Parlant de « Dialogue » pour éviter la guerre et un nouvel embrasement du Mali, tout en réglant la situation de la région de Kidal aux mains du mouvement touareg MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), ce n’est point un conseil, ni un vœu pieu !
C’est plutôt une nécessité et une réalité incontournable… En effet, seul le Dialogue pourra régler durablement une question qu’on a pris soin d’occulter, depuis des décennies, depuis que la question touarègue a commencé par s’imposer aux autorités maliennes, et encore plus depuis des mois, depuis le début de l’Opération Serval qui a, de facto, mis la région de Kidal dans un statut particulier, sous protection de la France, en attendant un règlement. Evidemment, on ne peut continuer à mettre en sourdine, à reléguer aux calendes grecques, une question aussi grave que celle de l’autonomie de cette région, principale revendication du MNLA. Quand un problème se pose, avec autant de gravité, il vaut mieux lui trouver une solution durable, que de chercher à gagner du temps, avec des palliatifs ou des succédanés. D’où la nécessité du Dialogue…
Un Dialogue inévitable…
Quand deux parties ont un différend à régler, et que les deux ne se parlent pas, ne dialoguent plus, la situation ne peut que s’envenimer et ouvrir la voie aux incompréhensions et aux malentendus dommageables, de sorte que l’affrontement violent devient le seul moyen d’aboutir à une entente ; une sorte de capitulation pour l’une des deux parties, qui aurait été écrasée par la force guerrière de la première.
Mais à Kidal, pour le cas qui nous concerne ici, la situation est d’une grande complexité, surtout que nous sommes dans le domaine de la Géopolitique qui amplifie l’acuité de la question, ainsi décryptée.
Un problème, trois implications !
Un Etat souverain fait face à une volonté d’autonomie de la part d’une partie de sa population concentrée sur un territoire donné. D’abord, cela crée un problème d’intégrité du territoire, qui risque la partition, soit par la force, soit par négociation.
Ensuite, cette situation fragilise les fondations de la Nation, surtout si elle est déjà affaiblie comme c’est le cas du Mali, un pays en pleine reconstruction.
Enfin, la dernière implication tient du fait qu’une situation singulière perdure à Kidal, avec la présence française qui sert de tampon, pendant que le MNLA jouit d’une relative autonomie dans la gestion de la ville sous son contrôle.
Donc, au lieu de rester une simple question interne de l’Etat malien, le problème s’en trouve internationalisé avec la présence d’un troisième acteur qu’est la France, un partenaire stratégique à qui le Mali doit sa libération, un partenaire à ménager !
Devant, une telle complexité, il aurait fallu entamer le Dialogue beaucoup plus tôt, au lieu d’y être contraint par le fait des armes, maintenant que des élections se profilent à l’horizon malien.
Vers une Négociation forcée !
Pourquoi a-t-il fallu laisser le ver pourrir tout le fruit, au lieu de le sortir dès qu’il est entré dans celui-ci ? Et là, nous remontons plus loin que le début de l’Opération Serval, jusqu’aux sources du problème touareg, un vieux problème pour le Sahel, au-delà du seul Mali.
Toujours est-il, désormais, qu’aucune des parties n’a besoin que le problème perdure, sans trouver un règlement rapide, mais durable, efficace, mais équitable. Personne ne souhaite un règlement par la voie des armes, embrasant à nouveau la région, d’abord Kidal, puis une autre guerre malienne, qui peut déboucher sur une partition du pays, avec une solution à la Soudanaise.
C’est donc et seulement par le Dialogue que la question de Kidal pourra se régler. Et l’on peut se réjouir du fait que toutes les parties sont enfin d’accord sur ce principe, même si les forces armées maliennes « montrent un peu leurs pectoraux », afin de faire pencher favorablement de leur côté la Balance, lors d’éventuelles négociations, à suivre certainement après l’acte du Dialogue.
Or, dans une négociation, tout diplomate sait que les parties en sortent toujours frustrées et/ou déçues, selon le cas. L’une est frustrée de ne pas avoir obtenu tout ce qu’elle aurait souhaité. Tandis que l’autre est déçue d’avoir été obligée de faire quelques concessions, d’aller vers un compromis.
Un compromis n’est jamais la revendication première, c’est juste un arrangement au mieux, où chaque partie perd un peu, en lâchant quelque peu du lest, en « tranchant la poire en deux » !
Et nous avançons que c’est vers ce genre d’arrangement, « un Compromis », que l’on s’achemine quant à la question de Kidal. Le MNLA devra réviser ses exigences indépendantistes et peut-être « se contenter » d’une « Autonomie aménagée » sous couvert de la souveraineté de l’Etat malien, pour éviter de reproduire un « autre Soudan », français celui-ci, et une « partition qui ne règle pas la question. »
A condition que les autorités maliennes « reviennent à la raison » et comprennent qu’il ne servirait à rien de mettre le feu à la poudrière sur leur propre territoire, alors que la menace terroriste n’est que suspendue dans le temps, susceptible de se réveiller à tout moment, depuis le Niger, la Lybie, ou l’Algérie… Une fois que la force française serait appelée sur d’autres fronts !
Ce ne sera donc pas en continuant de voir le problème avec un monocle à courte vue, que les autorités maliennes auront enfin trouvé une solution à la question touarègue. Car, la violence et les attaques armées sont des solutions issues de ce genre de vision.
Il vaudrait mieux, pour la stabilité de toute la région, adopter une vision à long terme, sur une ou plusieurs décennies, en projetant l’impact de la question touarègue sur le développement socio-économique du Mali que les partenaires internationaux se sont engagés à soutenir, massivement, dans cette marche vers la Paix durable.
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