Débats autour des présidentiables: comment certains Béninois se trompent de combat

A moins de six mois du scrutin présidentiel de Février 2016, les langues se délient et les invectives et attaques de tous genres se multiplient. On entend les soutiens de certains candidats faire l’éloge de leur “cheval” alors que d’autres s’évertuent à démontrer pourquoi certains ne sont pas les bienvenus dans le starting-block.

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Hommes d’affaires ou hommes politiques: même combat

La dichotomie qui est faite entre les candidatures des hommes politiques et des hommes d’affaires constitue un clivage artificiel alimenté par certains compatriotes peu soucieux du respect de la constitution du 11 Décembre 1990. Selon des articles de presse, Monseigneur Archevêque de Cotonou serait aussi tombé dans ce piège, ce qui est regrettable. Ce qu’il faut constamment garder à l’esprit, c’est que ce sont les femmes et hommes d’affaires qui sont des contributeurs au budget national, surtout dans notre pays dont les ressources budgétaires proviennent essentiellement des recettes fiscales. Et dans le contexte qui est celui du Benin depuis l’avènement du régime de Mr Boni Yayi, quel gros contributeur comme les opérateurs économiques de la trempe de Sébastien Ajavon et de Patrice Talon sont fiers de la façon dont les finances publiques sont gérées. Un système peu orthodoxe de gestion des affaires de l’Etat est en cours dans notre pays avec en point d’orgue, une opacité totale sur le traitement salarial du Chef de l’Etat. Qui est-ce qui  peut avoir du plaisir à observer les frasques du système de gabegie mis en place depuis ces neuf dernières années, système caractérisé par des voyages intempestifs et injustifiés du Chef de l’Etat avec des délégations pléthoriques à qui on affecte parfois deux avions. Quels opérateurs économiques peuvent se tenir tranquille devant la rage déclenchée contre le secteur privé dont on a détruit des milliers d’emplois sur de simples humeurs d’un seul homme. Une telle gouvernance sur l’humeur faite souvent d’invectives et même d’injures à la limite sectaire, suscite dégoût, indignation et révolte. Inutile d’égrener les nombreux scandales non encore élucidés et autour desquels s’organise une comédie de la Présidence de la République au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Il est donc normal, toutes considérations subjectives et politiciennes mises à part y compris les complots imaginaires vite mis à nu par la justice béninoise et la justice française, de voir les opérateurs économiques se lancer dans la bataille présidentielle. Un Président qui a récemment déclaré, parlant de ses détracteurs, “les scandales dont ils parlent, c’est moi qui les ai mis à nu”. Quel Président sérieux et qui comprend la gestion des affaires de l’Etat peut faire une telle déclaration?

C’est dans un contexte comme celui-là, que des personnes qui ont côtoyé ou ont flute avec un système décadent de corruption généralisée se découvrent des vertus de donneur de leçons, en jetant de l’opprobre sur d’autres citoyens pressentis pour être candidats à la présidentielle. Une manœuvre politicienne.

Rompre définitivement avec le système Boni Yayi est le vrai combat qui vaille

Le vrai combat qui vaille la peine aujourd’hui, c’est bien de s’assurer du départ effectif et sans incident de Mr Boni Yayi. Je le dis, convaincu que ce Monsieur qui a plus de mille tours dans son sac, n’a pas encore dit son dernier mot, à quelques mois de la fin de son mandat. Qu’on ne se trompe pas de combat, le Benin n’est pas à l’abri des surprises désagréables. S’il est contraint comme c’est le cas aujourd’hui de partir du pouvoir  Mr Boni Yayi, ne manque pas de caresser le rêve d’avoir sa marionnette en place pour couvrir ses nombreux scandales et poursuivre sa prétendue vision, l’absence de vision étant aussi une vision. Les Béninois se rendront un énorme service à eux-mêmes en évitant de porter à la tête de l’État en Avril 2016 un homme ou une femme complice de la piteuse et calamiteuse gouvernance de Yayi. Il est temps de marquer une rupture radicale d’avec le système actuel de médiocrité, de corruption et de gabegie pour que notre pays retrouve sa dignité et sa vraie place dans le concert des Nations.  

Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur
L
ille, France.

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