Sika Fakambi la traductrice qui honore le Bénin

Les nuages qui s’amoncellent dans le ciel ne font que masquer la constellation des milliards  d’étoiles qui y scintillent. Si nuage il y a, milliards d’étoiles il y a pour qui sait voir et espérer. Ainsi va la vie, la seule qui mérite nos paris renouvelés chaque jour car  caque vent dissipent les nuages, les étoiles quant à elles, scintilleront jusqu’à la fin des temps.

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Si chaque vie est une étoile visible, la plupart  est «invisible pour les yeux». Sika Fakambi est de celles qui scintillent  dans le ciel  du village planétaire, que les nuages  de morosité et de pessimisme,  de médiocrité et  de désenchantement qui s’amoncellent sur notre ciel, empêchent de voir. En dépit de ces grisailles, des talents éclosent dans le Bénin littéraire. Si une vraie place est dégagée à  ces étoiles, qu’elles sont de temps en temps poussées loin et données à voir, elles contribueront sans forcément faire de miracle, à dissiper bien des nuages et donneront à humer un air d’espérance autre que ce refrain de désespérance à longueur de temps claironné à la jeunesse comme horizon. Le Bénin n’est pas un petit pays.

Née en 1976 à Cotonou de père Béninois et de mère Française, Sika Fakambi a passé son enfance entre Ouidah et Cotonou, grandi entre deux cultures et différentes langues. Arrivée en France à 17 ans, elle a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto et Montréal. Elle vit aujourd’hui en France. Traductrice littéraire, elle compte à son actif * :

-Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes, traduit de l’anglais (Ghana), éditions Zulma, février 2014.

-Snapshots, Nouvelles voix du Caine Prize, Nouvelles traduites de l’anglais, (Zimbabwe, Afrique du Sud, Sierra Leone, Nigeria) éditions Zulma, octobre 2014.

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Amarjit a la whisky amer, Kirpal Singh, in Miniatures, Singapour, traduit de l’anglais (Singapour) , éditions Magellan & Cie, 2013.

Carnet Bartleby, Andrew Zawacki, traduit de l’anglais (Etats-Unis), éditions de l’Attente, 2012.

Georgia, Andrew Zawacki, traduit de l’anglais (Etats-Unis), éditions de l’Attente, 2009.

Pardon, Gail Jones, traduit de l’anglais (Australie), éditions du Mercure de France, 2008

Le romancier et poète Ghanéen Nii Ayikwei Parkes, né en 1974, partage sa vie entre Accra et Londres. Il a reçu le Prix  Mahogany du roman 2014 pour son  remarqué roman Notre quelque part. Sa traductrice Sika Fakambi a décroché le 18 juin 2014 le Prix Baudelaire de la Traduction décerné par la Société des Gens de Lettres de France.

De plus, et c’est l’évènement, Sika Fakambi, vient d’être auréolée du Prix Laure Bataille de la meilleure œuvre traduite 2014. Ce prix attribué pour moitié à l’auteur et pour moitié à la traductrice, lui sera remis le 18 novembre prochain au Centre National du Livre (CNL) à Paris.

Sika continue d’affûter les armes de son métier, celui de traductrice professionnelle. Son passage comme élève à l’ETL, cette École  de la Traduction Littéraire créée par le CNL à Paris pour former à « L’artisanat de la traduction littéraire » en est la preuve. Elle poursuit son chemin sans oublier d’où elle vient. Dans une interview publiée le  03 juillet 2014 dans ActuaLitté, les Univers du Livre, à la question:Quand avez-vous décidé de vous consacrer à la traduction ?  Elle répond :

« En fait, si je remonte dans ma mémoire, mes toutes premières traductions auront été les lettres que ma grand-mère paternelle, qui habitait avec nous à Ouidah et parlait la langue mina, me dictait parfois à l’intention de mon grand-père maternel français, qui résidait en région parisienne. De courtes missives pour donner des nouvelles de la famille. Ensuite, mes études en France et mes séjours à l’étranger m’ont assez naturellement orientée vers la littérature et la traduction, avec toujours en filigrane la question de cet « entre-deux ». Je crois que cette quête du troisième lieu m’a conduite à rechercher sans cesse un « ailleurs » où j’avais l’impression de me sentir pleinement moi et chez moi… et qui est devenu la traduction. »

Sika Fakambi a mille raisons de ne pas oublier d’où elle vient.

*source: CNL

Roman traduit de l’anglais (Ghana) par Sika Fakambi
PRIX MAHOGANY 2014
PRIX BAUDELAIRE DE LA TRADUCTION 2014 
PRIX LAURE BATAILLON DE LA TRADUCTION 2014 

C’est Yao Poku, vieux chasseur à l’ironie décapante et grand amateur de vin de palme, qui nous parle. Un jour récent, une jeune femme rien moins que discrète, de passage au village, aperçoit un magnifique oiseau à tête bleue et le poursuit jusque dans la case d’un certain Kofi Atta. Ce qu’elle y découvre entraîne l’arrivée tonitruante de la police criminelle d’Accra, et bientôt celle de Kayo Odamtten, jeune médecin légiste tout juste rentré d’Angleterre. Renouant avec ses racines, ce quelque part longtemps refoulé, Kayo se met peu à peu à l’écoute de Yao Poku et de ses légendes étrangement éclairantes…

Porté à merveille par une traduction qui mêle français classique et langue populaire d’Afrique de l’Ouest, ce roman époustouflant nous laisse pantelants, heureux de la traversée d’un monde si singulier.

Agnès Avognon Adjaho
Ancienne directrice de la Librairie Notre Dame
Cotonou

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