La pollution sonore au Bénin, un autre fléau environnemental

Mon amie Flore habite Vêdoko, l’un des quartiers de Cotonou. Depuis plusieurs mois (précisément onze), elle et ses enfants vivent au quotidien dans le tintamarre d’une église qui s’est implantée dans sa rue, sans aucun respect de la loi. Pour ses enfants, il est devenu quasiment impossible d’étudier dans la quiétude et de dormir au calme, vu que la particularité de cette église est le nombre effarant de ses veillées de prière, qui commencent souvent tôt dans la journée pour s’achever au petit matin. Et ce n’est pas tout. Très tôt le matin, le moulin du quartier prend le relais toute la journée sans aucun égard aux heures de pause requises par la loi.

Georges, lui, vit dans un quartier très chic de Cotonou, les villas CEN SAD Aéroport, presque derrière le centre commercial Erevan ; un endroit calme et serein. Et pourtant, tous les week-ends il se sent obligé de s’enfermer dans sa chambre ou de carrément quitter sa belle maison, parce que le « Dream Beach », un grand espace de loisir, organise souvent des concerts ou autres évènements culturels qui ont pour spécialité de faire grand bruit sans aucun souci du voisinage.

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Vous l’auriez compris, le point commun entre Flore et Georges est la pollution sonore dans laquelle, il faut le reconnaître, vivent la plupart des Béninois.

Qui au Bénin n’habite pas à côté d’une buvette, scierie, garage auto/moto, bar,  église, atelier de soudure, de meunier, mosquée, chantier, etc. ? Nous sommes nombreux, quelque soit notre quartier de résidence, à vivre au quotidien dans le vacarme. Au grand dame de l’article 27, un de mes préférés de notre Constitution, qui dit ceci : « Toute personne a droit à un environnement sain, satisfaisant et durable, et a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement ».

Le Bénin comme la plupart des pays Africains est marqué par un niveau de pollution sonore très important, qui en rajoute au stress quotidien et qui affecte de facto la productivité des citoyens. A Cotonou et dans la plupart de nos agglomérations du Bénin, il est presque inhabituel d’avoir une nuit calme et paisible à cause de ce fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Presque tous les jours, nous subissons dans nos quartiers le tapage nocturne et des bruits accablants de mégaphones pour diverses cérémonies qui n’en finissent jamais, etc. Avouons-le, la nuisance sonore au Bénin est devenue un problème de santé publique. Et pourtant, au Bénin il existe des dispositions légales qui règlementent la nuisance sonore. Est ce que les citoyens le savent pour se l’approprier ? Nos forces de sécurité publique disposent-elles des outils nécessaires à leur mise en application ?

Un autre de mes amis en a récemment fait les frais quand il a été obligé de porter plainte contre la buvette qui avait pour spécialité de jouer de la musique assourdissante tous les soirs, et ce, 7 jours sur 7. Quand il a voulu le faire, ses voisins étaient les premiers à le lui déconseiller de peur de représailles. Car le propriétaire de la dite buvette serait l’ami d’une personnalité influente de notre pays.

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Nous devons tous être conscients de ce que le bruit a un effet négatif sur notre système nerveux. Trop de bruit empêche le repos et les réflexions. Je comprends d’ailleurs pourquoi on croise souvent dans nos administrations des agents exténués, cernés, agacés et de mauvaise humeur. Face à ce phénomène de pollution sonore, je me suis rendue à la Brigade de la Lutte contre la Pollution du Littoral (BPLP) à Akpakpa, et ai été surprise par le manque de moyens criant de cette brigade malgré toute sa bonne volonté. J’ai tout de même remarqué dans l’enceinte de cette brigade, un bon nombre d’instruments de sonorisation saisis. Et pour ceux qui ne le savent pas, le littoral dispose depuis quelques années de cette  brigade, qui malgré ses maigres moyens techniques, s’efforce à intervenir dans nos quartiers. Il est donc évident qu’une certaine patience est nécessaire pour bénéficier leur intervention.

Au delà de 50 décibels, tout citoyen a le droit de porter plainte. Porter plainte c’est bien, mais il est temps que la police ait les moyens de gérer les plaintes. Il est aussi temps que les citoyens contrevenants soient réprimandés, pour un début de changement de comportement. D’ailleurs, le décret N°2001-294 du 08 Août 2001, portant réglementation du bruit en République du Bénin, nous y incite.

Il est temps qu’au Bénin nous puissions sensibiliser davantage nos populations sur les méfaits du bruit et sur le droit à la quiétude dans le voisinage.

Tous ensemble pour l’amélioration des services au Bénin.

L’auteur est Consultant/formateur en Qualité de service et Directrice de Publication de www.theservicemag.com
sidossou@theservicemag.com

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