Encore une décision de la Cour constitutionnelle qui suscite polémique et indignation. Rendue le 27 août 2015, cette décision disculpe totalement Boni Yayi pour ses déclarations graves le 22 mars 2015 à Banikoara. Pour la Cour, Yayi n’a pas violé. Une bien mystérieuse décision de la Cour au regard de son propre argumentaire.
Elle ne finira jamais de nous inquiéter. La Cour constitutionnelle version « Holo » est toujours dans sa dynamique de début. Tantôt elle se montre rassurante, tantôt elle rend des décisions saugrenues qui surprennent toujours. C’est le cas de la décision rendue tout récemment sur les critères d’âge pour postuler au poste du président de la république. Cette fois-ci la Cour a choisi de faire un saut dans le vide. En effet, saisie de deux requêtes provenant de Isidore Dokpa et de Afiavi Attiklemè sur les déclarations graves de Yayi à Banikoara. Ce jour, Boni Yayi alors en campagne avait fait des déclarations graves affirmant que « ce sont traîtres vendus aux Fons, aux gens du sud. Ceux qui ont tenté de m’empoisonner et de me faire un coup d’état. Voter pour ceux- là, c’est voter pour ceux qui veulent ma mort et m’arracher le pouvoir ». Le discours avait été tenu hors micros comme la plupart des propos incendiaires du Chef de l’Etat. Des sources dignes de foi avaient rapporté ces propos. Votre journal en avait parlé. Mais lors de l’instruction du dossier, la Cour ne demande pas aux journaux qui ont publié les preuves de leur publication mais plutôt de dire si nous avons entendu ces propos sur une radio ou une télévision. Pour la Cour donc, seuls les éléments passés sur une radio ou une télévision peuvent faire objet de publication.
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C’était une manière pour la Cour de réduire le champ d’accusation du président et de maximiser les preuves de disculper Yayi. Et dans sa décision, la Cour semble fonder son raisonnement sur le fait qu’il n’y a pas de preuves de cette déclaration étant donné que ni les requérants, ni les directeurs de publication des organes n’ont apporté la preuve que les déclarations ont été vraiment tenues à Banikoara. Cette décision ressemble fort bien à un travail bâclé dans la mesure où la cour avait bien la possibilité d’investiguer parallèlement aux requérants et aux journalistes. Ceci témoigne de la légèreté de certaines décisions. La Cour décide en son article premier qu’il n’y a pas violation de la Constitution. Une décision bien surprenante. Pourtant, les membres savent bien l’adage qui dit « Dans le doute, abstiens- toi ». Pourquoi la Cour n’ose pas avoir le profil modeste en disant qu’elle est incompétente pour dire le droit. Elle rend une décision sans consistance juridique que les éléments de preuve pourront remettre en cause. Mais elle peut compter sur ses rétro pédalages pour corriger le tir. Drôle de Cour. .