Bénin : l’exception Patrice Talon

Le verdict des urnes est clair. Les Béninois, dans leur immense majorité, ont porté leur suffrage sur Patrice Talon. Mais l’homme dit ne pas vouloir être un Président comme les autres.

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Aussi marquet-il sa différence, en opérant une cassure avec tous ceux qui l’ont précédé, en se mettant en situation particulière pour une gouvernance singulière. Est-ce-là ce qu’il convient d’appeler « L’exception Patrice Talon » ?

D’abord, l’homme n’entre pas en politique comme d’autres entrent en religion. Pour dire que ce n’est pas un expert de la politique qui se retrouve, ce 6 avril 2016, dans les liens de la plus haute fonction politique de son pays. C’est vrai que dans les coulisses, il a souvent eu à prendre une part notable et à jouer un rôle majeur dans les grandes manœuvres politiques. C’est de notoriété publique : un homme riche a les yeux rivés autant sur la Bourse que sur l’arène politique. Il garde un pied en politique. Les circonstances pousseront Patrice Talon à entrer en politique des deux pieds et des deux bras.

Quand l’homme déclare, la main sur le cœur, s’être préparé à la l’emploi et qu’il est prêt à en épouser toutes les exigences, il ne dit que sa vérité. Mais dit-il la vérité ? C’est maintenant qu’il commence à faire ses classes politiques. C’est aujourd’hui qu’il prend ses marques initiatiques sur les sentiers tortueux et complexes du bois sacré de la politique. Depuis les gradins du stade, il comprenait et voyait la politique d’une certaine manière. Aujourd’hui, sur le stade, dans les fonctions de coach, tout change. Il dispose, comme hier, des mêmes instruments de musique. Mais on lui demande de jouer de nouveaux rythmes pour de nouveaux pas de danse. Telle est la réalité. Telle est la vérité de la politique.

Lire Bénin : intégralité du discours de Patrice Talon à l’investiture

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Ensuite, Patrice Talon s’est engagé à ne faire qu’un seul mandat de cinq ans. Un tel engagement, en Afrique, est encore de l’ordre de l’exceptionnel. Sauf le bel exemple de l’immense Nelson Mandela, la tendance générale c’est de vendanger à loisir sur les terres du pouvoir. Comme si l’on était sur les périmètres privés d’une concession familiale. Evidemment, le temps est compté pour celui qui a choisi de se mettre dans les liens plutôt exigeants d’un mandat unique. Un mandat de   transition, en vérité. Comme pour signifier que « Je suis venu pour quelques ajustements, pour quelques réglages jugés nécessaires. Il faut remettre le pays sur les rails. Son devenir heureux en dépend ».  

Patrice Talon s’est ainsi mis en position de celui qui prépare le terrain, le travaille, l’enrichit. Il risque de ne pas être l’homme des semailles. Il est certain qu’il ne sera pas l’homme des moissons. Les réformes institutionnelles sont, pour lui, de l’ordre d’une priorité. C’est la qualité du lit qui garantira aux Béninois la qualité de leur sommeil.

Mais quid du social ? La question mérite d’être posée. Nous sommes dans un pays où les besoins primaires et quotidiens des populations relèvent tout à la fois d’une priorité et de l’urgence. La majorité des Béninois ne mange pas à sa faim. La vie, pour la plupart, a toutes les apparences de l’enfer. Les jeunes, sans horizon ni vision d’avenir, s’avachissent sous le soleil du désespoir. Dans ces conditions, la plus intelligente des réformes institutionnelles sera de peu d’effet sur les conditions immédiates de vie du plus grand nombre. Elle ne peut assurer aux plus déshérités les trois repas quotidiens. Elle ne peut garantir aux jeunes un travail qui les valorise à leurs propres yeux. Elle ne peut faire bénéficier à tous santé, sécurité, justice et paix.

Pour sûr, le gouvernement de Patrice Talon s’illustrera sur le champ du social. Mais prioritairement, le régime du « nouveau départ » veut restructurer le Bénin, en faire un pays moderne qui libère les rêves et les ambitions d’accomplissement de ses enfants. Se pose tout aussitôt un problème de méthodologie, de pédagogie et d’espérance partagée. Pour faire simple et court, la méthodologie, c’est l’énoncé clair de ce qu’on veut faire, en ses différentes étapes et phases. La pédagogie, c’est la démarche pour susciter l’adhésion la plus large à ce qui va se faire. L’espérance partagée privilégie les résultats. C’est le carburant de l’action pour aller plus haut, plus vite et plus loin. Le Bénin entre ainsi en Olympiades. Les Olympiades du développement, sous la houlette d’un homme : Patrice Talon

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