Cela commence à prendre l’allure d’une coutume politique au Bénin. Les titanesques alliances politiques fondées pour soutenir les pouvoirs en place, finissent toujours décomposées, à la veille de chaque fin de régime. Le cas Ubf a fait tâche d’huile, sous le Président Kérékou. Et l’alliance Fcbe, la plus grosse coalition politique soutenant Boni Yayi, n’est pas loin du scénario de 2004-2005.
Au Bénin, la fin d’un règne appelle toujours une nouvelle recomposition du paysage politique national. Et à 870 jours de la fin du règne du Président Boni Yayi, le mercato politique semble avoir ouvert ses portes. Les dés, à l’allure où vont les choses, semblent déjà lancés, et l’horizon 2016 commence de plus en plus à faire de l’ombre au Chef de l’Etat, qui a désormais de plus en plus de mal à contrôler sa majorité présidentielle.
L’horizon s’éclaircit donc, au fur et à mesure que l’on s’approche de 2016. Et mis à part le rendez-vous électoral de 2015 – les législatives – et le rendez-vous manqué des élections locales, communales et municipales, aucun enjeu ne suscite encore le mythe autour de l’actuel Chef d’Etat. Ainsi donc, mis à part les plus naïfs qui osent toujours espérer un troisième mandat pour Yayi en 2016, par le truchement d’une révision tactique de la Constitution, la plupart des soutiens de Boni Yayi ont 2016 en ligne de mire, et n’hésiteront pas à lâcher leur idole du moment, pour s’attacher les services du prochain cheval gagnant.
Toutes les agitations enregistrées ça et là, ces derniers moments, dans certaines circonscriptions électorales, notamment dans les communes comme Abomey-Calavi, Sô-Ava, Covè, Ouèssè, Zè, pour ne citer que celles-là, ne sont que des tactiques de repositionnement pour 2016. Ces guerres de Leadership sont beaucoup plus orientées vers l’objectif de se donner de la personnalité, du poids et de la valeur politique, aux yeux du potentiel candidat qui sera porté par le Peuple en 2016. D’où les guerres de fiefs, afin de prouver qu’on peut peser lourd dans la balance électorale, le moment venu.
Devant ce branle-bas général, c’est le mythe Yayi qui, de plus en plus, s’effrite, et le charisme politique de l’homme du 06 avril 2006, qui s’écroule. On assiste, d’ores et déjà, à des changements de discours. On peut citer, parmi d’autres, l’exemple de Zéphirin Kindjanhoundé, dont on connaissait l’allégeance indéfectible à Yayi. Mais, lors du dernier rassemblement de son parti à Zogbodomey, l’homme n’a pas hésité à formuler un sévère réquisitoire contre la gouvernance du régime en place. Aussi le lever de bouclier noté au Parlement, d’abord avec le rejet par la Commission des Lois du projet de révision de la Constitution. Une Commission composée dans sa majorité de députés de la majorité présidentielle. Et puis, la création toute récente d’un nouveau groupe parlementaire, dénommé «Cohésion Nationale et Paix», qui entend faire obstacle à certaines dérives du Pouvoir, alors que composé de députés sensés être proches de la majorité présidentielle. Autant de signes qui montrent que le Président Boni Yayi et sa majorité présidentielle sont arrivés à la croisée des chemins.