Sans crier gare, le chef de l’Etat a annoncé mercredi dernier l’augmentation de la cagnotte du Fonds d’aide à la culture, promettant de passer son budget de trois à cinq milliards Fcfa. Loin d’être convaincante cette annonce apparaît comme une de ces promesses sans lendemain d’un président adepte du populisme en manque de bain d’ovation.
Décidément, Boni Yayi, le président béninois aura de bout en bout, demeuré ce président mû par l’ambition de détenir le record d’applaudimètre avec sa marque de fabrique, les promesses spectaculaires. Les acteurs culturels béninois devront à cet effet, se mobiliser pour lui offrir son bain d’ovation. Pour cause, le généreux président de la République du Bénin a annoncé qu’il renfloue les caisses du Fonds d’aide à la culture (Fac) avec une enveloppe supplémentaire de 2 milliards Fcfa. La cagnotte passe ainsi de trois milliards Fcfa à cinq milliards Fcfa. En soi, le geste témoignerait d’un désir de promouvoir le secteur culturel béninois. Et Boni Yayi apparaîtrait comme le président béninois qui aurait le plus baillé des fonds aux acteurs ayant en charge le développement de la culture béninoise. Faut-il, le rappeler, il y a à peine un an, il a porté de 1 à 3 milliards ce fonds encore appelé le « tri-milliard culturel ». Seulement pour l’heure, l’annonce de 2 milliards supplémentaires à moins de six mois de la fin de son mandat paraît plus fantaisiste que sérieuse. Les promesses électorales a-t-on appris des hommes politiques béninois, n’engagent que ceux qui y croient. Dirait-on mieux des promesses d’un chef d’Etat en fin de mandat qui doit rendre le tablier dans moins de six mois ? Quand on connaît l’homme, prolixe dans les promesses spectaculaires sans lendemain, la réponse est d’avance connue.
Pas de quoi chanter, danser
Certes les acteurs culturels sont par essence des animateurs. Pas au point de se faire prendre au jeu d’un président en perte de vitesse. Les femmes, les commerçantes désabusées en savent quelque chose et peuvent mieux soutenir qu’avec de telles annonces, il n’y a pas de quoi chanter, danser. Le contexte d’annonce de l’augmentation de la cagnotte est de nature à conforter l’hypothèse qu’il s’agit d’une de ces promesses faites sur un coup de tête qui se sont multipliées au sommet de l’Etat cette dernière décennie. C’est mercredi dernier, alors qu’il avait réuni les acteurs culturels pour échanger avec eux sur les enjeux de la construction du théâtre national que le chef de l’Etat a sorti ce « joker » digne d’un poisson de fin de mandat pouvant bluffer son auditoire et leur arracher des ovations nourries comme à son habitude. Même s’il aura le privilège de faire voter le prochain budget exercice de l’Etat 2015-2016, Boni Yayi passera le témoin à son successeur après le premier trimestre.
Le nouveau président élu, qui visiblement aura, plus que lui, une conception plus structurée de la gestion du trésor public, devra sans nul doute mettre un peu d’ordre. Résultat, les 5 milliards promis ne seront jamais déboursés. Qu’à cela ne tienne, Boni Yayi, si tant est qu’il tient à mettre davantage de ressources à disposition du fonds d’aide à la culture, devrait tout d’abord exiger des comptes sur la gestion qui est faite du tri-milliard culturel encore dans sa première année d’exécution puisqu’il n’a été accordé que pour l’année 2014-2015. Le fonds d’aide à la culture fait l’objet d’accablantes critiques mettant en cause sa gestion. Sur Facebook, une page « sauvons le milliard culturel » est créée et sert aux dénonciations d’acteurs culturels. Et le dit-on assez en fongbé « Nu non gnon nu mè cho bo é no kan fa kpon ». Les acteurs culturels doivent consulter l’oracle sur la promesse de Yayi