Gouvernance sous la rupture: Risques de l’inefficacité certaine de l’action publique

Depuis le 6 Avril 2016, le Bénin expérimente un nouveau style de gouvernance avec un leadership politique inspiré du secteur privé. Ce nouveau style de gouvernance incarné par le Président Patrice Talon, potentiellement porteur d’espoir, soulève quelques inquiétudes.

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Cet article n’a nullement pour objectif de se lancer dans la critique facile d’un régime dont la vocation est de rompre avec les pratiques nuisibles à la paix et à la cohésion sociale que le pays a connues pendant une décennie. Il devra plutôt être perçu et compris comme une contribution dans le sens d’améliorer l’action publique au profit des citoyens béninois qui ne sont guère à l’abri d’une nouvelle  désillusion.

Selon de nombreuses sources, la gestion actuelle par le gouvernement serait caractérisée par le recours systématique à des opérateurs du secteur privé pour remplir des missions dévolues aux structures de l’Etat fondées à les assumer. L’exemple le plus patent est le recensement des Agents de l’Etat engagé par le gouvernement depuis le mois de Décembre 2016. Si l’objectif d’un tel recensement est noble en ceci qu’il devra contribuer à une meilleure transparence dans la gestion du personnel de l’Etat, son modus operandi soulève des interrogations

De nombreux fonctionnaires admis à la retraite, septuagénaires et octogénaires ont souffert de l’inefficacité de cette opération et n’avaient eu qu’à gérer leur peine, n’ayant pas de recours. Les scènes vécues et montrées sur certains écrans de télévision avec des personnes grabataires portées au dos, dans une poussette  n’honorent pas notre pays encore moins son gouvernement dit de la rupture. Pis, des personnes âgées vivant à l’étranger ne se retrouvent guère dans le dispositif mis en place par ce recensement qui serait confié à un opérateur privé. Nombreux sont ceux d’entre eux qui attendent toujours leur pension du mois de Décembre 2016 parce que le système de message par SMS mis en place pour signaler leur présence de l’extérieur est défaillant.

On pouvait mieux faire

D’un régime dit de la rupture on devrait attendre mieux en terme de méthode et de résultat lorsqu’on s’imagine que les personnalités clés du régime proviennent du secteur privé, perçu comme le dépositaire des méthodes les plus efficaces que l’Etat peut emprunter pour réussir de temps à autre sa mission. Le gouvernement a intérêt à bien penser la mise en œuvre de ces genres d’opérations qui concernent un grand nombre de citoyens parfois vulnérables avant d’en confier l’opérationnalisation à des agences privées qui n’ont pas toujours à cœur de traiter les personnes concernées avec la dignité, la considération et le respect qui leur sont dus au soir de leur vie. Où se trouve la rupture et quel est le nouveau départ quand des pensionnés sont sevrés de leur pension ? Ceci sonne comme un avertissement au peuple car rater une telle opération qui devrait s’exécuter avec méthode et simplicité donne à douter du nouveau départ qui envoie déjà de nombreux signaux d’inefficacité. Pauvre Bénin !

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Sans oser la comparaison, il semblerait que le régime dit de la rupture fait moins que le régime précédent sur le front du service public. Si des fonctionnaires ou des institutions sont incapables de fonctionner à la satisfaction des populations, le gouvernement devra envisager de les réformer et d’en remplacer les responsables. Le recours systématique aux opérateurs privés laisse un arrière-goût amer dont les citoyens ne sauraient s’accommoder encore pendant longtemps.Il urge donc que le gouvernement évalue son action et la réajuste pour éviter que la rupture rime avec les concepts creux de ‘’ changement et de refondation’’ de bien triste mémoire

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