Dans les poubelles de nos projets

L’Etat a ses éléphants blancs. On les dénombre par centaine.  Au hit-parade de ces coquilles vides, on cite le siège du Parlement. « Le monument de la corruption ». Tel est le nom de baptême que lui a donné l’opinion publique. Cela dit, cessons de voir l’Etat tout seul dans notre viseur.

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 Nos communes, directement ou indirectement, par action ou par omission, ont une part de responsabilité. Elles ont, elles aussi, à leur compteur, un certain nombre de projets-bidons. Qui a dit que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ? Accusés, levez-vous !

Nous appelons à la barre la commune de Cotonou. Où en sommes-nous avec le projet de faire de la berge lagunaire un   joyau de plus dans la cité vitrine du Bénin ? La chose fut annoncée tambour battant.  De gros moyens furent mobilisés. La berge fut dégagée de tonnes d’immondices. Des occupants indésirables ont été priés d’aller voir ailleurs. Et le bon peuple s’était mis à rêver d’un bord de lagune aussi huppé que celui d’Abidjan par exemple.

Les jours sont passés. Mais les actions n’ont pas suivi. Les immondices ont repris leur prime destination. Les mal logés de toujours sont revenus sur leurs pas. Le rêve d’une berge lagunaire moderne s’est évanoui. Et cette histoire, commencée un matin dans le bruit assourdissant de gros engins qui détruisaient tout sur leur passage, se termina dans le silence vespéral d’une indifférence totale. Ce n’est pas grave. Nous n’avons besoin que d’être informés.

Nous appelons à la barre la commune d’Abomey-Calavi. Où en sommes-nous avec le projet d’installation d’une unité moderne de gestion et de recyclage des ordures ? Ce fut un projet canadien. Il visait à utiliser les technologies les plus avancées pour faire passer nos déchets d’ordures en de l’or qui dure. Qui ne rêverait pas à l’idée de se voir nanti d’une source de richesse aussi folle qu’inattendue ?

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Ce beau rêve fut arrosé de beaux de discours. Des études qui auraient été faites ont entretenu l’espoir. Le ballet des experts sur le site a confirmé les espérances. L’action des médias, relayant l’information sur cet Eldorado, a consolidé les certitudes. Un organisme, maître d’ouvrage, avait alors gagné une visibilité exceptionnelle dans cette affaire. Il s’agit du Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain. Mais les populations, à force de scruter l’horizon, mais sans suite, se sont demandé si l’on ne se moquait pas d’elles ou si elles n’étaient pas victimes d’un mirage. Ce n’est pas grave. Nous n’avons besoin que d’être informés.

Nous appelons à la barre la commune de Ouidah. Où en sommes-nous avec le projet de construire, à l’entrée de la Cité Kpassè, une place publique dénommée « La place Pape Benoit XVI » ? Ce fut une belle initiative des autorités communales. Il s’agissait de graver dans le marbre le souvenir du passage du Pape au Bénin, avec une rallonge spéciale sur Ouidah. Le Souverain pontife était alors venu prier sur la tombe de son ancien « Patron », le Cardinal Bernardin Gantin, enterré au séminaire Saint Gall. Pour délimiter l’espace retenu à cet effet, les autorités communales ont cru bon disposer des plaques indicatives sur le périmètre retenu. Mais la nature n’attend pas les hommes. Elle a étouffé depuis les plaques indicatives sous l’élan généreux, si ce n’est sous l’assaut sauvage des hautes herbes. Ouidah tiendra-t-il la promesse d’offrir une place au Pape Benoit XVI ? Seul l’écho répond à notre interrogation. Ce n’est pas grave. Nous n’avons besoin que d’être informés.

Nous appelons à la barre les communes de Sême-Podji et de Porto-Novo. Dix ans déjà que dure et que persiste, à leur nez et à leur barbe, une anomalie. Les deux communes constatent, en effet, mais sans la bonne réaction attendue d’elles, la « panne » – appelons-la ainsi – de la chaussée à double voie Cotonou-Porto-Novo. Partie fièrement de notre capitale économique, cette infrastructure s’arrête à Sêmê-Podji, devenue, malgré elle, le terminus d’une belle aventure. Cette infrastructure est en manque de 10 kilomètres pour atteindre Poto-Novo, la capitale, amputée d’un bras pour accueillir les visiteurs. Quelles démarches communes Sêmê-Podji et Porto-Novo ont-elles entreprises pour sensibiliser qui de droit à la prompte correction de cette anomalie ? A moins que les deux communes, adeptes du statu quo, ne sachent rien faire d’autre que de placer leurs intérêts à la banque du fait accompli. Ce n’est pas grave. Nous n’avons besoin que d’être informés

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