Pour en finir avec le trop-plein de candidatures et l’élection des «indépendants» à la présidentielle

Bientôt 25 ans sans qu’une personnalité militant au sein d’un parti ait réussi àêtre élu Président de la République au Bénin. Pas plus qu’on n’est point à l’abri d’une dérive autocratique en cherchant à réserver exclusivement l’accès à la fonction présidentielle aux seuls soi-disant hommes politiques, porter le montant de la cautionà un niveau plus élevé que les 15 millions F CFA (3 fois ce qui était déjà exigé avant 2011) n’aura pas résolu et ne saurait régler efficacement cet autre aspect du phénomène décrié maladroitement et de longue date comme un problème de pléthore de candidatures.

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La preuve, sur ce plan, en est que, précisément en 2011, cela n’a point empêché qu’on soit au-dessus de la vingtaine de candidatures alors qu’on s’apprêterait à effleurer le double, voire le triple, en février 2016. A l’inverse, il est notable qu’en début de Renouveau démocratique en 1991, il n’y avait que 14 candidats, puis seulement 7 en 1996, sans augmenter la caution.

N’est ce donc une sérieuse indication que les variations du nombre de candidatures à la baisse ou à la hausse obéissent à d’autres considérations que le seul montant de la caution? Au-delà de cette démonstration par l’absurde qui vient d’être établie, un rapide réexamen de la position du problème s’impose. Ceci nous fera admettre qu’en recherchant effectivement la limitation des candidatures à la présidentielle, voire, en voulant une certaine prééminence de candidatures mieux encadrées par les partis, il faudrait avoir à l’esprit le type de régime politique auquel on se réfère. Nomination ou désignation par le Parlement du Président de la République, Chef de l’État, s’il n’est pas un Monarque reconnu par la Constitution (régime parlementaire) ou bien, élection au suffrage universel (régime présidentiel). Ici, le Président de la République est issu du suffrage universel direct ou indirect (Grands électeurs aux USA) et est, bien souvent, en plus de son titre de Chef d’État élu, le Chef du Gouvernement; qu’il choisisse, comme au Bénin, de créer un poste de Premier ministre qui n’est que le 1er des ministres, au plan protocolaire…

Puisque chez nous, le Président de la République doit être issu directement du suffrage universel, il est simpliste de croire que c’est en réservant cette fonction aux candidatures exclusivement issues des partis qu’on réglerait ce qui est décrié comme l’élection quasi systématique de candidats «indépendants des structures politiques» ; au détriment de ceux issus de nos chers partis-clubs électoraux, pourtant, tout aussi prolifiques que les candidatures à la présidentielle.

Si les principaux animateurs du système partisan _qu’on devrait retrouver au sein d’un Parlement digne du nom_ avaient résolument été soucieux de l’amélioration des performances de notre système partisan, ils n’en seraient pas à se répandre en jérémiades, mais présenteraient autrement et courageusement la question. Ils le feraient en ordonnant la réforme de notre système partisan autour d’une feuille de route explicitement articulée autour de quelques lois stratégiques ( financement public, accès équitable aux médias de service public, modes de scrutin aux législatives, conditions d’éligibilité, seuils de représentativité, etc) non épidermiques et garantes d’une meilleure qualité de la vie partisane.

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Ainsi, par exemple, proclamer, presque syndicalement dans le Code électoral adopté en 2013, que même les conseillers de villages et quartiers devraient être issus des partis ou élever en obstacle le montant de la caution n’a jamais été une technique efficace pour atteindre ce but.

Par contre, c’est en décidant d’un seuil minimum de signatures d’élus (par exemple 10% des élus communaux, même concentrés dans quelques zones du pays, etc) qu’on serait SÛR ET CERTAIN D’AVOIR AU MAXIMUM 10 CANDIDATURES. De même, on aurait bien un maximum de 5 candidatures si un tel seuil était à 20% de parrainages par des élus communaux. Issus par surcroît des partis, ceux-ci devraient être amenés à n’accorder, de préférence, leurs signatures qu’à des candidats, non pas «indépendants» ou inconnus de leurs partis, mais naturellement issus de leurs entrailles. De sorte qu’un sportif, un religieux, un commerçant, un producteur agricole ou industriel, un militaire _bref, tout citoyen béninois retraité ou démissionnaire d’un cadre professionnel autre que celui de la vie partisane_ puisse, sans anathèmes relatifs à la couleur de peau ou de pseudo couloirs professionnels décider légalement de servir son pays en se présentant à la compétition électorale de son choix…

Certes, sans que le nombre insensé (au regard des paramètres des sciences po.) des deux centaines de partis politiques _officiellement enregistrés par le Ministère de l’intérieur_ ne soit un sérieux problème au regard de leurs performances finales aux législatives et communales, on peut déplorer à bon droit la pléthore de candidatures à la présidentielle. En raison du bon sens, mais surtout, de l’influence déterminante du régime présidentiel instauré par la Constitution du 11 décembre 1990, on pourrait circonscrire le problème. Plus précisément, en dehors du déficit de militantisme et de sens éthique de nombreuses élites politiques, économiques ou sociales de chez nous, il serait adéquat de revisiter sans mesquinerie les règles particulières pour l’élection du Président de la République qui reprennent les dispositions de l’article 44 de cette constitution

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