en le critiquant. Azannaï a bravé toutes ces intrigues, comme il s’est soustrait à la misère intellectuelle ambiante qui ronge les hommes politiques qui ont des atomes crochus avec les Fcbe et qui les inhibe à explorer des chantiers politiques nouveaux. C’est tout cela qu’Azannaï a défié. Seul son courage lui a suffi pour relever, dans une république où de plus en plus, la paix s’obtient au nom de la peur de parler et de dire la vérité, le défi de dire des choses sérieuses. Et même si on peut déplorer un peu, dans cette intervention, les excès, dans l’ensemble le député de Cotonou a tenu bon au cours de l’émission.

En revenant aux propos tenus et aux déclarations faites par Candide Azannaï, il y a lieu de saluer ce courage. Morceaux choisis : «Il faut lui dire, parce que vous allez comprendre ce que ça veut dire, il faut lui dire que cet entretien est mauvais, dommageable, dangereux pour la république et pour la communauté internationale ». Voilà aussi une autre déclaration qui accuse le Chef de l’Etat : « C’est pas moi qui l’ai écrit. Le chef de l’Etat, sa signature est bel et bien là. Signature de Yayi Boni. A partir de ce moment là, l’affaire est réglée. Et mieux, le chef de l’Etat dit au secrétaire du gouvernement qui aurait dit, qui lui aurait «tu es un homme mort». L’homme mort est où ? Demandez-moi où est-ce qu’il est maintenant ». Et celle-ci est plus grave : « Ce discours, cet entretien, il aurait pu le faire en privé. Soit à Tchaourou, soit à Cadjèhoun, dans sa maison en privé avec des amis, en famille, ça ne me gênerait pas. Mais le faire à partir de la présidence de la République avec le drapeau béninois derrière. Il a parlé comme un chef de clan. Il n’a pas parlé comme un président de la République. Et c’est ce que je condamne chez lui. Parce que ça emmène, et ça l’emmènera un jour à la Cpi, à la Cour pénale internationale. Bien sûr. Ce n’est pas bon. Ce n’est pas bon. Je ne veux plus ces discours ».

Autant de déclarations et d’accusations contre premier magistrat du pays. Chose curieuse, l’envolée verbale qu’a suscitée cette intervention du député n’a pas encore permis au peuple de trouver des réponses à ces accusations. Les nombreux thuriféraires du regime qui nous servi ces derniers jours des vacarmes nuisibles à nos tympans, se sont tous pris à la personne de l’honorable Azannaï. Depuis ce dimanche, plusieurs déclarations pleuvent mais aucun des détracteurs d’Azannaï n’a eu la présence d’esprit, si non le courage de contredire Azannaï sur ses déclarations ou de répondre au nom du Chef de l’Etat. Tous ont esquivé habillement et maladroitement les déclarations. Maintenant ainsi le peuple dans le doute et l’ignorance et augmentant davantage les inquiétudes sur la gouvernance Yayi. Azannaï aura eu ce courage là. Celui de dire tout haut ce que bon nombre de Béninois pensent tout bas. Et au-delà de quelques excès inacceptables d’un homme de la majorité politique, son courage aura apporté un plus à la république. Dans un monde où tout le monde a peur, le courage peut devenir à lui tout seul, un facteur d’héroïsme. Azannaï a bien joué sa partie de poker.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité