Leurs longues carrières politiques ont été les plus contrastées de l’histoire du Bénin. Hormis les parenthèses de la présidentielle de 1996 ,2011 et des législatives de 2015, Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji ont été comme chien et chat.
Sur la lecture des évènements, la vision des choses et les options à prendre, les deux dinosaures politiques du sud du Bénin ont souvent été opposés. Comme le prouvent d’ailleurs leurs dernières sorties médiatiques.
En dehors du fait qu’ils sont tous nés dans le même hôpital à Aplahoué, Bruno Amoussou et Adrien Houngbédji pourraient avoir de préférence pour la couleur blanche. Jeudi 28 janvier pour Adrien Houngbédji et mardi 02 février pour Bruno Amoussou, tous deux sont apparus sur les plateaux des télévisions en habit blanc. Mais chacun avec sa télévision. Ortb pour le premier, Canal3 et Golf Tv pour le deuxième. Tous deux anciens élèves du Lycée Victor Ballot de Porto- Novo, l’agro-économiste de Djakotomey a toutefois un léger ascendant sur l’avocat d’Adjarra en expérience politique pour avoir été une des figures de proue de l’Union générale des élèves et étudiants du Dahomey(Ugeed) et de la Fédération des étudiants d’Afrique noire francophone(Feanf). Mais tous deux ont connu des déboires dans les années 70,80. La prison pour l’un (Amoussou) et l’exil et la condamnation à mort pour l’autre(Houngbédji). C’est lorsqu’ils sont devenus tous deux chefs de partis en 1990 à l’évènement de la démocratie que les ressentiments se sont renforcés. A chaque évènement politique, Amoussou a toujours pris le contre pied de Houngbédji. Seulement, tout s’est toujours passé de façon feutrée sans grand crash, les deux hommes politiques ayant toujours eu de la hauteur et de la condescendance l’un pour l’autre. Cette relation amicale, même si c’est dans l’apparence, a longtemps fonctionné et survécu au temps en dépit des fourberies cachées en dessous. Face aux réactions vives de Houngbédji et aux critiques et prises de position subtiles d’Amoussou, la grande amitié a résisté mais …
2011 et le début de la nouvelle guerre froide
L’élection présidentielle de 2011 a mis fin à la compétition présidentielle pour ces hommes tous frappés de forclusion constitutionnelle. On croyait alors à l’extinction de la rivalité entre les deux hommes mais erreur. Depuis, les vieilles querelles et les méfiances d’antan ont ressurgi. Dans l’entourage du président Houngbédji battu par un K.o inattendu, on soupçonne beaucoup des alliés de l’Union fait la nation (Un) de ne pas jouer franc jeu ou de ne pas mouiller assez le maillot pour lui. Bruno Amoussou comme beaucoup d’autres leaders de l’Un ont été ainsi accusés, à tort ou à raison, d’avoir travaillé pour l’échec du président du Prd. Le président Houngbédji n’a d’ailleurs pas caché cette impression un jour sur le plateau de Canal3. Pour marquer son mécontentement, le Prd a pris ses distances vis-à-vis de l’Un dont il était membre. On a noté la montée d’une tendance revancharde au sein du parti arc-en-ciel manifestée par des plus proches collaborateurs du président Houngbédji. Pour beaucoup, il n’y a plus aucune collaboration possible en perspective entre le Prd et ses anciens alliés de l’Un. Mieux, on susurre de les confiner dans l’opposition une fois que le parti réussirait à rentrer dans la mouvance. Il n’est pas donc exclu que ce genre de discours ait pu parvenir aux oreilles de Bruno Amoussou. Le président de l’Un s’est remis dans la posture d’un opposant à la politique de Houngbédji et un de ses opposants attitrés. En réponse à la création de l’alliance république le 12 janvier dernier composée des Fcbe, du Prd et de la Rb, quelques jours seulement après, on a vu Bruno Amoussou comme facilitateur d’une autre coalition de partis, de personnalités politiques et de candidats dont l’objectif est de faire échec à tout K.o et à toute victoire de Lionel Zinsou. Ce n’est donc pas un hasard de calendrier si Bruno Amoussou s’est retrouvé sur les plateaux de télévision quelques jours après la sortie de Houngbédji. Contrairement à ce dernier qui a parlé de K.o Bruno Amoussou a rectifié en démontrant que le K.o n’est pas possible et en disant que Lionel Zinsou, commerçant comme les autres, ne peut pas faire des merveilles parce que porté par un système qui va l’étouffer. Il invite les Béninois à faire le choix de la rupture contre celui de la continuité. Déjà le 26 Octobre 2014, il était venu sur canal3 pour contredire un peu Houngbédji qui était sur les lieux le 21 septembre. Il avait même lancé quelques pics à Houngbédji en disant que son parti avait connu une baisse de régime à Porto- Novo lors de la dernière présidentielle et s’était moqué des leaders politiques qui s’échinent à entretenir des fiefs régionaux sans penser à la création des grands blocs politiques. A distance et dans la discrétion, ces deux hommes politiques s’adonnent à une vraie guerre froide qui risque de durer tant que les deux vivront.
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