Selon le Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la fonction publique internationale, au moins 28 membres du personnel des Nations Unies –23 Casques bleus et 5 civils- ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions en 2019, au cours d’attaques délibérées. Cela porte à 423, au moins, le nombre de membres du personnel de l’ONU et personnel associé qui ont été tués au cours des 10 dernières années lors d’attaques délibérées par des engins explosifs improvisés, des tirs de roquettes et d’artillerie, des balles de mortier, des mines terrestres, des grenades, des attentats-suicides, des assassinats ciblés et des embuscades armées.
Pour la sixième année consécutive, la majorité des attaques en 2019 ont eu lieu au Mali. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a subi le plus de pertes en vies humaines avec 22 de ses Casques bleus tués, dont 11 lors d’un seul incident à Aguelhok, le pire événement de l’année. En 2018, 11 soldats de la paix de la MINUSMA avaient été tués lors d’attaques délibérées.
La Présidente du Syndicat du personnel des Nations Unies, Mme Patricia Nemeth, a déclaré: « Encore une fois, nos collègues ont été trop nombreux à faire le sacrifice ultime sous le drapeau des Nations Unies. Ils l’ont fait dans le but de pourvoir aux besoins des plus vulnérables ainsi que pour les libertés les plus élémentaires dont nous jouissons tous: la vie, la liberté, la paix, la sécurité et la justice. Nos pensées vont en particulier à nos collègues du Mali, qui ont subi le plus de pertes en vies humaines. »
« Nous devons faire davantage pour protéger les collègues qui continuent de servir et de risquer leur vie, au quotidien dans certains des lieux les plus dangereux au monde », a ajouté Mme Nemeth. « Par conséquent, nous appelons l’ONU et les États Membres à renforcer les mesures de sécurité pour protéger la vie de nos collègues tout en augmentant les ressources de notre personnel civil, militaire et de police qui est aux premières lignes. Ces collègues et leurs familles restent dans nos cœurs. Leur attachement aux idéaux de cette Organisation ne sera pas oublié alors qu’ils reposent dans des terres sacrées et bénies au nom de leur dévouement à l’humanité partout dans le monde. »
Les chiffres
En 2019, les pertes en hommes de contingent se sont réparties de la façon suivante: le Bénin (1), le Tchad (12), le Cameroun (1); la Guinée (3); la Sri Lanka (2), l’Égypte (2), l’Éthiopie (1), la Libye (1), les Fidji (1), la Jamaïque (1), le Nigéria (1), le Togo (1) et les États-Unis (1). Les attaques qui ont causé ces morts ont eu lieu à Abyei, la zone à cheval entre le Soudan et le Soudan du Sud, ainsi qu’en République démocratique du Congo, au Mali, en Libye et en Afghanistan.
En 2018, au moins 34 membres du personnel des Nations Unies et associés ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions lors d’attaques malveillantes. Les chiffres des années précédentes sont les suivants: 2017 (71 tués); 2016 (32 morts); 2015 (51 tués); 2014 (61 tués); 2013 (58 tués); 2012 (37 tués); 2011 (35 tués); et 2010 (15 tués).
Attaques meurtrières délibérées
Vous trouverez ci-dessous la liste des attaques meurtrières délibérées de 2019, établie par le Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la fonction publique internationale. Cette liste n’est pas exhaustive. Le 20 janvier, lors d’une attaque contre le camp de la MINUSMA à Aguelhok, commune rurale située dans la région de Kidal au Mali, 11 Casques bleus tchadiens ont trouvé la mort et au moins 25 autres ont été blessés. Les soldats de la paix tués sur place étaient Hery Ali Koura Mahamat, Siboro Tidjani Abdoulaye, Mougadam Youssouf Ahmat, Delsia Dackmaissou Yohouna, Djibrine Ali Ahmat, Hamid Oumar Djouma, Hellou Abdallah Abdramane, Souleymane Ousmane Hassaballah, Ahmat Hamdane Bahr et Mahmat Hassane Hamid. Le onzième, Moumine Adoum Adoum, est décédé le 4 février des suites de ses blessures.
Le 25 janvier, une attaque aux engins explosifs improvisés contre un convoi de la MINUSMA, près de Douentza, dans la région de Mopti, au Mali, a entraîné la mort de deux Casques bleus sri-lankais : Hamangoda Wasantha Dinesh Jayawickrama et Sakralage Samantha Wijekumara. Plusieurs autres ont été blessés. Le 22 février, trois Casques bleus guinéens de la MINUSMA -Michel Théa, Yves Haba et Ismaël Bangoura- ont été tués par des hommes armés non identifiés dans la région de Siby, à 44 kilomètres au sud-est de la capitale, Bamako. D’autres soldats de la paix ont été blessés.
