Epiphane Kpossi Bhêly Quenum ou la radioscopie d’un opportuniste

Disons-le d’emblée. L’intervention du député Epiphane Quenum dans l’émission Zone franche du dimanche 16 septembre est nulle, incohérente et scandaleuse. L’honorable Quenum par cette sortie malheureuse, a manqué à plusieurs niveaux au devoir de réserve qui sied à ses charges.

Bien plus, quel modèle éthique voulons-nous léguer à nos enfants quand des gens placés à de tels niveaux de responsabilité extravaguent de la sorte ? Passons un à un en revue les lieux où les déclarations de l’Honorable sont scandaleuses. D’abord, comme un juge qui ne doit jamais émettre un jugement sur une affaire en cours dans les juridictions, le député Quenum n’a pas le droit d’émettre un tel avis négatif sur un dossier en cours d’examen à l’Assemblée Nationale ; c’est déjà grave qu’il le fasse en tant que simple député, mais c’est gravissime lorsqu’il a oublié qu’il est le président d’une commission qui a à connaître du dossier ; c’est un parjure, c’est le cas de le dire. Ensuite, ce député est membre du groupe parlementaire de la Renaissance du Bénin ; bien plus il est le vice-président du Bureau politique de ce parti. C’est un truisme que de dire qu’à ces deux niveaux, il est tenu au devoir de réserve, sinon à la décence, en tout cas à la discipline de groupe ! En l’occurrence, Epiphane Quenum a fait montre d’une indiscipline caractérisée, de menées fractionnelles et d’activités anti-parti, et de ce fait devrait être ipso facto suspendu avant d’être exclu de la RB à son prochain congrès. Enfin, si quelqu’un doit être circonspect dans ses appréciations sur la LEPI, c’est bien l’ancien superviseur général de son Comité Politique de Supervision, à la longue viré parce que suspecté par ses pairs d’être stipendié par le pouvoir ! On le voit encore défendre bec et ongle la cartographie censitaire. On revoit l’homme à la tignasse d’or tonitruer sur l’excellence et l’irréprochabilité des trois phases de la LEPI, surtout  dis-je, la cartographie censitaire, phase cruciale s’il en fût. Enfin, on ne reconnaît plus ce héraut du «devoir de mémoire » : la défiance qui doit habiter la RB face à l’UN en gestation. Décidément, cet homme est une girouette ! C’en serait d’un ridicule cocasse si, comme beaucoup de gens actuellement en mal de publicité et de vedettariat facile, l’intéressé ne joue pas à la roulette russe avec la Nation. Pour comprendre un peu sa personnalité, ayons à l’esprit quelques fragments de son parcours politique à la RB. Lorsqu’en septembre 1994, l’Union Démocratique pour le Renouveau Social (UDRS) a décidé d’intégrer la Renaissance du Bénin après l’appel de Goho, les principaux membres de son Comité directeur furent intégrés au Bureau Exécutif National de ce parti. Il s’agissait de :

– son président Dénis AMOUSSOU-YEYE ;
– son premier vice-président Amédée Odunlami ;
– son deuxième vice-président Sévérin d’ALMEIDA ;
– son troisième vice-président Jacques BEHANZIN
– Son secrétaire général Epiphane QUENUM.

Les anciens dirigeants de l’UDRS que nous étions, formions alors un bloc uni. Nous nous serrions les coudes pour pouvoir tirer notre épingle du jeu : que l’un au moins d’entre nous, évidemment le président, soit sur la liste des candidats aux élections législatives de février 1995. Brouillard ! J’eus difficilement le lot de consolation d’être envoyé à la CENA de 1996, et cela parce que fortement protégé par l’ancien Ministre d’Etat, feu Désiré Vieyra. Un grand congrès, dit congrès de l’unité, devait se tenir en Août 1995 pour fusionner tous les nombreux partis qui étaient venus alors à « la rivière ». Pendant deux semaines, mon ami Epiphane Quenum (il l’est toujours) mit généreusement son complexe scolaire la Galaxy avec toute la logistique nécessaire, à la disposition du Comité préparatoire dont j’étais le vice-président et président de la commission de politique générale. Mais ce grand congrès fut saboté par des gens malins dont Candide Azannaï et Nathaniel Bah, décidés à conserver leur mainmise sur la RB originelle pour éviter toute concurrence incontrôlée. Le Waterloo politique de 1996 où nous avons tout fait pour perdre le pouvoir, s’enracinait dans ce magma informe qu’était devenue la RB d’après Goho gonflée par les ralliements de plusieurs partis, mais guère sensée de les organiser en un vaste ensemble dynamique, un grand parti moderne, une  machine politico-électorale puissante qui aurait broyé sans pitié la Convention Démocratique des Forces du Changement mise sur pied par Albert TEVOEDJRE !  Epiphane Quenum comprit très tôt qu’il faut s’acquoquiner avec ceux qui avaient alors le pouvoir de décision, c’est-à dire qui étaient l’oeil et les oreilles de la présidente-fondatrice. Il actionna à fond et jusqu’à l’aplatissement son alliance avec Candide Azannaï. Depuis lors, il bénéficiera toujours du coup de pouce du député ; il figurera sans discontinuer dans toutes les instances dirigeantes de la RB. Aussi ne s’étonna-t-on guère qu’il ait rejoint son mentor dans ses opérations de purge, et plus tard sa rébellion. Le duo, que dis-je, le trio infernal, fut d’abord dans les bonnes grâces de Maman, comme MAO qui lança ses gardes rouges contre les épigones du Parti Communiste chinois. Candide Azannaï devint pour la troisième fois député en 2003 (la dernière, sentait-il), et Epiphane Quenum, après un passage remarqué à la CENA de 2003, devint un honorable député à l’Assemblée Nationale la même année. Mais on est simplement écœuré que, assuré de figurer sur la liste des députés RB aux élections législatives suivantes, parce que bien sûr issu d’une grande famille de Ouidah bien cotée parmi « les familles parentes et alliées » de cette grande ville, mon ancien secrétaire général lâcha in petto Candide Azannaï et le groupe des « rebelles » ; ce qui fera dire à M. Cuthbert Tessi que «Madame la Présidente couve des œufs pourris » !  Ne demeure pas un œuf pourri, mon cher ami.

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