Humeur du temps : Bénin, petit pays cherche « grand » Président

 « Peuple béninois recherche de toute urgence pour le 06 avril 2016 un bon président, intelligent, éloquent, qui ne se reconnaît d’aucune région du Bénin, n’est membre d’aucun parti politique, qui a toutes les qualités, surtout celles des Présidents Kérékou, Soglo et Yayi et ne tient d’eux aucun défaut.  Il doit être aussi immaculé que la Vierge Marie et doit détenir des formules magiques pour lutter contre le chômage, la pauvreté, les épidémies et disposer d’un carnet d’adresses aussi fourni que celui de la reine Elisabeth II d’Angleterre ». 

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 Voici une annonce digne de publication dans les grandes revues de monde et dans les médias audiovisuels de grande audience afin  que nul  sur cette terre ne soit ignorant de notre ambition, nous peuple béninois. Utopique, trop idéaliste, ce texte reflète pourtant bien et à maints égards les aspirations des Béninois. Trop perfectionnistes quand il s’agit de faire le choix de leur Président, le profil qu’ils recherchent n’existe peut être pas. Douze millions que nous sommes, personne n’est à priori recommandé pour le fauteuil que laissera bientôt Boni Yayi. Il suffit de prêter un peu l’oreille à toutes ces discussions dans les gargotes, les rues, autour de la bière  dans les fêtes mondaines, autour  des tables de belote, sur les stades, dans les églises et l’administration  publique pour  entendre l’écho retentissant d’un peuple qui cherche désespérément un sauveur, un démiurge  qui va faire gommer de leur mémoire, la douleur suscitée par les 10 ans de gouvernance    du Président Yayi. « On va choisir qui? Moi je ne trouve personne parmi ceux- là », ce refrain résonne partout, de Cotonou à Karimama, de Porga à  Porto- Novo….Le déni est total. Tu donnes un nom, on lui trouve assez de défauts qui plombent ses chances. Lehady Soglo ? Non, c’est l’enfant à papa et d’ailleurs à la tête de la Mairie de Cotonou, il n’a pu rien changer, incapable même de bien ramasser des ordures dans la ville. Golou ? Trop mou, personne ne le connaît. Djogbénou ? C’est un bon intellectuel  mais il ne connaît pas la politique. Victor Topanou ? Lui, il n’a qu’à chercher à être député d’abord. Houndeté ? Mais il est trop jeune pour briguer ce poste et en plus, il est arrogant, il insulte trop…Et Nago, le nouvel ennemi de Yayi ? Sa popularité n’est pas suffisante et il n’est pas charismatique.  Alors, et Koupaki ? N’en parlons pas. C’est un hypocrite. Il est comptable de la gestion de Yayi. Gbian ? Non, il est trop attaqué au Nord, il incarnerait mal l’unité nationale. Célestine Zanou ? Mais on ne peut pas choisir une femme pour nous diriger. ABT, il est trop froid lui. Et tous les autres, dont le Général Amoussou, ne manquent pas d’étiquettes…. Au finish, tout le monde est rejeté. Le Béninois n’a jamais trouvé son président parmi ceux qu’il connaît. Celui -là a toujours un dernier défaut, une insuffisance de trop qui l’empêche d’être président. C’est donc un super homme qu’il recherche, un oiseau rare, qui a des qualités exceptionnelles. Il ne peut donc pas être parmi ce ramassis d’hommes politiques que l’on voit par ici, que l’on salue tous les matins dans les rues de Cotonou. Le président ne saurait être celui-là. C’est pourquoi d’autres le recherchent à l’extérieur. Qu’il vienne de Washington, de Paris, des institutions internationales, c’est mieux que ces politiciens corrompus qui ne pensent qu’à leur ventre. Ceux -là n’ont pas la malchance de se faire connaître par les Béninois. Ils peuvent bien cacher leurs faiblesses, leurs défauts et ne faire vendre que d’hypothétiques qualités et valeurs. A beau mentir qui vient de loin. On peut donc comprendre pourquoi certains Béninois ont repris avec les navettes de Lomé pour y trouver à la Boad un homme parfait, le messie et le sauveur national.  D’autres  encore, guidés par le même souci de rechercher un président parfait, « grand » par sa valeur et ses qualités d’homme d’Etat se fient à l’irrationnel. Oui, le Fâ pourquoi pas. Surtout qu’il annonce le successeur de Yayi, grand de taille, de teint noir et d’un grand âge. Pourquoi ne pas lui croire. Le Fâ nous trouve un président grand. Pas si loin du rêve fou du Béninois lambda, celui de rechercher un président « grand » par ses valeurs et ses qualités d’homme d’Etat. A force de chercher le surhomme dénué d’imperfections, le Béninois finit par choisir le plus moins préparé  d’entre nous pour nous diriger. Surtout que le scénario de 2006 ne se reproduise ici. On nous traitera  alors de sots.

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