Le 3 avril, Koffo Semegnon Agbodjalou, du Bénin, qui était agent de maintien de la paix de la police de la MINUSMA, a succombé à la suite d’un arrêt cardiaque lors d’une attaque sur sa base de Kidal. Le 19 avril, le docteur Valery Mouzoko Kiboung, du Cameroun, épidémiologiste déployé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en réponse à l’apparition de la maladie mortelle à virus Ebola, tué par balle dans une attaque contre un centre de traitement d’Ebola à Mutembo, en République démocratique République du Congo.
Le 20 avril, Sabry Mohamed Ahmed Hussein, de l’Égypte, également de la MINUSMA, a été tué tandis que quatre autres ont été blessés lors d’une attaque à engin explosif improvisé contre un convoi de la MINUSMA qui circulait entre Douentza et Boni, dans la région de Mopti. L’un des blessés, Elbadry Yasser Badr de l’Égypte, a succombé à ses blessures le 2 mai. Le 19 mai, Moshood Lasisi, du Nigéria, lui aussi déployé au sein de la MINUSMA, a succombé à ses blessures à la suite d’une attaque armée à Tombouctou la veille, au cours de laquelle deux hommes armés dans une camionnette ont tenté d’intercepter un véhicule de la MINUSMA transportant deux Casques bleus nigérians.
Le 16 juillet, Gudina Yadeta Gindaba, de l’Éthiopie, qui était membre de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a perdu la vie lorsque des assaillants inconnus ont attaqué des soldats de la paix au marché d’Amiet. Un autre Casque bleu a été grièvement blessé lors de cette attaque et cinq civils sont également décédés.Le 10 août, trois membres du personnel civil de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) -Hussein Elhader, de Libye; Clive Peck, de Jamaïque; et Seniloli Tabuatausole, des Fidji- ont trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée contre un convoi de la MANUL à l’extérieur d’un centre commercial de Benghazi alors sous le contrôle de la soi-disant armée nationale libyenne. Les trois faisaient partie du personnel de la sécurité des Nations Unies en Libye. Trois autres membres du personnel ont été blessés lors de l’attaque.
Le 6 octobre, Hissene Tergouno Bedallah, du Tchad, un soldat de la paix de la MINUSMA, a été tué tandis que quatre autres ont été grièvement blessés lorsque leur convoi a touché un engin explosif improvisé à Aguelhok, dans la région de Kidal située dans le nord du Mali. Toujours le 6 octobre, S. Kossi Agounwadhe, du Togo, un soldat de la paix de la MINUSMA, a été tué par des assaillants non identifiés qui ont attaqué une base d’opérations temporaires de la MINUSMA à Bandiagara, dans la région de Mopti. Le 24 novembre, Anil Raj, des États-Unis, qui travaillait pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a trouvé la mort tandis que deux autres personnes ont été blessées lorsque leur véhicule a été touché par une grenade à Kaboul, en Afghanistan.
Plusieurs autres membres du personnel ont été blessés au cours de l’année 2019. Entre autres incidents, deux membres du personnel des Nations Unies et un entrepreneur ont été blessés le 1er janvier lorsque l’enceinte des Nations Unies à Mogadiscio a été visée par sept tirs de mortiers – une attaque revendiquée par le groupe militant des Chabbab. Le 24 janvier, un soldat de la paix du Burkina Faso a été blessé dans une attaque aux engins explosifs improvisés contre un convoi de la MINUSMA près de Douentza, dans la région de Mopti, au Mali. Le 19 mai, trois soldats de la paix tchadiens de la MINUSMA ont été blessés lorsque leur véhicule blindé a heurté un engin explosif improvisé à Tessalit, dans la région de Kidal, au Mali.
Mesures affectant l’indépendance de la fonction publique internationale
L’année a également été marquée par des mesures agressives contre l’indépendance de la fonction publique internationale. Le 1er janvier, le Gouvernement somalien a déclaré que le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, Nicholas Haysom, qui est aussi Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie, était persona non grata.
Dans une déclaration du 4 janvier (SG/SM/19424), le Secrétaire général a déclaré que « la doctrine de la persona non grata ne s’applique ni au personnel des Nations Unies ni à son égard. Comme décrit dans la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques, la doctrine s’applique aux agents diplomatiques accrédités par un État auprès d’un autre dans le cadre de leurs relations bilatérales. L’Organisation des Nations Unies n’est pas un État et son personnel n’est pas accrédité auprès des États où il est déployé mais travaille sous la seule responsabilité du Secrétaire général ».
Le 8 janvier, le Secrétaire général a « fermement rejeté » la décision du Gouvernement guatémaltèque de mettre fin unilatéralement à la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), un organisme indépendant créé par les Nations Unies et le Guatemala pour enquêter sur les groupes de sécurité illégaux et la corruption de haut niveau dans le pays.
Pour plus d’informations, veuillez contacter par e-mail Christian Clark: clark1@un.org; ou Vikram Sura: sura@un.org, du Comité permanent sur la sécurité et l’indépendance de la fonction publique internationale.
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