Il y a quelques moi, plus précisément le 22 septembre dernier, Ismaël Tidjani Serpos, ex-garde des sceaux et ancien député avait esquissé sur sa page facebook une réflexion prospective sur l’avenir du Bénin.
Il s’inquiète pour le Bénin dans 50 ans. Géniale réflexion qui eut le mérite de nous soustraire à la misère intellectuelle ambiante qui inhibe la réflexion et qui veut qu’on ne pense à un problème que lorsqu’il a fini de pourrir, de devenir préoccupant aux yeux de tous. Dans cette réflexion, le magistrat attire notre attention sur les dangers qui guettent notre pays dans le futur. Il constate qu’en une cinquantaine d’années, la population de notre pays a quintuplé. Extrait : « En conclusion, en une cinquantaine d’années, la population a été multipliée par cinq, et les problèmes qui se posent d’ores et déjà avec acuité ont trait à la pénurie de l’emploi pour les jeunes, l’inadéquation des lotissements dans les zones urbaines, l’insuffisance des habitats urbains, la réduction sensible des domaines agricoles, l’inadaptation des voies et moyens de circulation, la nette insuffisance de la production alimentaire nationale, etc…. Telle que se présente cette situation, qu’adviendra-t-il dans une cinquante d’années, donc vers 2065, où, si les tendances demeurent identiques, nous sommes sensés être environ autour d’une cinquantaine de millions d’habitants ». Mais 2065, c’est déjà trop loin. Arrêtons-nous à 2025. Juste dans dix ans ! Selon la tendance envisagée par Ismaël Serpos Tidjani, en 2025 on serait environ une vingtaine de millions de Béninois. C’est une année de rêve pour le Bénin. C’est l’année de la réalisation du scénario alafia qui dit : « Le Bénin est, en 2025 un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». Cette vision exprimée dans les Etudes prospectives à long terme Bénin 2025 peut-elle être encore atteinte actuellement ? Ce qui est évident c’est qu’aujourd’hui, très peu de gens en parlent. Même au gouvernement, on entend plus cette phrase fétiche qui inondait les discours du Chef de l’Etat au début de son premier quinquennat. Sûrement qu’on a compris qu’on est loin du compte. Comment peut-on atteindre tout cela si les dirigeants actuels n’y réfléchissent pas. Le Bénin veut être un pays à économie prospère et compétitive pourtant des fonctionnaires et travailleurs perdent parfois deux ou trois heures pour se déplacer de Porto- Novo à Cotonou. Les matins et les soirs, aux heures de grande pointe, on passe entre 2 à 3 heures en voiture pour rallier deux villes distantes d’à peine 30 kilomètres l’une de l’autre. Idem de l’autre côté de la ville sur le tronçon Calavi – Cotonou. Pendant ces cinq dernières années, beaucoup de Béninois ont acquis des véhicules pendant ce temps le nombre de routes n’a pas évolué. Les autorités pensent elles à cela ? Pensent-elles à la gestion des millions de jeunes étudiants que produira le système éducatif actuel ? Déjà que maintenant pour s’inscrire à l’université, certains parmi eux sont obligés de passer la nuit dans des rangs au campus ou dans les agences Ecobank. Dans dix ans, quel sera le taux de chômage si déjà aujourd’hui des milliers de jeunes viennent compétir pour des concours d’une dizaine de places ? En 2025, la gloutonnerie des maires en finira-t-elle par transformer toutes nos terres cultivables en parcelles loties pour l’habitation ? Aura-t-on assez d’écoles pour instruire nos enfants et d’enseignants pour bien les encadrer si en 2015 les collégiens du Ceg d’Agbangnizoun continuent de prendre des cours dans des apatams. Peut-on croire que notre système sanitaire irait mieux, que les grèves perlées vont laisser nos hôpitaux fonctionner à plein régime et qu’un jour les plus pauvres pourront se faire soigner sans crainte de se voir abandonner ou « d’être saisis » après les soins ? Peut-on rêver que des patients, comme à l’hôpital de zone de Mènontin, en pleine ville de Cotonou, ne seront pas abandonnés avec des cathéters dans le corps en attendant que leurs parents viennent payer leurs soins ? Aura-t-on assez d’habitats pour tout le monde ? En un mot, le Béninois de 2025 vivra-t-il mieux que celui de 2015. Les hommes politiques d’aujourd’hui en font-ils leur préoccupation ? Il me semble que non. Ils passent leurs temps et s’investissent dans le « tout politique ». L’art de la diversion du peuple. En 2025, si la tendance actuelle n’est pas inversée, le peuple Béninois peut devenir une véritable bombe sociale.
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