Discours à Djougou : Yayi négocie mal le virage de 2016

Comme à Boko, à Banikoara et Womey -pendant les dernières élections législatives- Yayi reprend avec ses discours menaçants qui suscitent indignation et révolte.  Samedi dernier à Djougou, pris d’une  hystérie dont il a la faiblesse, Yayi s’en prend à tout le monde.

Députés, ministres, hommes politiques, populations, tous en ont eu pour leurs comptes. Un discours subversif, d’un rare fiel, preuve que Yayi négocie très mal le virage de 2016.

Un ton martial, un discours guerrier et subversif, truffé d’inexactitudes, incitant à la partition et au trouble du pays. Tel est en substance l’intervention du Chef de l’Etat samedi dernier à Djougou. Lors de son intervention, Yayi si friand des coq –à- l’âne, mélange plusieurs sujets à la fois. Bien que le mot «  paix » soit le plus utilisé, l’intervention de Yayi n’a rien de pacifique. Bien au contraire.

Extrait 1 : « Ne mettez pas sur mon dos ce que chacun fait et qui affaiblit la république. Dans les grandes démocraties, les responsabilités sont assumées. On n’impute pas au Chef ce que les autres font ». Boni Yayi réagissait ainsi aux nombreux commentaires et critiques de journalistes qui le prenaient pour le principal responsable du blocage de la procédure de levée d’immunité parlementaire du député Kassa. Les auteurs de ces commentaires qui donnent cette sorte de fièvre hectique au Chef de l’Etat se basent sur deux indices. La première est que la liste Fcbe pour les législatives passées a été conçue par le Chef de l’Etat lui-même. Ensuite, depuis l’avènement des Fcbe dans l’échiquier politique national en 2007, c’est la première fois que les députés de cette coalition politique font un vote contre les intérêts et le bon vouloir de leur leader charismatique Boni Yayi à qui ils ont toujours fait allégeance. Alors, on s’étonne que ce soit maintenant que Yayi est décidé à voir Kassa comparaître à tout prix alors que ses députés toujours dociles tentent de s’émanciper de la tutelle présidentielle. Curieux n’est- ce- pas ?

Extrait2 : «  Il faut respecter le président de la république qui est une institution. Autrement, on est mal élevé, mal éduqué en s’en prenant à sa personne. Nous allons régler cela. Je m’en occupe personnellement parce qu’il faut un Etat fort… ». Un Etat fort ? Les propos tenus ici par Boni Yayi ne sont pas loin de ceux des petits dictateurs d’Afrique centrale. Pour Boni Yayi, un Etat fort est celui dans lequel le président n’est pas critiqué. Il s’agit d’un glissage grave vers la dictature car actuellement beaucoup pensent et disent qu’il faut diminuer le pouvoir du Chef de l’Etat. La construction d’un Etat fort se trouve dans la consolidation du pouvoir de toutes les institutions du pays et non seulement celui du président de la république déjà très fort.

Extrait3 : « Lorsqu’on parle de scandales, de quels scandales parle-t-on ? Il faut qu’on finisse avec cette culture de haine, de jalousie, de rejet de l’autre, de méchanceté. Notre peuple aspire à la paix. On parle de Cen- Sad. On parle de Dangnivo. Mais de quoi il s’agit ? C’est moi qui ai demandé à l’Ige d’aller me faire le contrôle lorsque le Cic est tombé. Dangnivo, je dis c’est stupide. En ma qualité de chef suprême des armées, on vient me demander mon concours pour retrouver un compatriote disparu. Immédiatement j’ai fait appel au commandant militaire. Retrouvez- moi la personne. Le 4è jour, on me dit que ce monsieur est tué par un assassin qui était en prison, un Adja… Alors de quelle affaire Dangnivo parle-t-on ? Des irresponsables ! Icc services, de quoi je me mêle ? Nous sommes là et on a informé qu’ à la Banque centrale qu’il y a des clochards qui sont en train de ruiner la population. Cela fait 5 ans. La justice a mis le coude là- dessus sous la pression des hommes politiques ». Le discours tenu sur Dangnivo montre à suffisance le mépris du Chef de l’Etat pour l’âme de ce cadre. Pourvu que le discours n’en rajoute pas à la douleur de la famille.  Sur Icc services ; les choses ne se sont passées exactement comme le Chef de l’Etat le dit. Il est utile de rappeler ici que Guy Akplogan et ses compères ont été reçus en audience au moins une fois. Le mémorandum du ministre Zinzindohoué est éloquent sur la question. Alors  pourquoi Yayi parle comme s’il ne connaissait guère ces messieurs qu’il qualifie de « clochards » ? Tout se passe comme sous Boni Yayi, la faute est de se faire prendre quand on a commis une prévarication. En conclusion, le discours confus du Chef de l’Etat à Djougou samedi dernier montre son état d’âme actuel. A six mois de la fin de son mandat, il s’interroge sur sa vie après la Marina surtout avec ses nombreux scandales qui le hantent tels des fantômes. C’est ce qui l’amène à vouloir fuir ses responsabilités de président de la république.  Sous ses deux mandats, il est envahi par une peur bleue

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