Nous avons reçu en début de soirée hier jeudi 30 octobre le communiqué 004-14/HAAC/PT/DC/SP-C signé du président de la Haac que nous publions ci-contre in extenso en fac simule.
Avant d’aller plus loin dans nos commentaires, il convient de faire deux observations de forme.
La première est liée à l’intitulé du texte signé par le seul président de la Haac. Il s’agit d’un simple communiqué qui ne se réfère à aucune réunion de l’instance de régulation des médias ni à une quelconque décision imposable et opposable aux acteurs des médias.
La deuxième observation a trait à la dernière phrase du communiqué qui parle de « prescriptions » sans aucune référence au texte de loi qui les fonderait.
Ce qui transparaît clairement dans le communiqué du nouveau président de la Haac qui décidément peine à sortir du giron de l’Exécutif, c’est la volonté d’imputer aux médias la crise actuelle autour l’actualisation et de la correction de la Lépi. Parce que, à en croire le communiqué, la publication par les médias « des contradictions et dissensions étalées au grand jour par les principaux acteurs » plonge davantage les populations dans le désespoir etla psychose. Autrement dit, les principaux acteurs peuvent faire en toute impunité des déclarations au cours des conférences publiques ou publier des communiqués officiels de conseil des ministres mais les médias sont tenus de ne pas en faire cas dans leur publication. Une position insoutenable au double plan déontologique et politique.
Mais qui donc menace la paix sociale ?
Que doit faire la presse écrite en particulier, lorsque le Président de la de la République dont on dit qu’il adore se voir à la télévision fait diffuser sur la chaîne de service public ses déclarations incendiaires sur le coût élevé des élections devant les populations analphabètes venues assister au lancement des travaux d’une route ? N’est-ce pas le Président de la République en personne qui a littéralement livré le Cos-Lépi à la vindicte populaire en envoyant une kyrielle de ministres et conseillers sur toutes les chaînes de télévision pour dédouaner le Gouvernement de sa responsabilité dans la crise actuelle ? N’est-ce pas cela qui a suscité la kyrielle de réactions des différentes obédiences du Cos-Lépi dont la presse sollicitée et parfois rétribuée par les services de communication officiels a largement fait échos ? Comment un journal comme le nôtre aurait-il pu ne pas relayer comme il l’a fait dans son édition d’hier les propos éloquents sur les origines de la crise prononcés par le député Fagnon de la mouvance présidentielle au cours d’une des conférences de presse de la semaine dernière.Selon le député Fagnon, « ce qui gênerait ceux qui s’acharnent sur le cos lepi et accusent à tort l’organe de supervision, c’est que tout se fait pour qu’aucun regroupement politique n’ait la mainmise sur l’actuelle Lépi ». Une déclaration qui corrobore les appréhensions d’une large frange des populations de ce pays qui doutent encore de l’existence même de la Lépi aujourd’hui soumise à correction. Il ressort de ce qui précède que la crise actuelle n’est ni imputable ni suscitée par la presse. Globalement, la presse a joué son rôle au point qu’il est aisé de constater qu’au cours de toute cette semaine de reportages de cette myriade de déclarations contradictoires des acteurs politiques, la presse a eu très peu de répit pour se livrer à des commentaires incendiaires de nature à envenimer la situation socio-politique au contraire !
De ce point de vue, le communiqué du président de la Haac ne fait qu’en rajouter à la confusion générale, à moins qu’il ne vise simplement qu’à intimider les acteurs des médias. Ce qui n’est pas moins grave. Si la Haac et son président ont un rôle à jouer, c’est simplement de rappeler aux acteurs des médias ce que disent la loi et le corpus de textes qui régissent la profession. Leur rôle n’est pas de dire ce que les médias doivent dire ou écrire. La Loi suffit amplement et elle est déjà suffisamment répressive. Les communiqués qui édictent des interdictions qui ne reposent sur aucun texte de loi ont très peu de chance d’être suivis d’effet. En ce siècle de l’information où les nouvelles circulent aussi vite qu’Ebola, toute velléité d’empêcher les acteurs des médias de jouer leur rôle d’informateur est vouée à l’échec. Et le président de la Haac qui a officié par le passé à l’Ortb devrait le savoir.
Lire le communiqué de la HAAC
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