France-Bénin : que cachent les visites répétées de Boni Yayi à Paris ?

En trois mois, le chef d’Etat béninois et son homologue français se sont vu trois fois, dont deux à Paris et une à Cotonou. Les raisons officielles de ces rencontres ne convainquent pas totalement.  

Le président Boni Yayi a effectué une visite officielle en France ce mardi 18 août 2015. Plutôt inattendue, elle fut de courte durée. Contrairement aux visites précédentes de Boni Yayi dans l’Hexagone, celle du mardi dernier est passée inaperçue. A Cotonou, le dernier séjour parisien du locataire de la Marina n’a pas été largement évoqué par la presse. On dirait une visite éclair et discrète du chef d’Etat béninois à son homologue français, François Hollande. Rfi nous apprend que l’entretien entre les deux hommes a duré en tout trente minutes. Un communiqué très laconique de l’Elysée précise le cadre de la visite. Le document évoque la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, qui sévit au Nigeria et les préparatifs de la prochaine conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tient à Paris en novembre.

En moins de trois mois, c’est la troisième fois que les deux chefs d’Etat se voient en rencontre officielle. En juin dernier, Boni Yayi s’était déjà rendu à Paris où il a discuté sécurité (Boko Haram) et climat avec son homologue français. Un mois plus tard, soit début juillet, François Hollande faisait une escale de 24 heures en terre béninoise, dans le cadre de sa dernière tournée africaine. Là encore, Boko Haram et la conférence de Paris ont, entre autres meublé les discussions entre les deux hommes. Et quarante-cinq jours plus tard, Boni Yayi retourne à Paris, officiellement pour les mêmes sujets. Il doit bien y avoir d’autres raisons que celles avancées dans le discours officiel.

Sur le plan du climat, Paris connaît déjà la position de Cotonou sur les enjeux qui seront au cœur des débats en novembre. Boni Yayi a déjà affirmé et réaffirmé son engagement et celui du Bénin à œuvrer aux côtés de la France pour la réussite de la Conférence de Paris.   Le gouvernement béninois a d’ailleurs adopté, il y a quelques semaines, son document cadre sur ce grand rendez-vous mondial. On s’imagine donc que concernant ce sujet, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Et même si c’était le cas, cela nécessite-t-il une visite officielle du chef de l’Etat à Paris ? Concernant la menace islamiste Boko Haram, le constat est quasiment le même. Le sujet a déjà été évoqué par les deux chefs d’Etat lors de leurs deux dernières rencontres. Encore que concernant la lutte anti-terroriste, le Bénin ne joue pas les premiers rôles. En dehors du premier concerné qu’est le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun sont les pays les plus actifs sur le terrain contre la secte islamiste.  Au vu de ce qui précède, difficilement peut-on accepter que Boni Yayi se rende en France pour encore parlé climat et sécurité. Que cache alors cette navette Paris-Cotonou du chef d’Etat béninois ? La suite de la médiation entamée par Hollande entre Yayi et son ennemi juré Patrice Talon ? Les tractations dans le cadre de la présidentielle béninoise de 2016 ? Des négociations pour le positionnement de personnalités béninoises au plan international ? En tout cas, les vraies raisons de la dernière visite éclair de Boni Yayi à Paris semblent être ailleurs.

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