Le dialogue politique convoqué par le président de la République du Bénin et qui s’ouvre jeudi prochain suscite des polémiques quant au format. Alors qu’il effectuait une sortie médiatique pour des clarifications, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement apporte de l’eau au moulin de ceux qui critiquaient ledit format.
Mauvaise sortie médiatique hier, pour le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement. Cherchant à justifier les choix du gouvernement au sujet de ce qui est appelé « dialogue politique », Alain Oroula a plutôt exposé au grand jour une duplicité de langage.
Le porte-parole du gouvernement clarifie que le dialogue politique en question n’est pas une conférence nationale ni une assise nationale et que ce n’est pas le même contexte que 1990. S’il est vrai que ce n’est pas le même contexte, il est évident que le dénominateur commun, c’est une crise. C’est d’ailleurs parce que le pouvoir reconnaît qu’il y a crise qu’il convoque un dialogue. De plus, la conférence nationale n’est qu’une dénomination donnée à cette rencontre de 1990 qui était un dialogue politique pour discuter et régler un problème, une crise.
La politique et le peuple
Justement, c’est parce que c’était un dialogue politique que toute la Nation y était représentée. Mais curieusement, sous la rupture, le ministre de la communication tout en avouant que leur initiative, «c’est pour discuter des questions politiques», défend que « c’est l’affaire des acteurs politiques». Pourtant la politique est ce qui a trait au gouvernement de la cité, à l’exercice du pouvoir dans un Etat, à la participation qu’y prennent les citoyens, les organes institués et les partis, si l’on se réfère au vocabulaire juridique (Gérard Cornu).
Ce qui est politique ne peut pas exclure une partie de ces composantes. Il est clair que c’est une approche ‘’rupturienne’’ d’exclusion qu’est venu ‘’lire’’ Me Alain Orounla pour tenter de justifier pourquoi ledit « dialogue politique de la rupture » est réservé aux partis seuls. Encore que, c’est une frange des partis qui est invitée. Le ministre de la communication a voulu simplement opposer le caractère partisan à celui politique de ce dialogue.
Encore sur le dos du peuple
L’un des motifs annoncé de ce ‘’dialogue’’ renforce l’idée de ce que les autres composantes de la Nation au-delà des neuf partis invités ne peuvent pas être exclues. On parle de la relecture du code électoral. C’est une affaire du peuple. Les partis politiques autorisés par le ministère de l’intérieur et invités par le chef de l’Etat ne peuvent pas, sous prétexte qu’il est question d’affaire politique comme le dit le ministre Orounla, parler seuls au nom du peuple, le constituant principal. Au Bénin, c’est un gouvernement de Nation et de non de partis.
Si tant est que c’est un dialogue politique pour discuter de ce code dont l’application a généré une crise, tous les partis, les organes constitués et le peuple doivent être de la partie, après l’échec du parlement en mars dernier sur la question. A moins que cette rencontre soit une étape d’un agenda caché du pouvoir. A la différence de crier «Après nous, c’est nous», on chante en sourdine «c’est nous, c’est nous». Sinon que ce scénario ressemble bien à celui de mars dernier.
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