Procuration au cours des élections : une exception légale qui fait la règle au Bénin

Devenu une tradition dans les élections à grands enjeux depuis 2007, le vote par procuration prend une place de choix dans l’installation des conseils municipaux et élections des maires, troisième mandature de la décentralisation. Prévu par le législateur, l’usage des procurations a pris une autre tournure au Bénin.

Selon le dictionnaire ‘’Petit Larousse’’, la procuration est un acte authentique ou pouvoir qu’un  individu A donne à un  individu B d’agir en son nom. De cette définition, l’on retient que la procuration est un acte volontaire et délibéré. L’on peut dire sans risque de se tromper que l’usage de procuration est perçu autrement et semble être une privation du droit de vote à une personne au cours de l’élection d’un acteur politique au Bénin. C’est du moins, le triste constat auquel on  assiste depuis un certain temps. Le cas qui a retenu l’attention de tout le peuple béninois, est lors de l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale, 7è législature, où le vote par procuration a battu  les records jamais enregistrés au Bénin. Une situation décriée en son temps par certains observateurs et analystes de la vie politique de notre pays. Et pourtant, lors de l’installation des conseils municipaux et municipaux, troisième mandature, qui a pris fin la semaine dernière à l’exception de quelques communes, l’usage des procurations s’est encore invité au vote. Même si cette disposition est prévue par la loi, c’est la conception qu’on en fait au Bénin qui est déplorable et sérieusement critiquée. Dans la commune d’Aplahoué, bien que l’Union fait la nation (Un) ait eu la majorité absolue pour designer à elle seule le maire, l’usage des procurations a dicté sa loi. A Bembèrèkè, lors de l’installation du conseil municipal, un conseiller élu a été interdit d’accès à la salle de réunion de la mairie sous prétexte qu’il a déjà signé une procuration à une tierce personne (par des contraintes de son parti politique). C’est le même cas à Ouidah, Bassila, Lalo, Djougou, Allada, Bohicon, Bonou, Copargo, Parakou, Grand-Popo, Materi, Savè Ouaké….pour ne citer que ces communes- là. Eu égard à cet état de choses, des questionnements viennent à l’esprit. Qu’est-ce qui explique une telle pratique? Ou bien comment comprendre l’usage abusif des procurations ?

La crise de confiance

Le manque de confiance entre leaders politiques et membres du parti, en est la principale raison. Ainsi, le président du parti impose sa loi aux autres membres du groupe de peur que ces derniers, après leur élection, s’opposent à sa volonté en vue de la désignation de tel ou tel responsable à un poste donné. Le leader du parti ayant financé à lui seul la campagne électorale, vise en retour par des calculs politiciens, rentrer en possession des fonds dépensés ou bien même d’en faire des bénéfices. Du coup,  les intérêts du chef de parti sont privilégiés. Cette situation traduit le manque de démocratie au sein des partis politiques au Bénin.

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