Célébration de la fête nationale : les non-dits du discours de Yayi

Le Chef de l’Etat adressait ce vendredi 31 juillet un de ses derniers discours au peuple béninois. Comme aux occasions précédentes, Boni Yayi s’est montré débordant d’activités et de d’initiatives et a osé même ressasser les mêmes défis. Seulement, il a occulté des chantiers  importants comme la recherche de la paix, de la stabilité et le maintien de la cohésion nationale. Là où justement sa gouvernance a le plus péché.

Bon nombre de Béninois attendaient ce vendredi 31 juillet de la part du Chef de l’Etat un vrai discours de « sortie » mais celui prononcé par ce dernier n’en est pas un. Alors qu’à quelques mois de la fin de son mandat, on s’attendait à un discours  dans lequel le président de la république fait le bilan et tire les grandes leçons, on a plutôt eu droit à autre chose. En habile communicateur friand de propagande, il annonce à nouveau des défis comme s’il était en début de mandat et  pouvait compter sur les années à venir pour les relever et pour ouvrir de nouveaux chantiers. Ici, on est en fin de mandat et Yayi n’en a pas donné l’air. Pour anesthésier l’opinion et la conscience collective, il ressasse les mêmes défis auxquels il s’est accroché vainement depuis 2006 sans grand succès. En tout cas, ce discours semble être du « déjà entendu » tant les défis et les chantiers nous semblent bien familiers.

Or, les vrais défis pour Yayi devraient être ailleurs. En neuf ans de pouvoir, il a trop surfé sur la fibre régionaliste au point de heurter des sensibilités. Son discours du 1er août 2012 qui semble privilégier les « siens » au détriment des autres béninois a profondément renforcé le clivage nord-sud et la partition du pays. Boni Yayi a aussi excellé dans l’embrigadement des libertés publiques. Les syndicalistes et les hommes politiques de l’opposition savent désormais que le Bénin n’est plus un pays où il est aisé d’organiser des marches de protestation. On a encore en mémoire, la répression de la marche du 27 décembre 2013 où les responsables syndicales ont été molestées violemment. Depuis 2006, le Bénin a pris le visage d’un pays policier avec les persécutions et les actes attentatoires à la vie et à la sécurité des citoyens. Plusieurs parmi eux ont été même contraints de fuir le pays et de se réfugier à l’extérieur.  Or dans le préambule de sa constitution, le peuple béninois a affirmé sa détermination de créer « un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis ». Pendant ses dix ans de pouvoir, le président Kérékou a travaillé pour conserver la cohésion nationale et la stabilité du pays. En dix ans, Boni Yayi a sacrifié cet héritage si précieux et s’apprête à laisser à son successeur un pays déchiré et où règnent la suspicion et la méfiance. Dans un tel pays, les chantiers et les infrastructures ne seront que des châteaux de sable si la paix et la cohésion ne sont pas au rendez-vous ?

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