Bénin : Nos expressions d’hier et d’aujourd’hui

La vie suit son cours tel un fleuve tranquille. Les Béninois vont et viennent, leurs misères en bandoulière, leur croix sur le dos. Ils cheminent avec un certain nombre d’expressions. Elles reflètent leur dépit et leur ras-le-bol.

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Elles traduisent leur sens de l’humour, leur humeur du moment. Arrive la rupture. C’est sous l’éclairage de ce concept qu’il convient de revisiter, de relire et d’interroger certaines de nos expressions favorites.

Première expression : « L’Etat est une continuité ». Pour dire que les engagements pris par une précédente équipe dirigeante obligent l’autre, la suivante. Les hommes passent. Reste l’Etat.  La parole donnée doit être respectée. La signature de l’Etat se doit d’être honorée. Quoi qu’il en soit.

A l’ère de la rupture et sous l’éclairage de la rupture, l’expression mériterait d’être revue et corrigée : « L’Etat est une continuité, une rupture si nécessaire ». Pourquoi ? Un Etat ne peut s’enchaîner, ad vitam eternam, à un engagement précédemment pris et qui se révèle, chemin faisant, contraire à ses intérêts. C’est une question de responsabilité. Un gouvernement peut et doit faire abroger des décrets signés par un précédent gouvernement, s’il estime que tout cela est entouré de flou, s’il juge que tout cela exhale une odeur de magouille. C’est une question de justice. On serait de mauvais conseils si l’on devait demander à un Etat de chérir, en la continuant, la bêtise, de persévérer dans l’erreur, de perpétuer l’imposture.

Deuxième expression : « Une mission, des hommes et des moyens ». Beau trio que voilà. Un trio qui serait encore plus beau s’il se transformait, à l’ère de la rupture et au nom de la rupture, en un quarté gagnant. « Une mission, des hommes, des moyens et des résultats ». Nos résultats nous importent. Ils traduisent nos performances et nos contreperformances. Ils nous situent sur nos gains et sur nos pertes.

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Troisième expression : « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». A l’ère de la rupture et au nom de la rupture, il doit être plus juste de dire  » L’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut ». Le Président Patrice Talon ne fait pas, pour le moment, d’une priorité le genre et la parité. Il a ses raisons. Mais il n’est point un temps favorable ou particulier pour se préoccuper du genre. Il n’y a que l’urgente nécessité, pour une société moderne, de se construire et de se tenir sur ses deux pieds, l’homme et la femme. Nous ne sommes pas dans le délire de la mode. Nous sommes dans une vision d’avenir. Plus qu’une priorité, la femme est primordiale.

Quatrième expression :  » Si vous êtes prêts, je suis prêt » (Mathieu Kérékou). « Je m’y suis préparé. Je suis prêt ». (Patrice Talon). D’un côté, le chef, c’est-à-dire la tête. Il conditionne sa disponibilité à agir à l’état d’esprit et au degré d’engagement des populations. De l’autre côté, le chef se dit prêt, indiquant, par là même, que c’est la tête qui décide, que c’est le cerveau qui commande.

Deux visions de l’action. Deux visions du développement. La première : je suis votre berger, votre leader. J’ai mission de vous conduire vers les verts pâturages du bien être, du mieux être. Mais je ne serai pleinement dans mon rôle que si vous vous décidiez à me suivre. Hors de là, rien ne se passera. Nous ferons du sur place. Nous végéterons sur place. La deuxième : je suis votre berger, votre leader. J’ai mission de vous conduire vers le pays de vos rêves. Le salut étant individuel et personne n’ayant le pouvoir de changer l’autre, je vous dis, pour ma part, que je suis prêt. Que ceux qui sont prêts se mettent en ordre de marche. Qu’ils me suivent. Le mouvement se démontre en marchant. Réussir sa vie n’est pas de l’ordre d’une option facultative. C’est une obligation. C’est un devoir. La sagesse des nations le prescrit formellement : « Lève-toi et marche ! »  Avec ou sans le chef.

Cinquième expression : Question : « Comment vous portez-vous ? » Réponse : « Je me porte comme un Béninois ».  Avant la rupture, se porter comme un Béninois signifiait vivre dans la précarité ; se résigner à vivre sous la tutelle de la nécessité. Que doit signifier, à présent, à l’ère de la rupture et au nom de la rupture, la même expression ? Chacun à sa plume ou à son portable. Vos réponses nous obligeraient.

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