Lire l’interview du Directeur des affaires publiques de l’Ambassade des Etats-Unis près le Bénin à Cotonou, au lendemain de la célébration de la journée mondiale de la liberté de presseDans une interview qu’il nous a accordée dans la matinée du jeudi 4 mai 2017 à l’Ambassade des Etats-Unis près le Bénin à Cotonou, au lendemain de la célébration de la journée mondiale de la liberté de presse, le Directeur des affaires publiques dudit ambassade, Kanishka Gangopadhyay, a fait part de sa lecture de la situation de la liberté de presse au Bénin.
Liberté de presse. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
D’abord, j’aimerais vous remercier pour l’opportunité de présenter les avis des Etats-Unis par rapport à la liberté de la presse. Pour nous les Américains, la liberté de la presse est une grande valeur. Nous avons et allons soutenir la liberté de la presse, le quatrième pouvoir. C’est la manière dont le public peut être informé des affaires, des nouvelles. C’est un grand outil pour que la population soit au courant des événements, des décisions, des conflits, des débats. En général, sans la presse, je crois que la démocratie ne marche pas.
Quel regard portez-vous sur cette liberté au Bénin depuis juin 2016 que vous y êtes ?
On peut voir ça d’abord par rapport au monde entier. Il y a Reporters Sans frontières (Rsf) qui a présenté son rapport. Je suis heureux de voir que le Bénin est à la même position que l’année dernière, la 78ème au monde. Ce n’est pas mal. 78ème, c’est beaucoup mieux que d’autres pays Africains. Dans l’Afrique entière, vous êtes au milieu. Il faut dire que votre démocratie est toujours jeune, c’est bon.
Mais vous-même, quelle est votre appréciation de la situation dans le pays ?
J’ai vu ici que la presse fonctionne très bien en général. Vous avez la liberté de critiquer le gouvernement. La liberté de la presse est inscrite dans la constitution et dans le programme d’action gouvernemental. M. le président a dit qu’il faut soutenir la liberté de la presse, former les journalistes à être efficaces. J’ai vu sur le campus d’Abomey-Calavi hier –mercredi 3 mai ndlr-, une grande célébration de la liberté de la presse, avec le soutien de la population. C’est un signe que la population béninoise apprécie les besoins d’une presse libre, bien formée et bien informée. Mais il y a aussi des défis, surtout économiques qui existent ici. L’économie béninoise est dans un état un peu difficile après la chute de l’économie nigériane. Et comme toutes les autres entreprises, la presse soufre aussi. La presse n’est pas indépendante par rapport aux défis économiques. Si les peuples sont frappés par les difficultés d’argent, c’est aussi la presse qui est frappée. S’il quelqu’un doit choisir entre le pain et La Nouvelle Tribune, je suis certain qu’il va choisir le pain. Donc c’est une période difficile pour tout le monde, mais la presse continue et elle va continuer avec sa puissance ici au Bénin, d’informer le public. J’espère et je suis certain que les difficultés économiques vont passer, et que la presse sera toujours ici un investigateur pour informer le peuple.
Que dites-vous alors des événements de fermeture de stations radio et télé en fin d’année 2017 dans le pays ?
C’est une question assez difficile. Je crois que vous parlez des événements de soleil Fm, de Sikka tv. … La fermeture par la Haac (Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication ndlr).
Exact
Il y a toujours deux questions. Il y a des fermetures à cause des positions politiques mais il y a aussi les problèmes techniques. Donc la Haac fonctionne comme un organe qui pousse les organes à travailler dans les règles. Je ne peux pas prononcer une opinion sur les décisions de la Haac, sauf le fait qu’ils ont décidé qu’il y a des organes qui ne sont pas en accord avec les règles. Si les décisions étaient vraiment politiques, mes mots seraient un peu différents, mais je crois que la décision de la Haac est quelque chose technique. L’Ambassade américaine ne peu rien dire de spécifique à ce propos.
Est-ce que de manière particulière, l’Ambassade des Etats-Unis appuis la liberté de la presse au Bénin ?
Bien sûr. D’abord je vais dire qu’il y a toujours au Bénin un processus de formation de la presse. Nous avons plusieurs programmes pour soutenir les journalistes. Par exemple, nous avons envoyé cinq journalistes à Ouagadougou pour participer à des formations d’une grande organisation de journalistes, avec le soutien des Nations-Unies et des autres bureaux de l’Ambassade ici. Cette formation sur le journalisme d’investigation, le Bénin en manque beaucoup. Nous avons aussi envoyé beaucoup d’anciens journalistes aux Etats-Unis pour la formation. Mais il y a toujours des besoins de réseautage, de bonne formation. Il faut dire que ce n’est pas nécessaire d’aller aux Etats-Unis pour une formation grâce à l’Ambassade. Nous avons ici une bibliothèque et nous discutons toujours des questions assez importantes sur la liberté de la presse, des questions des limites de la presse : si des limites existent ou non. Nous avons des documents stratégiques, nous écrivons chaque année. Nous cherchons toujours les moyens de former les journalistes sur l’investigation, comment lire les chiffres, comment protéger des sources, etc. C’est un processus difficile parce qu’il y a des défis économiques ou d’autres besoins. Mais je crois que notre soutien pour la presse est fort et va continuer.
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